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Le rapt des réserves naturelles de Gaza par Israël (4°)
vendredi 16 octobre 2009 - Peter Eyre

Première partie
Deuxième partie
Troisième partie

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Réserves offshore

La partie orientale de la Méditerranée abonde en gaz naturel, avec de très bonnes chances de trouver du pétrole plus profondément. Dans bien des parties du monde nous trouvons suffisamment de réserves pour que tous le partagent et en profitent. Pour quelque étrange raison, Israël ne suit pas ce principe et souhaite en fait prendre non seulement ses propres réserves mais aussi celles qui appartiennent aux Palestiniens.

Tout d’abord examinons encore une fois les ressources naturelles offshore et voyons comment Israël aurait ou a déjà la capacité de priver les Palestiniens de ses propres ressources vitales. Ensuite nous nous pencherons sur les possibilités terrestres en Cisjordanie et nous montrerons que certaines des zones prises par Israël ou sous son contrôle pourraient bien recéler des découvertes intéressantes.

Comme je l’ai souligné auparavant, le champ de gaz naturel Mari B d’Israël se trouve sur la frontière avec Gaza et enveloppé d’un halo de secret. La zone autour de la plate-forme est totalement hors des limites que l’on attendrait normalement, mais y a-t-il plus que le champ gazier et pourrait-il s’étendre dans les eaux de Gaza ? Si c’était le cas, c’est une grande injustice qui aurait lieu, privant les Palestiniens d’une ressource partagée et de toute l’incroyable richesse qui va de pair.

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Carte de la Cisjordanie

La plate-forme Mari B est opérationnelle depuis décembre 2003 et a produit quelque 100 millions de pieds au cube (mmscf/jour). Ensuite en 2004 la production a augmenté jusqu’à 170 mmscf. Les installations de Mari B étaient censées produire jusqu’à 600 mmscf. La compagnie estime que le total des réserves récupérables du champ Mari B dépassera le trillion de pieds au cube de gaz naturel. Nobel Energy a également une découverte non développée, Noa, qu’on estime contenir plus de 200 milliards de Bcf de gaz naturel. Noa devrait être exploité ultérieurement via une liaison à la plateforme Mari B.

Réexaminons la question et demandons-nous si le champ gazier Mari B s’étend par-delà la frontière et si oui, Israël est coupable de vol d’une ressource commune. Le champ gazier Noa (qui se trouve plus à l’ouest de Mari B) doit être mis en service dans un futur proche. En fait ce champ en comprend deux : Noa et Noa sud. Je crains qu’ils ne s’étendent probablement dans la zone marine de Gaza et qu’ils sont donc une ressource partagée. Enfin, nous avons la réserve propre de Gaza, Marine et Marine 2, qui se trouvent intégralement sur son territoire.

Je pose encore la question : les Palestiniens le savent-ils et si oui, que fait-on pour investiguer et stopper cette exploitation par le gouvernement israélien ? Il est absolument scandaleux que le monde se contente de regarder sans rien dire tandis que le peuple de Gaza vit dans le dénuement complet. Où sont les Nations Unies et où est notre conscience ?

Il est également important de noter que les Accords d’Oslo ( manipulés par Israël) montrent une zone tampon des deux côtés de cette zone, réduisant ainsi la Zone marine de Gaza et le privant de ses droits territoriaux légaux. En fait, la plate-forme gazière israélienne (Mari B) se trouve à peine à un mile nautique de cette frontière, ce qui peut indiquer que quelque chose de sinistre se trame ici. Normalement les plate-formes gazières se trouvent bien au-dedans des limites de leurs réserves respectives, ce qui, une fois encore, pourrait indiquer que ce champ s’étend au-delà de la frontière israélienne.

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Israélien baignant ses mains dans le pétrole de la Mer Morte

Regardons à présent la scène pétrolière et gazière sur la terre ferme. Dans un de mes précédents articles j’ai parlé d’un champ pétrolier onshore qui se trouve très près du coin nord-est de Gaza. Cette réserve est appelée le champ Heletz et il a produit du pétrole brut pendant de nombreuses années. Certains puits ont été forés dans la bande de Gaza puis abandonnés pendant longtemps. Je supposerais qu’avec les réserves offshore dans la Zone marine de Gaza et le pétrole brut se trouvant près de Gaza onshore, cette zone pourrait révéler des découvertes excitantes. Il est aussi intéressant de noter que de telles zones productives comme Heletz ont appartenu un jour aux Palestiniens.

A Gaza nous avons des indications claires que le gaz et le pétrole existent. Les principales zones d’intérêt ont été déclarées zones militaires israéliennes restreintes et sont donc hors limites pour les Palestiniens. L’ironie est que la Cisjordanie est une zone classée territoire palestinien alors qu’à peine un tiers en est disponible pour leur usage. Historiquement les bords de la Mer Morte recèlent du bitume [bitume de Judée] ce qui indique clairement que la géologie du sous-sol a quelque chose à offrir.

Plus récemment du pétrole a été découvert sur les côtes occidentales de la Mer Morte qui est contrôlée par les Israéliens. Les réserves ont été trouvées dans le nord, le centre et le sud de la côte, ce qui les place clairement en territoire palestinien cisjordanien. Vu la géologie de la région, je dirais que du pétrole/gaz doit aussi exister le long de la vallée en rift séparant la Cisjordanie de la Jordanie. Des recherches ont lieu également de l’autre côté de la frontière avec la Jordanie.

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La Mer Morte

Quelles sont les perspectives pour les Palestiniens ? Verront-ils jamais la justice et auront-ils l’occasion d’explorer et de récupérer leurs propres ressources naturelles ? Je dois dire qu’Israël fait exactement ce qu’il veut, quand il le veut et que les Nations Unies continuent de ne pas être efficaces. De même les Etats-Unis ne prennent pas position et ne disent rien, pour une très bonne raison : la plupart des programmes d’exploration pétrole/gaz sont des partenariats avec des compagnies états-uniennes et une telle interférence serait contre-productive.

Il faut aussi se rappeler que la zone de la Mer Morte apporte d’autres ressources naturelles qu’Israël commercialise depuis de nombreuses années. La région a été un producteur mondial de fertilisants, certains basés sur les minéraux extraits de la Mer Morte. Les eaux d’évaporation de la Mer Morte laissent un réseau unique de sels, chlorure de magnésium et de sodium, potassium, calcium, brome, etc. L’autre facette unique d’un tel environnement est celle de la santé et des produits cosmétiques. Comme nous l’avons dit, les Palestiniens sont totalement privés de leurs propres ressources et la commercialisation de ces ressources est volée par des entreprises israéliennes.

Si on regarde le potentiel touristique accessible aux Palestiniens, nous voyons que si la communauté internationale était ferme et intransigeante pour que la Cisjordanie retourne au peuple de Palestine, nous pourrions voir un immense changement dans la prospérité de la Cisjordanie et de Gaza. Ce n’est que quand chacun des Israéliens aura quitté la région que la stabilité reviendra.

* Peter Eyre est conseiller pour le Moyen-Orient

Sur le même thème :

- La guerre et le gaz naturel : l’invasion israélienne et les gisements de Gaza en mer - 15 janvier 2009
- Convoitises autour du gaz naturel palestinien - 22 août 2007
- Gaza, des ressources pétrolières en mal d’exploitation - 22 juin 2007

6 octobre 2009 - The Palestine Telegraph - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.paltelegraph.com/opinion...
Traduction de l’anglais : Marie Meert