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Défendre la langue arabe
mercredi 1er juillet 2009 - Morsi Attalla - Al-Ahram/hebdo

De nombreux penseurs et intellectuels arabes appellent à l’occidentalisation, prétendant que l’une des raisons de l’arriération et de l’incapacité de suivre les technologies de pointe est l’attachement à la langue arabe. Par contre, Israël augmente d’une année à l’autre les sommes consacrées à l’exécution du plan de généralisation de l’hébreu dans les écoles et les universités, puisque cette langue est le pilier de la philosophie de l’enseignement et de l’éducation en Israël. Ces dernières années, l’intérêt accordé par Israël à l’hébreu a dépassé le fait qu’elle est la langue de la Torah, de la littérature et du patrimoine hébreux. Elle est devenue la principale langue parlée dans la rue israélienne. La majorité des juifs qui sont venus des différents pays du monde pour vivre en Israël ne parlaient pas l’hébreu, et même ceux qui parlaient l’une de ses dérivées ne l’écrivaient pas ni ne la lisaient. Cependant, les choses ont complètement changé aujourd’hui et l’hébreu est devenu une matière fondamentale dans les écoles et l’unique langue d’enseignement de toutes les sciences.

Les Israéliens ont graduellement introduit l’hébreu dans les écoles. Au départ, il y avait un conflit entre les partisans de l’hébreu et ceux de l’enseignement en langues étrangères. Les arguments de ces derniers étaient similaires aux arguments des partisans de l’occidentalisation dans le monde arabe qui prétendent que les livres, les recueils et les ouvrages ne sont disponibles que dans les langues étrangères. Cependant, la conférence des enseignants juifs a décidé d’enseigner toutes les matières en hébreu. Ils sont convaincus que c’est le besoin qui crée les livres et recueils et qu’un peu d’efforts dans la traduction des livres étrangers réalisera le rêve national de l’Etat hébreu.

Si la langue est la nation, ou encore que la nation est la langue et que la nation ne peut survivre sans langue, la langue hébraïque s’est transformée d’une ancienne langue morte en une langue vivante parlée que les Israéliens utilisent dans la rédaction, le discours, l’interprétation et l’invention.

L’intérêt accordé par Israël à l’hébreu est l’un des indices de sa volonté de renforcer la personnalité d’Israël. Il ne restera donc que la capacité d’Israël de préserver une force culturelle et une force économique lui permettant de renforcer sa présence dans la région.

La philosophie pédagogique chez les juifs se base sur la religion pour former des générations fidèles à la Torah. Par conséquent, sans la maîtrise de l’hébreu, il sera difficile de parler de la survie d’Israël en tant que nation regroupant tous les juifs du monde sur ses terres selon le fondement de la religion et de la langue. En effet, ceux-ci sont les principaux éléments de la reformulation de la nation juive selon l’esprit et la culture juifs.

Par contre, dans notre nation arabe, nombreux sont ceux qui considèrent l’attachement à la langue arabe comme une sorte d’arriération et d’inertie. Ils ignorent que c’est une langue vivante qui n’a jamais été morte comme de nombreuses autres langues l’ont été avant d’être ranimées comme l’ont fait les juifs. L’arabe est la langue du Coran qui réunit tous les c ?urs de cette nation et unit ses rangs. C’est une grande honte de négliger la langue arabe qui est l’une des sources de notre force et de notre honneur, au moment où Israël accorde d’énormes fonds à la résurrection de l’hébreu qui est resté mort des centaines d’années.

Les protagonistes de la mondialisation et de l’occidentalisation en Egypte et dans le monde arabe doivent réaliser que les communautés juives aux Etats-Unis et en Europe, qui dirigent les campagnes de mondialisation et d’occidentalisation, sont les mêmes qui financent la résurrection de la langue hébraïque et la protection du patrimoine juif. Et cela au moment où ils trouvent des personnes qui accueillent leurs campagnes dans le monde arabe avec des tendances à écarter la langue arabe et réduire son importance malgré les dangers que cela représente sur la présence arabe au présent comme à l’avenir.

La langue arabe sera en danger si nous ne nous empressons pas de réaliser l’ampleur de ce danger dans le cadre de la compréhension précise des composantes de la sécurité nationale arabe.

Du même auteur :

- La solution de deux Etats
- Les scénarios d’implantation
- Une question impérative aux Israéliens
- Jérusalem arabe
- La colonisation s’élargit

Al-Ahram/hebdo - semaine du 1 au 7 juillet 2009, numéro 773 (Opinion)