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Identité trouvée : de la Côte Ouest par la Cisjordanie
samedi 13 février 2010 - New York Times/PNN
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L’actrice palestino-américaine Najla Said

La fille de Edward W. Said, le professeur de l’université de Colombia qui jusqu’à sa mort en 2003 était l’avocat le plus important dans ce pays pour la cause de l’indépendance palestinienne, Melle Said guide l’audience au travers ses années d’adolescence en se décrivant elle-même comme une princesse politicalement agnostique de la Côte Ouest Supérieure jusqu’à une vision d’elle-même aujourd’hui, une femme de 35 ans qui est profondément émue par le vrai mot de "Palestine".

Melle Said, un écrivain et actrice, insiste sur le fait qu’elle n’est pas une personne spécialement politique. Palestine, qui ouvre officiellement le 17 février au Théätre de la Quatrième Rue dans le village de l’Est, n’offre aucun remède aux tensions du Moyen-Orient ou d’évaluation générale d’une situation complexe. Melle Said raconte juste son conte (avec de généreuses pointes d’humour), ce qui inclue assister à une école d’élite de Manhattan (Trinity), où elle était mêlée avec ses amis juifs ; devenir anorexique à 15 ans ; et visiter la Cisjordanie et Gaza, la Jordanie et le Liban avec sa famille, où sa priorité était souvent d’obtenir un moment à la plage plutôt que d’analyser la situation géopolitique.

"Je m’inquiétais d’être assez jolie, assez intelligente et de cadrer", Melle Said s’est rappelée dans une interview récente à propos de Palestine, et les années avant le 11 Septembre apportent une part d’ombre. "Pareille à de nombreux enfants immigrants", a-t-elle ajouté, "je voulais juste que toutes les questions sur l’identité s’en aillent".

Ces questions ont persisté, bien sûr. Et donc sur une scène minimaliste, avec des changements d’humeur et de scène accomplis par une bande originale de musique arabe et américaine, Melle Said parle d’eux. Ses voyages au Moyen-Orient avec sa famille étaient quelquefois un fouillis de confusion, dit-elle, avec l’odeur des eaux usées à l’air libre à Gaza, la stricte séparation des sexes, la nourriture et la langue qui semblaient n’avoir rien à voir avec sa vie peinarde de la Côte Ouest Supérieure.

Sa mère, Mariam Cortas, est libanaise et a été élevée au Quaker. Elle et M.Said, un professeur d’anglais et de littérature comparée qui était né à Jérusalem mais avait quitté le Moyen-Orient adolescent, raffolaient de livres comme Jane Eyre, pas de discussions sur l’Orientalisme. Dans le spectacle, Melle Said se souvient affectueusement de son père chrétien comme un "mignon petit vieux", drapé dans un costume trois pièces, jouant au tennis, conduisant une Volvo et fumant la pipe.

Au regard de sa fille, Said était certainement considéré comme une figure provocatrice. Quelques sympathisants d’Israël l’ont accusé d’échouer à condamner des actes de terrorisme spécifiques par des groupes palestiniens. Ses sympathisants ont applaudi sa défense du territoire natal palestinien. Le spectacle de Melle Said revisite un incident international de 2000 à propos d’une photographie largement publiée de son père à la frontière libanaise, sur le point de jeter une pierre sur une caserne de gardes abandonnée.

Melle said situe son action comme faisant partie d’une compétition de jets de pierres avec son frère aîné, Wadie, avec une très faible signification politique. Son père à ce moment-là l’a appelé "un geste symbolique de joie" du fait que l’occupation israëlienne du sud du Liban avait cessé. Ses détracteurs ont urgé Colombia de le réprimander ou de le répudier pour son action, mais les officiels de l’université ont décidé qu’aucune action n’était nécessaire.

