S. Nasrallah : un projet de division se trame contre la région
vendredi 16 mars 2012 - 08h:47
Chirine Zbib - Al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a mis en garde contre un projet qui vise à semer les scission et le chaos dans la région estimant que ce qui se trame pour la Syrie en fait partie.
"Nous nous dirigeons vers davantage de trouble, de tension, d’incitation, et toute précipitation pourrait nous coûter cher au Liban, dans le monde arabe et le monde islamique alors que l’occasion se présente plus que jamais devant nos peuples et notre nation pour restituer nos droits, notre souveraineté, sur nos terres, notre pétrole, nos eaux et pour restituer la Palestine, et Jérusalme AlQuds" a-t-il affirmé lors d’une cérémonie organisée par l’association « Nour » (Lumière) pour éradiquer l’analphabétisme au Liban, où il est apparu comme d’accoutumée via l’écran.
Selon lui, les États-Unis et avec les Occidentaux et tous ceux qui convoitent les richesses de la région sont en déclin. "C’est pour cela qu’ils veulent nous entraîner avec eux. Mais si nous restons debout, fermes, inébranlables, avec un moral haut, unifiés, attachés à nos pays, notre nation verra durant cette décennie une occasion historique pour des changement considérables dans notre région au niveau national".
Le projet de diviser la région n’est pas une illusion
Sayed Nasrallah a appelé tous les antagonistes concernés par la crise syrienne à chercher une solution politique via le dialogue pour mettre en application les réformes exigées. Rappelant que toutes les autres options utilisées depuis l’éclatement de la contestation, militaires, sanctions économiques et autres, se sont avérées vaines, il a appelé les factions de la contestation syrienne à jeter leurs armes et à dialoguer avec les autorités syriennes.
"Dès le début de cette crise syrienne, notre pari était que la Syrie pouvait la franchir, pour ce qui est de l’intérêt de son peuple et de sa position nationaliste dans la région", a-t-il précisé et d’ajouter : "lorsque nous parlons d’appréhensions sur l’existence d’un projet scissionniste, ce ne sont pas des illusions, mais des réalités sur le terrain, nous avons vu ce qui s’est passé au Soudan, il a été séparé de son sud sans pour autant voir réalisées les promesses de résoudre ses problèmes. Aujourd’hui, nous entendons de plus en plus des appels en faveur du fédéralisme, des projets séparatistes, émanant de plus d’un pays arabe, ce qui constitue une menace réelle".
Sayed Nasrallah a insisté sur les appréhensions en disant : "Oui nous avons peur pour la Syrie et pour toute la région des menaces de division et de guerres civiles qui veulent affaiblir la position nationaliste de la Syrie dans le conflit arabo-israélien et de soutien des mouvements de résistance".
Aux insurgés syriens : jeter les armes, aller à la solution politique, les autres options ont échoué
"C’est pour cela que nous avons demandé de ne pas porter les armes, et exhorté les Syriens à s’engager dans une solution politique. Nous sommes tous pour la démocratie, et nous souffrons en voyant toute goutte de sang syrien versé. Aujourd’hui, un an après l’éclatement de cette crise, tous se devraient de procéder à une révision qui puisse parvenir au résultat suivant : qu’il n’y a pas d’autre solution que politique. Il faudrait jeter les armes simultanément, et dans le cadre d’un mécanisme sur lequel il faut se mettre d’accord..., celui qui voudrait détruire la Syrie et renverser le régime coute que coute s’est avéré incapable de le faire. Vous l’avez vu, toutes les options se sont avérées vaines".
Certains Libanais pensent que le Liban est une superpuissance
S’adressant aux Libanais, mais toujours sur le dossier syrien, le numéro un du Hezbollah a reproché à certains de se comporter comme si le Liban était "une superpuissance qui met au point des clauses et des calendriers". Signalant qu’il est dans l’intérêt des Libanais que la situation en Syrie soit stable, sécuritaire et opte la solution politique, il a affirmé que le contenu de la solution politique en Syrie se doit d’être une quête intérieure syrienne.
"Ce n’est pas à nous de dessiner aux Syriens les lignes de la solution à suivre. Nous sommes certes concernés de leur dire en tant que voisins et les fils d’une seule région que leur sécurité vaut la nôtre..., mais non de leur dicter quel est le contenu de leur solution politique, surtout lorsque nous-mêmes n’arrivons pas à résoudre nos propres difficultés", a-t-il ajouté.
