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Réhabiliter Hitler... en Israël
dimanche 8 mars 2009 - Khaled Amayreh
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Avigdor Lieberman est l’expression dominante de ce fascisme qui progresse aujourd’hui à visage découvert en Israël.

Son nom est Avigdor Lieberman et beaucoup s’attendent à ce qu’il soit la principale surprise des élections israéliennes prévues pour le 10 février.

Beaucoup d’intellectuels israéliens considèrent Lieberman comme l’équivalent laïc de Meir Kahana, le fondateur du groupe terroriste Kach et qui avait préconisé le nettoyage ethnique et le génocide des non-juifs en Israël-Palestine. Kahana a été assassiné à Manhattan, à New York, en 1990 peu de temps après avoir prononcé un discours dans lequel il réclamait l’annihilation et l’expulsion des Palestiniens « de la terre d’Israël ».

Selon la plupart des sondages d’opinion, le parti de Lieberman, Yisrael Beiteinu, ou « Israël est notre maison », devrait emporter 16 ou 17 sièges à la Knesset sur les 120 qui composent le parlement israélien. Ceci permettrait à Yisrael Beiteinu de dépasser le parti travailliste, conduit par le ministre israélien de la défense Ehud Barak, et de devenir le troisième parti en importance dans le système politique israélien, après les partis du Likud et de Kadima. Le parti de Lieberman sera probablement un partenaire-clé pour une coalition dans le prochain gouvernement israélien.

Yisrael Beiteinu n’est pas un parti de politiciens marginaux ou de parias. Il y a quelques mois plusieurs hommes politiques de premier plan ont rejoint le parti de Lieberman, dont Danny Ayalon, ancien ambassadeur israélien aux Etats-Unis et Uzi Landau, ancien ministre du conseil israélien et figure dominante du Likud pendant plusieurs années.

Certains observateurs s’attendent à ce que l’administration Obama et les cercles juifs internationaux fassent pression sur Benyamin Netanyahu, qui est largement pressenti pour former le prochain gouvernement israélien, pour qu’il exclut Lieberman du gouvernement afin d’éviter des conséquences négatives sur les relations avec les Etats-Unis et l’Union européenne. Il est loin d’être sûr que Netanyahu se plie à une telle pression étant donné son rapport avec Lieberman. Lieberman était directeur général du cabinet du premier ministre quand Netanyahu était premier ministre de 1996 à 1998. Il a plus tard eu la charge de portefeuilles ministériels importants, dont le poste de premier-ministre adjoint, de ministre des affaires stratégiques et de ministre de l’infrastructure nationale.

Lieberman est né en 1958 en Moldavie dans l’ex-Union Soviétique. En 1978, à l’âge de 20 ans, il a immigré en Israël et a acquis automatiquement la citoyenneté israélienne en vertu de la loi du retour. Il vit maintenant dans la colonie de Nokdi en Cisjordanie. Videur de boîtes de nuit devenu politicien, Lieberman a formé le parti Yisrael Beiteinu en 1999 quand il a été élu pour la première fois à la Knesset. Sans polémique, les opinions politiques et sociales de Lieberman peuvent être caractérisées de racistes, et même génocidaires. Ces dernières semaines, on l’a entendu dire qu’Israël devrait utiliser des armes nucléaires contre la bande de Gaza.

En 2002, Lieberman a invité le gouvernement israélien, sous Ariel Sharon, à jeter des tapis de bombes sur les villes palestiniennes afin de forcer les Palestiniens à se sauver en Jordanie. Le journal israélien Yediot Aharonot avait cité Lieberman comme disant au cours d’une réunion du cabinet ministériel que les Palestiniens devraient recevoir un ultimatum : « À 8 heures du matin nous bombarderons tous les centres commerciaux... à midi nous bombarderons leurs stations service... à 14 heures nous bombarderons leurs banques... tout en gardant les ponts [vers la Jordanie] ouverts. »

En 1998, Lieberman a proposé que l’Egypte soit inondée en bombardant le barrage d’Assouan. En 2001, comme ministre de l’infrastructure nationale, Lieberman a proposé que la Cisjordanie soit divisée en quatre cantons, sans gouvernement palestinien central et sans aucune possibilité pour les Palestiniens de passer d’un canton à l’autre. En 2003, le journal israélien Haaretz a rapporté que Lieberman avait demandé que des milliers de prisonniers palestiniens détenus par lsraël soient noyés dans la mer morte et avait offert de fournir des autobus pour les y amener.