Etant donnés les flirts de Palestine avec ce genre de controverse, Sturgis Warner, le co-directeur artistique de la Twilight Theater Company, qui produit son spectacle en partenariat avec le New York Theater Workshop, a dit qu’il s’en faisait à propos d’élever la somme de 30 000 dollars initiale pour monter la production. Mais même avec les difficultés inhérentes à la recherche de fonds, de l’argent de toutes sortes de personnes a afflué de partout dans le monde, a dit M.Warner, qui dirige le spectacle. Cela incluait une donation de 15 000 dollars du chef d’orchestre Daniel Barinboim, qui était le meilleur ami de Edward Said.

"Le spectacle de Najla est important parce que cela ajoute une dimension personnelle aux difficultés de communication d’une vie qui a de nombreux points de référence différents", a dit M.Barenboim dans un e-mail. Il a mentionné la position de Melle Said comme une Américaine de deuxième génération avec des racines arabes, grandissant dans un environnement de prédominance des juifs, un enfant de privilège confrontée avec "les conditions de privation de nombreux Palestiniens"."La façon dont elle évolue entre ces sphères", a-t-il ajouté, a beaucoup en commun avec le Divan Orchestra du Moyen-orient, un projet que M.Barenboim a commencé en 1999 avec Edward Said, qui jouait du piano et écrivait des critiques musicales. Avec l’orchestre, a dit M.Barenboim, lui et Said voulaient "encourager les conversations entre les Arabes et les Israëliens et relier les gens individuellement au travers de l’absence de voix qui caractérise si souvent le conflit Israëlo-Palestinien".
Pour M.warner, dont la compagnie aide à la création de nouveaux spectacles, surtout en faisant émerger des auteurs dramatiques, "ce qui est important c’est de montrer la narration individuelle et d’aller au-delà des politiques".

Cependant, alors que le cocktail théâtral de Melle Said peut être vu comme personnel et politique, elle a dit faire beaucoup d’efforts pour n’offenser aucun groupe. Elle a ressenti la douleur de l’incompréhension trop vivement après le 11 Septembre, a-t-elle dit, car elle a réalisé que son héritage faisait d’elle une marginale, au mieux, pour les personnes qui ne connaissaient rien d’elle ou des Arabo-Américains.

Mais Melle Said trouve également dangereux de s’identifier à un groupe, ce qui peut signifier la perte des détails de la réelle histoire personnelle, qui sont nécessaires aux gens pour se voir et s’entendre pleinement, a-t-elle dit après une récente répétition. "Nous avons tous des histoires", a-t-elle dit.

Lammece Issaq, un auteur dramatique palestino-américaine qui vit à New York, a surenchéri : "Nous sommes des artistes, essayant de travailler, mais nous devons créer des conversations pour prendre le pas sur la complexité de nos expériences", a dit Melle Issaq. Elle fait partie d’un groupe d’auteurs dramatiques qui sont étabis au Théâtre Noor pour aider, développer et présenter le travail d’artistes de descendance moyen-orientale. (Melle Said n’est pas impliquée mais a fait un travail similaire dans le passé)

"Comme Najla, des gens apparaîssent plus et partagent plus leurs histoires", a ajouté Melle Issaq.

Dans les dernières années, Melle Said est apparue dans des spectacles d’Off Broadway, dans des films et à la télévision, et de façon plus notable dans la production du Seattle Productory du solo de Heather Raffo, 9 parts de désir, qui regarde les chemins croisés de femmes en Irak. Palestine, a-t-elle dit, a été une chance de jouer avec toutes les choses qu’elle a passé de nombreuses années à éviter.

"Quand j’entend le mot ’Palestine’, j’entend la voix de mon père le dire. Mais je ne sais pas ce que c’est, parce que ce n’est pas ma place", a-t-elle dit. "Je ne le connais pas ; je n’ai aucun lien avec. Même mon père n’était pas tellement relié à l’actuel lieu géographique - pour lui c’était une idée, une lutte pour l’égalité et les droits humains".

10 février 2010 - PNN