Nous sommes avec le peuple syrien qui soutient le régime et les réformes
Et de dire aussi : "C’est notre position inchangée depuis le début de la crise syrienne. Certains en profitent pour nous stigmatiser. Nous ne nous en plaignons pas. Nous aspirons à prendre les bonnes positions et sommes prêts à les déclarer sans hésitation. Sur la question syrienne, les évènements ont montré que les paris en faveur du renversement du régime, de la dissension au sein de l’armée, et d’une ingérence militaire étrangère se sont avérés perdants. Aujourd’hui, les gens en Syrie sont descendus par millions dans les places des différentes villes syriennes pour dire qu’ils sont avec les réformes, contre la guerre civile, contre le projet de division, et qu’ils veulent rester fidèles à la Palestine et à la résistance, et nous faisons partie de ce peuple".
En réponse aux accusations contre le Hezbollah qu’il soutient le régime au détriment du peuple syrien, Sayed Nasrallah réplique : "Ceci est archi-faux. Nous sommes avec le peuple syrien. Et il y a une grande partie du peuple syrien qui soutient les réformes et sont contre ce qui se passe. Il y a certes une division au sein du peuple syrien, nous en convenons, mais ceux-là mêmes qui soutiennent le régime et les réformes qu’il a mis au point sont aussi des Syriens. Ils sont bien nombreux et nous sommes avec eux".
Certains ont pour alliés les amis inconditionnels d’Israël
"Certains prennent pour alliés Obama, et les Américains qui ont brûlé le Coran et tué ceux qui l’ont défendu, ceux qui considèrent la sécurité d’Israël au-dessus de toute considération, et la supériorité militaire d’Israël au-dessus de de la leur, certains s’alignent avec Sarkozy, la France et la Grande-Bretagne qui ont vendu la Palestine et le Liban. Certes, ils sont libres dans leur choix, et nous aussi sommes libres d’adopter les positions que nous voulons. Notre conseil aux Syriens est de jeter les armes, et d’entamer le dialogue pour une solution politique. L’option armée et la sollicitation d’une ingérence étrangère ne résoudront rien. Il faut faire cesser l’effusion de sang. Les massacres sont quelque chose d’inadmissible. Les autorités se devraient d’exposer les faits aux gens. Il ne faut pas se lancer des accusations. Il faut agir pour éviter les massacres pour qu’aucune goutte de sang ne soit versée", a-t-il conclu sur le dossier syrien.
Gaza : une scène douloureuse, une scène glorieuse
Dans son discours, le secrétaire général du Hezbollah a abordé les récentes agressions israéliennes contre la bande de Gaza : "Il y a certes deux scènes, une douloureuse, illustrée par les dizaines de tués et de victimes qui sont tombés, et la seconde, celle des gens qui ne se cachent pas, et leur volonté de résistance acharnée et persévérante. Nous avons vu une résistance qui a imposé à plus d’un million et demi de personnes de rester dans les abris ce qui constitue une équation importante", a-t-il signifié.
Gaza et les mensonges qui perdurent depuis 60 ans
Et de rappeler aussi : "que ce qui se passe nous rappelle sans cesse comment les États-Unis, le Conseil de sécurité, les institutions internationales la Communauté internationale, l’Europe et l’Union européenne, voire même la Ligue arabe et certains gouvernement arabes qui suivent les mêmes méthodes depuis plus de 60 ans..., ce qui nous rappelle leurs mensonges et leur double poids et mesure".
Le dirigeant du Hezbollah a surtout dénoncé la couverture de certains médias arabes qui ont incombé la responsabilité des évènements aux résistants palestiniens :
"Ceci est archi-faux. Il y avait une accalmie à Gaza et ce sont les Israéliens qui l’ont violée en menant un raid aérien pour tuer le dirigeant martyre Zouheir Kaissi et un autre, récemment libéré. De là il y a eu des ripostes. Ceux qui ont ouvert les hostilités sont bien les Israéliens. Hélas nous voyons que certains médias libanais qui entretenaient des liens étroits avec l’ennemi israélien, qui disent qu’ils n’en ont plus, mais ont la même mentalité, et ce de concert avec certains médias arabes imputer la responsabilité de ces évènements aux résistants. D’aucuns ont même dit que les affrontements de Gaza sont survenus sur ordre de Téhéran pour détourner l’attention de ce qui se passe en Syrie. C’est une grande injustice. Comme durant la guerre de juillet 2006 lorsqu’ils ont dit que le Hezbollah l’a déclenchée pour le tribunal international et le nucléaire iranien. C’est injuste. Ces Palestiniens sont toujours assiégés, opprimés et enfermés malgré les changements en Égypte", explique-t-il.
