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Bienvenue au club des humoristes juifs !
samedi 1er mai 2010 - Gilad Atzmon

Conscient du fait que l’assistance était composée principalement de juifs, le général Jones a pensé que ce serait de sa part faire un geste de connivence amicale bienvenu que de commencer son discours par une blague juive. Manifestement, ça n’était pas le cas.

Le général Jones n’avait pas compris qu’autant les juifs aiment raconter des blagues sur eux-mêmes, autant ils sont extrêmement chatouilleux lorsque des non-juifs se fendent la pêche à leur dépens. Il n’a pas fallu très longtemps au président de la tristement célèbre Anti-Defamation League, Abe Foxman, pour envoyer un message extrêmement claire au général Jones : « Si vous voulez entrer dans notre club de comédiens, vous devez être juif ».

Voici ce qu’a dit le général Jones, qui tentait de raconter une blague cachère :

« Un Taliban perdu erre dans le désert, à la recherche d’eau. Il finit par arriver devant une épicerie tenue par un juif ; il lui demande de l’eau.

Le commerçant juif lui dit qu’il n’a pas d’eau, mais qu’il se fera un plaisir de lui vendre une cravate. Le Taliban se met à agonir d’injures le boutiquier juif. Le juif, impavide, suggère une idée à l’activiste mal embouché : « derrière la colline, il y a un restaurant : là-bas, on pourra vous vendre de l’eau ».

Le Taliban continue à jurer, mais il se décide à y aller ; il se dirige vers la colline en question. Une heure après, il revient chez le marchand de cravates, et il dit au tenancier : « Ton frangin exige que je porte une cravate si je veux être admis dans son restaurant ! »

Il se trouve que le général Jones est un partisan fanatique d’Israël. Il entendait faire plaisir à son auditoire juif en lui racontant cette blague en laquelle il voyait une juxtaposition amusante de « débrouillardise » juive et de « naïveté » sauvage talibane. De plus, il voulait faire passer le message d’un lien américano-juif fondé sur la notion que le combattant taliban est non seulement un ennemi de l’Amérique, mais aussi un ennemi des juifs.

Le site israélien Ynetnews [du quotidien Yediot Ahronot] a écrit aujourd’hui que bien que la blague eut été bien accueillie par l’assistance, certains responsables de la communauté juive ont tenu à faire cette observation : « L’Anti-Defamation League juge qu’une blague dans laquelle un commerçant juif arnaque un combattant Taliban est inappropriée et relève du stéréotype ».

Manifestement, Abe Foxman et certains autres dirigeants ethniques juifs n’ont pas apprécié. Apparemment, le stéréotype du « colporteur juif » les a défrisés. Très curieusement, dans la blague, le vendeur juif n’arnaque pas, il n’y a pas de fraude. Dans la blague, le marchant juif n’essaie pas d’obtenir quoi que ce soit par tromperie. Dans la blague, un marchand peut certes contraindre un combattant Taliban à acheter une cravate, mais il n’y a aucune entourloupe.

Toutefois, autant il n’y a aucune « magouille juive » dans cette blague, contrairement à ce qu’a prétendu l’Anti-Defamation League, autant il y en a à revendre dans les infos que diffusent les médias consensuels américains. Tragiquement, nous avons entendu parler de bien trop nombreux fraudeurs, rufians et trafiquants d’organes juifs, qu’il s’agisse de Madoff, de Goldman Sachs, des Lehman Brothers ou de moult autres. Ceux qui suivent quotidiennement les informations en provenance d’Israël sont au courant de la corruption institutionnelle et des scandales financiers qui sont les plaies de l’Etat juif.

Apparemment, Foxman et autres dirigeants juifs ont exigé du général Jones qu’il présente des excuses pour avoir dit quelque chose qu’ils voient en eux-mêmes, plutôt que quelque chose que le général aurait lui-même suggéré ou dit.

Mais une lecture plus approfondie de la blague de Jones révèle le fait embarrassant que ce n’est pas la tentative de « magouille » qui rejaillit d’une manière tellement négative sur le vendeur de cravates juif. En réalité, c’est son absence totale de compassion humaine. Dans la blague, le vendeur de cravates n’aurait pour rien au monde donné de l’eau à un homme assoiffé perdu dans le désert. Dans la blague, la rapacité éclipse l’humanité. Autant cette idée dénote une lecture stéréotypée particulièrement féroce de l’identité juive, autant une telle interprétation est raisonnable, et même légitime eu égard aux crimes contre l’humanité perpétrés par l’Etat juif au nom du peuple juif. Le fait d’affamer un million et demi de Palestiniens à Gaza est un exemple parmi d’autres de cette absence de conscience humaniste. Encore une fois, je ne pense pas que ce soit là ce que le général Jones avait à l’esprit lorsqu’il a raconté cette blague. Toutefois, il est plus que vraisemblable qu’une fois que les membres de l’assistance sioniste ont eu fini de ricaner, ils ont vu la similarité entre eux-mêmes et le vendeur de cravates juif.

Une lecture encore plus critique de la blague de Jones mettrait également en lumière une critique impitoyable de la fraternité tribale juive dans le contexte de la politique occidentale. Dans la blague, deux frères juifs prennent soin l’un de l’autre en faisant totalement abstraction de toute préoccupation humaine ou universelle. Dans la blague, deux marchands juifs collaborent dans la torture et l’exploitation d’un homme mourant de soif en plein désert. C’est là un cas patent de népotisme tribal. Là encore, lorsqu’on voit l’action extensive et incessante déployée par les lobbies juifs pour soutenir leurs congénères en Israël et lorsqu’on a à l’esprit les tentatives incessantes des néocons pour nous entraîner, nous tous, dans des guerres, la blague de Jones devrait être prise pour bien davantage qu’une simple bouffée de mise en boîte gentillette.

Abe Foxman a réussi à terroriser le général Jones jusqu’à résipiscence. Il a sans doute réussi à détourner l’attention du public de la morale inhérente à la blague de Jones vers un énième débat sans queue ni tête autour du soi-disant antisémitisme. Toutefois, cette blague, comme quasiment toutes les autres blagues juives, nous offre un aperçu de l’identité juive et de la politique juive. De plus, la réaction d’Abe Foxman nous fournit une plongée spectaculaire dans la morbidité politique juive.

Il est inutile de préciser que très vite, Jones a présenté des excuses. Il a précisé que sa blague [la Mère de toutes les Blagues..., ndt] a pu détourner l’attention du message plus général qu’il entendait émettre ce jour-là, à savoir que « l’engagement des Etats-Unis à défendre la sécurité d’Israël est un engagement sacrosaint ».

Cette réaction de lavette du général m’incite à me poser des questions quant à l’engagement de l’Amérique vis-à-vis d’elle-même. A l’évidence, en s’empressant de se transformer en serpillière devant l’Aipac et l’Anti-Defamation League, le général américain se retrouve dans la position de son combattant Taliban fictionnel contraint de mendier une gorgée d’eau auprès de deux frères juifs...

[*] Le Washington Institute, une boîte-à-idées largement considérée pro-sioniste, a été fondé par des donateurs juifs qui font aujourd’hui partie de son conseil d’administration.

* Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of America.

Du même auteur :

- L’effet boomerang - 16 avril 2010
- Samson et la 2ème Nakba - Brève étude de l’Hercule juif - 2 avril 2010
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27 avril 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.gilad.co.uk/writings/wel...
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier