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Des fermiers de Gaza aux prises avec des terres agricoles endommagées
mercredi 21 octobre 2009 - IRIN
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Une ferme de citronniers, pêchers et oliviers dans la zone de Sheikh Ajleen à Gaza ville, inondée d’eaux usées non traitées, après l’opération israélienne

GAZA VILLE, 19 octobre 2009 (IRIN

La moitié des quatre hectares de terres agricoles de Hatem Khubair, à Beit Lahiya, une ville située dans le nord de la bande de Gaza, a été détruite durant l’offensive israélienne en début d’année.

« Je n’ai pas les moyens de remettre ma terre en état. L’armée israélienne a rasé mes récoltes - oignons et carottes - et a stationné des chars dessus, détruisant le système d’irrigation », a dit Hatem.

« Je manque d’argent et de matériels », a dit Hatem, estimant les dommages à 27 000 dollars, ce qui n’inclut pas les pertes de production auxquelles lui et sa famille de huit personnes devront faire face cette année.

Les fermiers se battent pour remettre en état les 1 700 hectares de terres agricoles endommagés ou détruits durant l’offensive israélienne de 23 jours qui s’est achevée le 18 janvier 2009, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) intitulé Estimation des dommages dans le secteur agricole de Gaza.

Selon le rapport, les récoltes détruites comprennent 929 hectares de vergers et 500 hectares de légumes.

La destruction de la couverture végétale et le compactage du sol par des raids et des mouvements de chars ont dégradé la terre, la rendant difficile à replanter et susceptible ainsi de devenir un désert stérile. Selon le PNUD, à Gaza, 5 200 fermiers - sur environ 10 000 - ont été directement touchés par l’offensive.

Des moyens de subsistance en danger

L’entrée à Gaza, via les points de passages contrôlés par les Israéliens, de denrées essentielles, y compris du matériel agricole, reste soit restreinte à des quantités limitées, soit refusée ; et les fermiers de Gaza risquent de ne pouvoir replanter leurs récoltes cette saison en raison du manque de semences, d’engrais, de bâches en plastique et de filets pour les serres, selon le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).

Selon le rapport, les moyens de subsistance d’environ 10 000 familles de fermiers - soit 65 500 personnes - pourraient ainsi être affectés.

Environ deux-tiers de la population de Gaza (1,5 million de personnes) sont menacés d’insécurité alimentaire, alors que le chômage tourne autour de 40 pour cent, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« La FAO et d’autres agences des Nations Unies fournissent aux fermiers des matériaux tels que de la nourriture pour les animaux et des unités de maraîchage pour la production de récoltes », a dit Erminio Sacco, le représentant de la FAO à Jérusalem. « La saison hivernale des récoltes est la plus importante pour la production agricole de Gaza ».

Selon Shlomo Dror, porte-parole du ministère israélien de la Défense, il n’y a pas de pénurie de matériels agricoles à Gaza.

« Nous restreignons l’entrée de tous les matériaux qui peuvent être utilisés pour fabriquer des explosifs, ce qui n’inclut pas les semences et les engrais », a dit M. Dror. « Kerem Shalom seul point de passage commercial de Gaza peut seulement gérer 100 camions par jour, limitant la quantité de matériel qui peut entrer, et la première priorité est donnée aux denrées humanitaires ».

Rapport du PNUE

Le récent rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur les conditions environnementales à Gaza après l’offensive israélienne estime que 17 pour cent des terres cultivées, y compris des vergers et des serres, ont été endommagés ou détruits.

Le rapport estime les coûts - en terme de dommages causés aux moyens de subsistance des fermiers résultant des dommages et contamination des terres agricoles, en plus de la reconstruction, et incluant le fait de s’assurer que la terre est sécurisée pour le replantage - à environ 11 millions de dollars.

Sols fragiles

Les fermiers de Gaza sont face au défi de tenter de restaurer la production agricole perdue dans une région entourée de dunes de sable et sur des sols fragiles.

Avec le soutien du gouvernement des Pays-Bas, une organisation non-gouvernementale (ONG) locale, Agricultural Development Association (PARC-Gaza), a lancé en août plusieurs projets pour aider les fermiers touchés, a dit Thijs Debeij, second secrétaire au Bureau de représentation des Pays-Bas auprès de l’autorité palestinienne à Ramallah.

« Seuls 25 pour cent des terres agricoles endommagées ou détruites pendant la guerre ont été réhabilités par des ONGs locales et des agences des Nations Unies », a dit Ahmed Sourani, responsable de PARC.

La FAO estime les pertes globales de la communauté agricole de Gaza, comme résultant de l’offensive, à 268 millions de dollars, incluant 180 millions de dollars en dommages directs et 86 millions de dollars en pertes projetées.

19 octobre 2009 - IRIN
Photo : Erica Silverman/IRIN
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