Les médias arabes en intersection avec les Israéliens
Sayed Nasrallah a accusé ces médias arabes et libanais de collusion avec les israéliens, évoquant les propos de Netanyahou qui a dit que sa guerre contre Gaza fait partie de sa guerre contre l’Iran. "La guerre contre la Palestine date d’avant, lorsque l’Iran était dirigée par le Shah, l’allié d’Israël. Ils disent ceci parce qu’ils veulent induire l’opinion publique en erreur, et isoler les Palestiniens, tout en s’alignant aux tentatives de certains Arabes de présenter l’Iran comme un ennemi", poursuit-il. Avant de clore le dossier palestinien en rendant hommage au peuple palestinien, à ses martyrs, ses sacrifices et sa fermeté, faisant remarquer que "la trêve n’a été conclue que conformément à ses conditions".
Pour certains Libanais du 14 Mars, c’est tout ou rien
Sur la situation au Liban, le numéro un du Hezbollah a particulièrement pris à part la mentalité et les méthodes qui régissent chez le camp du 14 Mars qui conditionnent un accord sur tous les dossiers sinon c’est rien : "Ce n’est pas parce que nous sommes en désaccords sur un ou deux dossiers qu’il faut perturber le pays... certains évoquent le sujet de l’armement de la résistance, comme s’ils voulaient dire qu’il est impossible d’édifier l’État sans résoudre ce dossier, que l’on ne peut en finir avec la corruption administrative ou la sécurité administrative qu’en résolvant celui de l’armement de la résistance... c’est irréel" estime-t-il.
Les engagements avec les Occidentaux aux dépens de Liban
Selon lui, "d’aucuns ont des engagements avec les Occidentaux et les Américains comme quoi ils sont disposés à régler une affaire, même au dépens des Libanais. Et en même temps, ils viennent nous parler qu’il faut reconnaitre les autres et collaborer avec eux, (en allusion aux discours prononcés mercredi durant une cérémonie des forces du 14 Mars pour commémorer le lancement de leur mouvement en 2004) il ne suffit pas de se contenter de paroles, il faut les mettre en action".
Les paroles de reconnaissance de l’autre sans les actes
Et Sayed Nasrallah poursuit : "En 1995, nous avons investi le gouvernement pour la première fois, lequel était présidé et gouverné par les forces du 14 Mars. Nous étions prêts à collaborer sur toutes les affaires suggérées au conseil des ministres, avec pour principale préoccupation de collaborer ensemble pour relever le défi du retrait syrien et faire avancer les dossiers vitaux... Dans les deux gouvernements que vous avez gouvernés nous avons également participé avec vous, n’est-ce pas une reconnaissance de l’autre de notre part. Il ne suffit pas de lancer des slogans, de nous dire que vous exercez la politique de la main tendu, mais que cachiez-vous dans votre main ?"
Le poignard dans le dos
A cet égard, le secrétaire général du Hezbollah rappelle les pièges tendus par le camp du 14 Mars au Hezbollah, lorsqu’il était leur partenaire au gouvernement : "Dans le premier gouvernement, vous étiez en train de nous préparer une guerre pour nous éliminer (en allusion à la guerre israélienne 2006 au cours de laquelle il y a avait une coordination entre certains membres du camp du 14 mars et l’entité sioniste). Dans le gouvernement suivant, vous étiez en train de nous préparer le piège du tribunal international et aviez refusé catégoriquement que nous en discutions les clauses du règlement. Pour le gouvernement actuel, c’est vous qui avez refusé toute participation et vous êtes mis à enrôler le monde entier contre lui, et menez une campagne sans merci contre lui."
Et de conclure sur le dossier libanais :
"Comment pourrez-vous construire un État avec une telle mentalité ? On ne peut fonder un État en voulant éliminer les autres, mais en collaboration avec eux, en sachant ordonner les priorités... Par exemple, le sujet de l’armement de la résistance peut très bien être reporté tant qu’on est en désaccord sur lui."
"En tout cas, il l’est de facto. Et celui qui est capable de désarmer la résistance qu’il le vienne le faire !" a-t-il défié.
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15 mars 2012 - El Manar