Lieberman a aussi demandé qu’un « test de loyauté » soit appliqué à ces « Arabes » qui souhaitent rester en Israël. Ceux qui veulent faire d’Israël un état de tous ses citoyens, y compris pour la minorité palestinienne, seraient privés de leur droit de vote. En avril 2002, Lieberman a déclaré qu’il n’y avait « rien d’antidémocratique dans un transfert ».

En mai 2004, Lieberman a indiqué que 90% des 1,2 million de citoyens palestiniens vivant en Israël « devraient trouver une nouvelle entité arabe » pour y vivre en dehors des frontières d’Israël. « Ils n’ont pas leur place ici. Ils peuvent faire leurs paquets et aller au diable. »
En mai 2006, Lieberman a demandé que soient mis à mort les députés arabes du parlement israélien qui rencontrent des membres de l’Autorité palestinienne alors dirigée par le Hamas.

Ces derniers mois, Lieberman a instamment réclamé que Téhéran soit rasé si l’Iran poursuivait son prétendu programme d’armement nucléaire. Il a été cité comme disant aux auditeurs du service persan de la radio israélienne que « vous payerez un prix élevé ; vous, les bons citoyens iraniens, payerez pour les actions de vos dirigeants. »
Selon le journaliste israélien Gideon Samet, l’étoile montante Lieberman ne devrait pas être considéré comme un développement anormal en Israël, disant que les « idées de Lieberman pénétrent profondément la société israélienne. » Samet est d’avis qu’il faut s’attendre à ce que la classe politique israélienne s’adapte à la réalité représentée par Lieberman.

« Netanyahu ne dira pas ouvertement qu’il ne siégera pas avec Lieberman dans un gouvernement. Après tout, le parti Kadima et le parti Travailliste s’étaient assis à côté de lui dans des gouvernements précédents, » rappelle Samet dans le journal Maariv.

Un grand nombre d’intellectuels israéliens, dont certains dits de gauche, ont récemment défendu l’idée d’une guerre de génocide contre les Palestiniens. La personalité du monde télévisé et dite de gauche, Yaron Londres a étonné beaucoup de monde pendant le récent « Blitz » [évocation des bombardements allemands sur Londres durant la seconde guerre mondiale - N.d.T] sur Gaza en faisant campagne pour « aucune retenue » contre les civils palestiniens. Londres a présenté ses vues dans un article paru dans le journal Yediot Aharonot, puis les a développées dans une série d’entrevues publiés dans les médias hébreux.

« Le temps est venu pour choquer la population de Gaza avec des actions qui jusqu’ici étaient pour nous repoussantes : des actions telles qu’assassiner les dirigeants politiques, provoquer la famine et la soif à Gaza, bloquer toutes les sources d’énergie, répandre partout la destruction, et être moins sélectif dans le massacre des civils. Il n’y a pas d’autre choix, » écrivait-il. [L’état sioniste ne s’est pourtant guère privé de mettre en oeuvre tout cet arsenal génocidaire depuis plusieurs années... N.d.T]

Répondant aux questions, Londres a voulu argumenter en disant qu’assassiner des civils était un acte justifié. « Je me réfère à la population et à ses dirigeants ; ils ne font qu’un, parce que la population a voté pour le Hamas. Je ne peux pas faire de distinction entre ceux qui ont voté pour le Hamas et un dirigeant du Hamas. »

Cette mentalité clairement criminelle ne reste pas sans réponse, mais elle gagne en popularité. L’ancien présentateur de télévision Haim Yavin, a mis en garde contre le fait de faire rentrer Lieberman et ce qu’il représente dans le prochain gouvernement israélien. « Kahane peut être mort, mais le Kahanisme est vivant et florissant ; il y a trop de ?mort aux Arabes’ et de haine à l’encontre des Arabes, » a indiqué Yavin dans une entrevue avec le journal Haaretz cette semaine.

De façon alarmante, Yavin représente une minorité en perte de vitesse dans une société qui dérive rapidement vers le fascisme.

Du même auteur :

- Et maintenant, le fantasme Mitchell - 3 février 2008
- Haniya : « Pas de cessez-le-feu sans levée du blocus ! » - 16 décembre 2008
- La torture dans les prisons de l’autorité palestinienne - 12 décembre 2008
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- L’autorité palestinienne au doigt et à l’oeil d’Israël - 2 novembre 2008
- Le Fatah dans la tourmente - 30 octobre 2008

Février 2009 - Diffusé par l’auteur
Traduit de l’anglais par Nazim