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La société palestinienne doit se défendre
mardi 4 mai 2010 - Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly
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Gaza, janvier 2009 - Jeune Palestinien blessé dans les bombardements israéliens - Photo extraite du site des Brigades Al Qassam : http://www.alqassam.ps

Durant six ans, l’assassinat d’Amr Abu Setta, l’un des dirigeants d’un groupe de la résistance palestinienne dans le sud de Gaza, est resté un mystère. Alors qu’il y avait beaucoup d’interprétations sur la façon dont il a été tué, il y avait un consensus général sur l’idée que les services d’espionnage israéliens étaient d’une manière ou d’une autre derrière son assassinat. L’armée israélienne avait accusé Abu Setta d’être responsable de la mort d’un grand nombre de soldats des troupes d’occupation. Il y a quelques mois, le mystère a enfin été éclairci.

Il a été prouvé que la personne qui avait placé les explosifs sous la voiture d’Abu Setta était Mohamed Ibrahim Ahmed Ismail, un Palestinien travaillant pour les services israéliens de renseignement. Ismail a déclenché les explosifs par télécommande sur l’ordre israélien, tuant Abu Setta et un de ses seconds. Ismail a exploité ses liens avec quelques personnes dans l’entourage d’Abu Setta pour placer les explosifs qui ont mis fin à la vie de ce dirigeant très respecté dans la bande de Gaza.

Ismaïl a avoué son implication dans le meurtre et a été condamné à mort par le tribunal militaire de Gaza. Il a été exécuté le 15 avril.

Ce n’était pas le seul crime avoué par Ismail. Toujours dans le cadre de sa collaboration avec les forces d’occupation, il a admis avoir causé la mort d’un certain nombre de militants de la résistance palestinienne en apposant des autocollants sur leurs véhicules pour permettre aux avions israéliens sans pilote [drones] de les prendre pour cible.

Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur de Gaza, Ismail a avoué avoir comploté l’assassinat de Hossam Hamdan, le fils de l’éminent dirigeant du Hamas, Ahmed Hamdan. Les services d’espionnage israéliens ont assassiné le jeune Hamdan dans une autre opération. Le collaborateur a également révélé avoir aidé l’armée israélienne en allant à Rafah, tout au sud de la bande de Gaza, pour désamorcer des explosifs placés par la résistance et qui menaçaient les forces israéliennes qui avaient pénétré dans le secteur.

C’était la première fois qu’une exécution avait lieu depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza à l’été 2007. Un autre homme, Mohamed Abu Salama Freh, un habitant de Gabalya, a également été exécuté après avoir avoué sa collaboration avec les forces israéliennes d’occupation. Abu Freh a admis que sur ordre du renseignement israélien, il s’était spécialisé dans la surveillance de la frontière entre Gaza et Israël et qu’il signalait quiconque s’en approchait.

En 2002, Abu Freh commença à participer aux invasions militaires après avoir reçu une formation militaire dans les territoires occupés en 1984. Abu Freh a en outre révélé que pendant la dernière guerre contre Gaza, il avait participé à l’invasion israélienne de Gabal Kashef, la région « ottomane », et à la récente invasion à l’Est de Gabalya où un grand nombre de civils ont été tués. En retour, Abou Freh a perçu des sommes d’argent.

Une source palestinienne bien placée des services de sécurité a indiqué à Al-Ahram Weekly que les confessions de ces deux agents révélaient le type de missions qui sont assignées aux agents israéliens dans Gaza. « Sans ces agents, les forces d’occupation ne seraient pas en mesure de réussir, » a-t-il affirmé. « Par conséquent, l’espionnage doit être éradiqué. Nous avons décidé d’investir beaucoup d’énergie pour limiter les dommages causés par ceux qui collaborent avec Israël. » La même source a indiqué qu’Israël exploitait les conditions économiques et sociales aussi bien que son contrôle des frontières, pour convaincre autant de jeunes Palestiniens que possible de collaborer.

Khalil Al-Hayya, une figure importante du Hamas, a défendu les exécutions, affirmant que le gouvernement en place continuera d’exécuter les agents israéliens dans le cadre de son mandat. « La société a le droit à se défendre contre ce danger, » explique Al-Hayya. « Nous ne pouvons pas ignorer plus longtemps la question de ces agents ; il leur a été donné la possibilité de se racheter et de renouer avec leur peuple. Nous ne pouvons tolérer cela plus longtemps. » Il a suggéré que le système éducatif puisse jouer un rôle central en protégeant les jeunes Palestiniens des manipulations des services israéliens de renseignement.

Mais l’avocat Mustafa Ibrahim a critiqué les exécutions comme ne respectant pas la loi fondamentale palestinienne, expliquant qu’aucune exécution ne peut être effectuée sans l’approbation du président palestinien, et ce principe n’a pas été respecté. Ibrahim estime que les exécutions pourraient avoir un effet négatif sur la réconciliation nationale parce que le président palestinien Mahmoud Abbas les interprétera comme un signe du manque de sérieux du Hamas en ce qui concerne la fin des divisions entre organisations palestiniennes.

