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Vives réminiscences de la guerre
mardi 11 août 2009 - Ayman Quader

Récit des derniers moments

Dans Jabalia, au nord de la bande de Gaza, des rires forts et beaucoup de bruit de jeux sortent d’une petite maison. La mère contemple les visages de ses quatre enfants innocents, le plus agé ayant à peine 8 ans. Tout en se demandant comment les tenir à l’écart de la guerre qui fait rage partout dans Gaza.

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Ahmed Fawaz Saleh, 5 ans...

Elle a pensé que la maison de sa soeur, qui n’était pas loin de la sienne, pourrait être un endroit plus sûr pour ses enfants, la pupille de ses yeux. Elle a décidé de mettre sa décision à exécution. Elle a commencé par emballer les vêtements mais avant qu’elle ait fait un pas hors de la pièce les tanks israéliens postés sur la colline d’Al-Kashef à Gaza ont pilonné sa maison et ont tué deux de ses enfants.

En quelques minutes, la scène est devenue la plus atroce pour la mère. La situation était pour elle indescriptible. Elle pourrait très difficilement s’exprimer au sujet de ce qui s’est passé après que son fils Ahmed, 5 ans, et Fawzia, son unique fille, aient été tués. Les deux autres enfants sont encore sous traitement avec leur père.

La tante a décrit la scène : « Ma soeur a tout fait pour résister aux nuages de fumée et retrouver ses quatre enfants, mais finalement elle s’est effondrée devant leurs corps déchiquetés ». Avec une grande douleur la mère se rappelle Ahmed, le plus jeune de ses trois fils : « Il était tranquille et obéissant. Il avait répondu à mes demandes immédiatement. Quand je lui ait dit de rester tranquille et de cesser de jouer avec sa soeur Fawzia, il a immédiatement obéï. »

Comme tous les enfants de Gaza, Ahmed avait peur de tout ce que faisaient les forces d’occupation. Il avait l’habitude de rester près de sa mère et de tirer le bas de sa robe dans la crainte qu’elle ne le laisse seul. « Toutes les fois qu’il entendait le bruit des missiles et des fusées, Ahmed pleurait beaucoup de peur, appelait sa s ?ur Fawzia et courait vers moi, » raconte la maman.

Ses rêves

Aller au jardin d’enfants était le rêve d’Ahmed. « Maman, j’irai au jardin d’enfants avec mon cousin Abdullah... et je dépenserai tout mon argent de poche et j’apporterai tous les jours des bonbons à toi et à Fawzia. » La maman dit que « son rêve ne se réalisera plus jamais ... Toute seule, je continue à rêver d’eux jour après jour... Je les vois dans mes rêves jouer et rire, mais en fait ils sont partis, me laissant seule, et ils ne reviendront plus jamais. »

La victime : Maryam Nizar Rayan, âgée de 10 ans
Date des blessures ou de la mort : 1° janvier 2009
Lieu des blessures ou de la mort : sa maison, à Jabalia, nord de Gaza
Cause des blessures ou de la mort : missile tiré par un F16 israélien sur sa maison

Récit des derniers moments

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Maryam Nizar Rayyan, 10 ans...

Sous un ciel bleu, Maryam Nizar Rayyan, âgée de 10 ans, jouait au milieu de ses onze frères et soeurs sur le toit de leur maison, en compagnie de son père et de ses quatre épouses. Le 4ème jour de l’assaut israélien sur Gaza, sans jamais imaginer que ces avions soient venus pour mettre un terme à son enfance aussi bien qu’à la vie de beaucoup de membres de sa famille qui étaient à la maison à ce moment-là, l’innocente Maryam a entendu le bruit des avions F-16 israéliens et levé son regard.

Le premier jour de la nouvelle année 2009, à 14h00, les avions F-16 israéliens ont visé la maison de la famille Rayyan avec trois missiles. Toute la maison a été détruite et s’est effondrée sur les têtes de ses habitants. Maryam a été tuée en même temps que 13 membres de sa famille : le père et ses quatre épouses ainsi que 7 de ses soeurs et frères. Personne de la famille n’a survécu à l’exception de 3 de ses frères et soeurs qui n’étaient pas à la maison à ce moment-là. Les corps de Maryyam et des autres membres de famille ont été été écrasés sous les décombres. Le Dr. Awiya Hassanein (le directeur des services ambulanciers et d’urgence dans Gaza) a dit que « la plupart des corps de la famille Rayyan ont été trouvés en pièces, ce qui indique combien était violente l’explosion. »

Plus de 10 000 personnes endeuillées ont assisté le jour suivant à l’enterrement des membres de la famille Rayyan. » Maryam était adorée par son père qui avait demandé à sa mère de coudre une belle robe particulièrement pour elle. Maryam était « au-dessus de la lune » avec sa nouvelle robe ; elle la portait à chaque fois qu’elle allait jouer en dehors de la maison. Au milieu de toutes les fillettes du quartier, Maryam attirait l’attention de tout le monde par sa gentillesse et par sa beauté dans cette robe.

Ses rêves

Belal, le frère de Maryam, se rappelle que « Maryam était attentionnée ; elle appelait mon épouse ’tante’ et s’adressait aux vieilles personnes en leur donnant des titres. Elle travaillait bien à l’école et aidait ses compagnons de classe dans certaines matières, particulièrement l’anglais, à la demande de ses professeurs. Maryam discutait beaucoup avec tout le monde, mais j’aimais l’écouter parler de son grand rêve de faire des études universitaires. Elle était la seule de la famille Rayyan qui souhaitait étudier la médecine. »

Belal ajoute : « Maryam, élève prometteuse, rêvait d’un meilleur futur et attendait ardemment le moment où elle pourrait retourner à son école tout en disant ?quand je retournerai à l’école, je ferai ceci et à cela’. Cependant, les forces d’occupation l’ont privée de son rêve et d’une vie paisible comme en ont tous les autres enfants à travers le monde. »

Maryam manque beaucoup à Mona, la fille de Belal, qui parle d’elle à sa mère : « qu’Allah fasse que son âme repose en paix ; elle était si gentille et patiente lorsqu’elle enseignait à ses amis. Maryam participait à toutes les prières dans la mosquée du quartier. Après Al-Asr (la prière de l’après-midi) elle avait l’habitude d’apprendre par coeur le noble Quran avec ses amis. »

Quand l’assaut sur Gaza s’est interrompu, Mona est allée à l’école pour la première fois après la mort de Maryam et de tous ses oncles. Se tenant devant les enfants de la classe, le professeur de Maryam ne pouvait pas retenir ses larmes et pleurait Maryam, son élève si prometteuse.

Il y a un très grand nombre d’histoires comme celles-ci dans Gaza, qui doivent retenir votre attention et qui exigent en même temps justice.

* Ayman T. Quader vit dans la bande de Gaza. Il peut être joint à ayman.quader@gmail.com
Adresse de son blog : http://peaceforgaza.blogspot.com/20...

Du même auteur :

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Juillet 2009 - Peace for Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://peaceforgaza.blogspot.com/20...
Traduction : Claude Zurbach