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Pluie noire sur Gaza
samedi 14 mars 2009 - Ayman T. Quader
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Husam Darweesh Al Louh

Husam Darweesh Al Louh est un jeune garçon dynamique âgé de 10 ans qui vit avec sa famille dans le village d’Al-Moghraq au sud de la ville de Gaza. Husam et sa famille se sont trouvés forcés à évacuer leur maison car elle était juste à 300 mètres des tanks et des missiles. « Après que la guerre ait commencé, nous avons décidé de ne pas quitter notre maison et nous avons pensé que les Israéliens ne nous y atteindraient pas » raconte Husam.

Mais le jour du 4 janvier, les tanks israéliens ont commencé à pénétrer plus profondément dans ce qui était appelé la colonie de Netzareem à l’époque où les Israéliens y étaient installés. À partir de cette position, les soldats israéliens ont commencé à tirer des obus en direction des civils comme [ils l’ont fait] dans le reste de la bande de Gaza.

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Où Husam a été frappé

« Nous nous sauvions d’une mort à l’autre » sont les mots qu’a employés la maman d’Husam devant moi. Elle a un souvenir un peu confus de ce moment, sa famille s’étant mise à l’abri dans deux endroits différents — ou dans ce qui était un soi-disant « endroit sûr », bien qu’il n’y ait eu aucun endroit vraiment sûr où que ce soit dans la bande de Gaza. « Nous avons passé des jours et des nuits complètement effrayés et terrorisés » nous dit la maman d’une voix très grave.

Quand le danger s’est rapproché et alors que la situation ne faisait qu’empirer, la famille n’a finalement eu aucun autre choix que de quitter sa maison, se sauvant devant les terribles tirs et bombardements israéliens. « Nous avons été forcés de quitter notre maison parce que les tirs d’obus étaient devenus trop proches et trop intenses » raconte la mère. Il faut dire que la maison de la famille est faite de plaques de tôles qui à coup sûr ne pouvaient pas fournir la moindre protection contre les bombes et les obus tombant du ciel.

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Image aux rayons X de la blessure d’Husam

Je ne peux m’empêcher d’interroger le père de Husam quant à ses pensées et ses sentiments du moment, mais ses réponses étaient hésitantes comme s’il avait oublié ce qui est arrivé à ses fils Husam et Rami. Au début, M. Darweesh a pris une profonde inspiration avant de parler en hésitant : « J’ai appelé un de mes amis qui habite pas loin de ma maison pour lui demander si l’on pouvait passer les nuits dans chez lui afin de s’éloigner un peu du secteur le plus dangereux ». M. et Mme Darweesh ont 4 jeunes garçons et 3 adorables filles. Le père a décidé de diviser la famille en 2 groupes pour que tous ne soient pas au même endroit, même s’il s’agit de la maison de son ami.

Pendant deux jours la famille a quitté sa maison, un groupe trouvant un relatif abri dans la maison de l’ami et l’autre groupe est allé dans une des écoles de l’UNRWA.

Le 6 janvier, à midi, une chose terrible est arrivée à la famille quand deux de ses garçons, Husam et Rami en même temps que 13 de leurs voisins ont été directement frappés par trois obus tirés par des tanks israéliens proches de leur maison. « Mon frère et moi-même et certains de mes voisins marchions sur la route Salah El Dean (la route principale à travers du village) quand des obus ont commencé à tomber ». Les personnes composant ce petit groupe marchaient l’une près de l’autre. « Je ne sais pas pourquoi les Israéliens nous ont pris pour cible alors qu’ils savaient que nous étions tous les civils », a dit Omer, un des blessés, et « j’étais en route pour trouver de la nourriture pour ma famille quand les soldats ont commencé à tirer des obus qui passaient au-dessus de nos têtes et tombaient partout autour de nous. »

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Blessure d’Husam... Un crime contre l’innocence

Ces obus, qui sont en fait interdits [selon les conventions internationales], étaient remplis de fragments et sont tombés sur le petit groupe, les soulevant de terre et les projetant au milieu de la rue.

Husam a reçu un des éclats dans la jambe et souffre maintenant à cause de cela de profondes douleurs. Le fragment a endommagé dans la jambe d’Husam des tissus très sensibles et il aurait besoin tout de suite d’un traitement de physiothérapie. « Ma vie a entièrement changé et j’ai commencé à voir le monde sous sous aspect le plus noir. Je n’oublierai jamais ce jour » indique Husam.

Il n’y a pas de mots adéquats pour décrire la situation dans la bande de Gaza. Les Israéliens continuent à nommer ce qui ont fait subir à Gaza, « une opération pour combattre le terrorisme ». Une « opération » où des dizaines de milliers de Gazaouites ont été tués ou physiquement et psychologiquement blessés, une « opération » où la moitié des victimes étaient des enfants et des femmes, une « opération » où des écoles, des universités et des mosquées ont été visées. En vérité, c’était une guerre contre l’humanité, la justice et la liberté.

* Ayman T. Quader vit dans la bande de Gaza. Il peut être joint à ayman.quader@gmail.com
Adresse de son blog : http://peaceforgaza.blogspot.com/20...

Du même auteur :

- Lorsque tout fait défaut - 22 mars 2009

13 mars 2009 - Communiqué par l’auteur
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach