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L’Iran teste des missiles et met en garde les Etats-Unis
vendredi 9 février 2007 - Edmund Blair - La Tribune

Les Gardiens de la révolution iraniens ont effectué jeudi dans le Golfe des essais de missiles censés pouvoir couler des "navires de guerre de gros tonnage", et le Guide suprême du pays a prévenu les Etats-Unis que l’Iran frapperait leurs intérêts en tout point du monde s’il était attaqué.

Washington et Téhéran s’opposent au sujet du programme nucléaire iranien, les Américains accusant les Iraniens de vouloir se doter de l’arme atomique et de soutenir les milices chiites en Irak. Les Etats-Unis ont dépêché un deuxième porte-avions dans le Golfe pour faire pression sur l’Iran.

"Ces missiles, d’une portée maximale de 350 km, peuvent atteindre plusieurs types de gros navires de guerre dans tout le Golfe, toute la mer d’Oman et le nord de l’océan Indien", a déclaré le chef des forces navales des "pasdaran", l’amiral Ali Fadavi.

Selon le site internet de la télévision nationale, Fadavi a déclaré que l’ogive de 500 kg du missile en question pouvait couler "tous les types de gros navires de guerre".

La télévision iranienne a ajouté que les tests de missiles, intervenus au deuxième jour de manoeuvres aéronavales menées par les Gardiens de la révolution, visaient à montrer que "l’Iran est en mesure de faire face à toute menace éventuelle".

Les "pasdaran", qui forment la branche "idéologique" des forces de la République islamique, disposent d’un commandement distinct des autres corps militaires. Dans la région du Golfe, ils procèdent régulièrement à des exercices considérés comme des démonstration de force.

Les dirigeants américains disent privilégier la voie diplomatique vis-à-vis de l’Iran, mais sans exclure un recours à la force en cas d’impasse.

L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de l’Iran, est intervenu à la télévision comme pour appuyer les tests en cours.

KHAMENEI MENACE, WASHINGTON MINIMISE


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L’ayatollah Ali Khamenei s’adresse au peuple iranien le 8 février (AFP)




"Les ennemis savent bien que toute agression entraînerait une réaction de toute la Nation iranienne contre les agresseurs et leurs intérêts dans le monde entier", a dit Khamenei.

"Nous pensons que nul ne prendra une initiative aussi mauvaise et imprudente, qui mettrait en péril son pays et ses intérêts. Certains disent que le président américain n’est pas du genre à fonder son action sur des calculs ni à réfléchir aux conséquences de ses actes. Mais même ces personnes-là peuvent être ramenées à la raison", a-t-il ajouté.

La Maison blanche a jugé ces menaces sans portée.

"Khamenei fait de temps à autre ce genre de déclarations gratuites, nous espérons qu’elles ne visent pas les Etats-Unis car le président Bush a clairement indiqué que nous n’avions pas l’intention d’entrer en guerre avec l’Iran", a dit Gordon Johndroe, porte-parole du Conseil de la sécurité nationale.

Tony Snow, porte-parole de la Maison blanche, a déclaré pour sa part : "Nous ne considérons pas cela (les manoeuvres) comme une attaque directe contre nos navires."

Selon des experts militaires, les forces iraniennes ne sauraient rivaliser techniquement avec l’armée américaine, mais elles restent susceptibles de semer le chaos dans le Golfe et le détroit d’Ormouz, par lequel transitent les deux cinquièmes du trafic de pétrole mondial.

Le site internet de la télévision iranienne identifie le missile testé comme un SSN-4 antinavire, que la revue britannique de défense Jane’s et différents sites internet présentent comme un missile balistique en circulation depuis les années 1960 et qui est tiré par des sous-marins en surface.

D’après les sites internet, le SSN-4 a une portée de 550 km ou davantage. Un site (www.navweaps.com) lui attribue une charge maximum de 1.370 kg, soit beaucoup plus que l’ogive de 500 kg évoquée par Fadavi.

La télévision a diffusé des images d’un missile lancé du sol et atteignant la superstructure d’un navire en mer. Mais le missile tiré semblait différent des caractéristiques attribuées au SSN-4 sur les sites internet.

Le commandant des unités aériennes des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a laissé entendre mercredi que le matériel utilisé au cours des deux jours d’entraînement comprenait aussi des éléments liés au système antiaérien TOR-M1 d’origine russe. Mais il ne semblait pas être question de tester ce type de missile.

Le mois dernier, Moscou a dit avoir achevé ses livraisons de systèmes TOR-M1 à l’Iran. Washington y a dénoncé une menace pour la stabilité régionale bien que les Russes parlent à ce propos de missiles à courte portée et purement défensifs.



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