Néanmoins, comme d’autres qui critiquent les exécutions, Ibrahim comprend la gravité de la question des agents israéliens et de la nécessité de les neutraliser. En fait, les sévères mesures appliquées contre les collaborateurs sont populaires parmi des Palestiniens dans la mesure où 94 pour cent des habitants à Gaza les soutiennent. Selon le Centre Palestinien des Droits de l’Homme [PCHR], les cours palestiniennes ont émis 17 condamnations à mort au cours de la dernière année — trois en Cisjordanie et le reste à Gaza. Le Ministre de l’Intérieur du gouvernement de Gaza, Fathi Hammad, a déclaré que son cabinet avait décidé d’appliquer les exécutions des agents israéliens sans tenir compte de l’opposition des organisations de défense des droits de l’homme.

Mais en dépit de ces exécutions, l’agence de renseignement israélienne, le Shin Bet, continue de développer de nouvelles méthodes pour recruter des Palestiniens afin qu’ils espionnent pour son compte. Un jour avant que les exécutions aient lieu, le ministère de l’Intérieur de Gaza a annoncé avoir découvert un réseau d’espionnage qui exploite des sites Internet. Il a indiqué comment les services israéliens utilisaient les besoins des gens sous le blocus pour recruter des agents, et aussi que le ministère avait entrepris une massive campagne de sensibilisation pour s’y opposer.

De l’utilité de Facebook et autres Twitter pour les services israéliens de renseignement

Ehab Al-Ghassan, porte-parole du ministère de l’Intérieur de Gaza a mis en garde de « ne pas tomber dans le piège de la collaboration par l’abus des sites Web de convivialité d’Internet comme Facebook, Twitter et d’autres. » Al-Ghassan a expliqué qu’Israël emploie ces sites Web pour recueillir des informations sur certaines personnes et exercer ensuite un chantage pour en faire des agents. « Malheureusement, certains de nos citoyens écrivent sur ces sites Web tout ce qui les concerne, y compris leurs cercles d’amis et de famille, donnant aux forces d’occupation une mine d’informations, » a-t-il encore dit.

Al-Ghassan poursuit en disant que selon l’appareil de sécurité [de Gaza], il ressort de la surveillance des activités du Shin Bet et des confessions des collaborateurs que l’espionnage israélien emploiyait intensément des sites Web de rencontre pour recruter des collaborateurs. Parmi ses méthodes se trouve « l’accès aisé à ces sites Web et le recueil d’informations supplémentaires par rapport à celles que les services israéliens ont déjà en leur possession, exerçant ensuite un chantage et essayant de recruter. » Le porte-parole a ajouté que « la cible s’imagine que les Israéliens savent tout à son sujet, et elle obéit rapidement de crainte qu’ils n’exercent des représailles à son égard grâce à l’information dont ils disposent. »

Parfois, les Israéliens ne recrutent pas directement des agents mais obtiennent des informations subrepticement. Un certain nombre de gazaouites ont signalé que les services israéliens d’espionnage avaient appelé leurs lignes téléphoniques fixes et téléphones portables en utilisant des nombres de pays étrangers, se faisant passer pour des chercheurs appartenant à des instituts de recherche internationaux ou palestiniens situés outre-mer et les interrogeant sur des questions sensibles concernant la sécurité intérieure palestinienne.

Gamal Sarha, âgé de 28, du camp de réfugiés d’Al-Nossayrat au centre de la bande de Gaza, a indiqué au Weekly qu’il avait été étonné de recevoir récemment un appel de quelqu’un prétendant appartenir à un centre arabe de recherches basé à Londres. Le visiteur l’avait questionné au sujet des initiatives de la résistance et sur la façon dont les Palestiniens les considèrent, ce qui a confirmé Sarha que son interlocuteur était lié aux services israéliens. Une question posée était : « Que feriez-vous si des résistant se tenaient prêt de votre maison, vous leur diriez de s’écarter ou est-ce que vous les protégeriez ? »

Un autre jeune homme nous a dit qu’une femme parlant arabe l’avait appelé, prétendant être d’une agence en Cisjordanie, et avait voulu qu’il réponde à un questionnaire par téléphone. Toutes les questions tournaient autour de la résistance et sur la façon dont les gens la considérait ; il a refusé de répondre aux questions après avoir suspecté que son interlocutrice était liée à l’espionnage israélien.

Tous les voyants indiquent qu’en dépit de la féroce campagne en cours contre ceux qui collaborent, les services israéliens de renseignement sont déterminer à continuer de développer de nouvelles méthodes et moyens pour obtenir des informations essentielles sur la résistance palestinienne. Ceci signifie que le problème des agents israéliens restera à l’ordre du jour politique et social palestinien encore pendant longtemps.

Du même auteur :

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- S’adapter aux calamités ? - 24 mars 2010
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22 avril 2010 - Al Ahrma Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/995...
Traduction : Nazem