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Octobre 2010
mercredi 20 octobre 2010 - Abdel-Moneim Saïd - Al-Ahram/hebdo

En 2010, tout prouve que le défi israélien se manifeste de plus en plus à tel point de nécessiter un éveil aussi important que celui de 1973. Après 37 ans, Israël semble de moins en moins prêt à réaliser la paix. Aujourd’hui, l’Etat hébreu parie sur une situation éternelle de déséquilibre stratégique dans la région à son profit, pensant être capable de défier non seulement les forces régionales, mais mondiales aussi.

Une étude approfondie de l’histoire d’Israël dévoile qu’il devient plus particulièrement dangereux dans 2 cas. Premièrement, quand l’équilibre stratégique n’est pas à son profit et qu’il est traduit en actes de violence militaire. Deuxièmement, quand l’équilibre stratégique penche de son côté et que rien ne le menace. Il trouve là le moment propice pour s’étendre. C’est cette deuxième situation que l’Etat hébreu connaît actuellement, et qui n’est pas moins dangereuse et menaçante que la précédente.

Les raisons sont claires et sont dues à l’existence d’un gouvernement extrémiste de droite, incapable de détecter l’occasion historique de paix actuellement proposée à Israël. Le sentiment qui sévit en Israël en octobre 2010 est qu’il n’a jamais été plus sûr et plus prêt à réaliser ses objectifs exceptionnels. Malgré toutes les répercussions de la guerre israélienne contre le Liban en 2006, elle a eu des conséquences positives sur l’état de sécurité et de stabilité à l’intérieur d’Israël. Le plus important est que le Hezbollah a été obligé, conformément à la résolution 1701, de se retirer jusqu’au nord du fleuve Litani, ce qui l’a éloigné de plus en plus des frontières israéliennes. De plus qu’il a été critiqué à cause de la destruction de l’infrastructure libanaise et accusé de s’être engagé dans cette guerre pour servir des objectifs non libanais. Nous avons vu, à plusieurs reprises, comment le Hezbollah a tenté de nier sa responsabilité des missiles lancés en direction du nord d’Israël.

Et malgré la polémique qui s’est déclenchée à l’intérieur d’Israël à propos des objectifs visés par le déclenchement de la guerre contre Gaza, Israël a réalisé de nombreux acquis, dont le plus important est l’existence d’une force de répression face au Hamas qui l’oblige à penser plusieurs fois avant de lancer des missiles en direction du sud d’Israël. Ceci signifie que pour l’Etat hébreu, la guerre a fait de l’accalmie un fait acquis après que le Hamas eut refusé de la prolonger. De plus que la guerre contre Gaza a donné beaucoup d’importance aux appels d’arrêter l’acheminement clandestin des armes vers Gaza à travers les tunnels.

Israël a beaucoup appris de sa guerre contre le Liban, ce qui l’a aidé à déterminer ses objectifs de la guerre de Gaza, dont le plus important est de ne pas anéantir le mouvement du Hamas. Chose qui n’est pas, selon de nombreuses tendances à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël, à son profit, puisque la domination du Hamas sur le secteur garantit la continuité de la division entre les Palestiniens. En outre, la présence du Hamas dans le secteur garantit une large marge de man ?uvre en ce qui concerne les obligations probables du processus de paix avec les Palestiniens.

L’environnement israélien semble ainsi favorable à la poursuite de la colonisation. Et en même temps, l’Etat hébreu est de plus en plus intransigeant face aux pressions imposées par les Etats-Unis, pour réaliser un progrès sur la voie de la paix. Il a par exemple refusé de prolonger le moratoire du gel des colonies qui a pris fin le 26 septembre dernier. Et d’un autre côté, Tel-Aviv a fait de nouvelles réclamations comme la reconnaissance du caractère juif de l’Etat, chose que le côté israélien n’avait jamais réclamé en négociant avec l’Egypte, la Jordanie, la Syrie ou le Liban.

Israël a également commencé à adopter des méthodes pratiques dans l’affrontement de ses adversaires. En plus de la menace de déclencher une frappe militaire préventive contre les installations nucléaires iraniennes et l’appel de la communauté internationale d’imposer encore plus de sanctions à l’Iran, des experts ont annoncé qu’Israël était derrière l’attaque électronique contre plus de 30 000 ordinateurs en Iran qui fonctionnaient dans des unités industrielles. Il est vrai que cette attaque a également touché des ordinateurs en Inde, au Pakistan et en Indonésie, mais ce sont les appareils iraniens qui ont été le plus touchés (60 %), ce qui prouve que ce sont les installations nucléaires qui étaient visées. De plus, selon certains avis, le virus électronique Stocks Net a été développé à l’intérieur du Mossad.

Tout ceci n’émane pas d’un vide, mais d’une hausse considérable dans les éléments israéliens de force qui commencent par un état de cohérence politique qu’Israël n’a jamais connu auparavant, après l’effondrement total du camp de paix, en plus de la chute relative du camp modéré. Cette situation politique a causé une amélioration des capacités économiques et militaires. Selon la Banque mondiale, le PNB israélien a atteint 194,790 milliards de dollars, selon les estimations de 2009, avec un quota de 26 175 dollars par habitant. Israël a également déployé des efforts concrets pour adhérer à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques), qui a été fondée en 1961 et comprend les 31 Etats les plus industrialisés. Effectivement, le 10 mai 2010, Israël a été accepté dans l’OCDE.

Au niveau militaire, Israël impose un secret total en ce qui concerne son arsenal nucléaire. Or, les experts estiment qu’il possède plus de 200 têtes nucléaires et missiles à longue portée. Israël rassemble actuellement un système de défense très sophistiqué, qui vise à le protéger contre des missiles lancés en même temps à partir de lieux différents.

Cet Etat de puissance militaire, économique, politique et technologique, si nous l’ajoutons à des tendances idéologiques agressives au niveau de la direction et du pouvoir politique, fait qu’il devient impossible de négliger la menace et le danger israéliens. Il n’y a aucun doute : les services et les institutions chargés de la sécurité nationale en Egypte sont parfaitement conscients de ce danger. Or, le problème est que la société se comporte parfois comme si le danger avait disparu, bien qu’il soit très proche.

C’est là qu’apparaît l’importance du rappel de l’esprit d’Octobre 1973 en octobre 2010. Nous ?uvrons pour la paix comme si elle allait se réaliser demain et nous ?uvrons pour la réalisation de l’équilibre des forces économiques, sociales et militaires de façon à faire comprendre à l’autre partie que l’arrogance de la force ne peut lui procurer ni sécurité ni bonheur.
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Du même auteur :

- Une guerre contre l’Iran
- Israël perdra-t-il les chances de la paix ?

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 20 au 26 octobre 2010, numéro 841 - Opinion