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La République Palestinienne de Dayton
mercredi 11 février 2009 - Abdul-Bari Atwan
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Pieds et poings liés car totalement dépendante du soutien financier et politique des Etats-Unis et de l’Union Européenne, tolérée par Israël tant qu’elle lui est utile, l’autorité de Ramallah est en permanence sur le fil du rasoir : satisfaire ses mentors ou disparaître est son seul dilemme.

Peu de gens en dehors des cercles de pouvoir à Ramallah et ses appareils de sécurité, connaissent les « exploits » du général EU Keith Dayton qui est officiellement chargé par l’administration de son pays de créer des forces de sécurité palestiniennes sur de nouvelles bases, qui se fondent sur l’instauration du contrôle de l’état (où il est ?) sur ses frontières (lesquelles ?) dans le proche avenir.

L’article du journaliste Eu Thomas Friedman dans le NewYorkTimes du samedi 7 février (Beyond The bank, ndt) nous clarifie cette question.

Friedman dit que le général Dayton l’a amené à la ville de Jénine pour lui montrer ces « exploits » et qu’il était surpris de ce qu’il a constaté. Les membres de la deuxième compagnie se sont alignés devant leur « maitre » (le qualificatif vient de moi (d’Abdul-Bari Atwan, ndt)) étatsunien avec leurs mitraillettes Kalachnikov en effectuant le salut militaire. Le général les salue à son tour et il leur fait un discours en les flattant de leur noble mission qui consiste à « prendre soin de leurs concitoyens dans ce temps difficile, car c’est ainsi que se comportent les forces de sécurité professionnelles ».

La manière dont le général EU avait inspecté ces forces et comment il leur a adressé la parole montre qu’elles exécutent ses ordres et qu’elles accomplissent la mission que lui et son gouvernement décident, et non pas un autre gouvernement ou une autre autorité. C’est lui qui finance, qui décide et qui fixe les obligations.

Il semble que ces « forces de Dayton » ont déjà commencé à accomplir leur mission et de la meilleure manière, car elles se sont opposées aux manifestants avec efficacité en les réprimant et en les arrêtant durant les manifestations de solidarité et de condamnation des massacres israéliens dans la bande de Gaza. En revanche, ces forces sont restées spectatrices quand, quelques mois plus tôt, des colons ont attaqué les habitants d’al-Khalil (Hébron, ndt) en agressant et en détruisant, au point que l’un des dirigeants de ces forces a répondu aux demandes de ses concitoyens pour intervenir afin de les protéger de la sauvagerie des colons, il a répondu qu’il n’avait pas de consignes pour affronter les Israéliens, mais seulement les Palestiniens.

Jénine était l’une des villes à la résistance la plus féroce, et fut considérée comme une base solide pour engendrer les candidats aux opérations-martyres. Il suffit de constater que son petit camp (1 km carré) a tenu pendant une dizaine de jours à l’offensive israélienne et a réussi à faire tomber 26 tués et 36 blessés parmi les rangs des forces d’agression, c’est-à-dire quatre fois les pertes de l’armée israélienne pendant sa dernière agression sur la bande de Gaza. Ceci explique pourquoi le général Dayton s’intéresse à cette ville et fait d’elle le « diamant » de sa couronne d’« exploits » sécuritaires, qui sont celui de briser les forces de la résistance à Jénine et la généralisation de cette expérience sur toutes les villes palestiniennes en Cisjordanie.

L’objectif de la création de ces forces, de leur « engraissement » et des millions dépensés pour leur entrainement, n’est pas la préparation pour la construction de l’état palestinien, mais pour l’interdire et pour pérenniser l’occupation en cours. En fait partout dans le monde, on commence par créer l’état puis ses institutions sécuritaire et politique, sauf en Palestine où le triangle est « renversé » ainsi que les priorités, ce qui explique la poursuite de la colonisation, l’usurpation des terres, et le creusage des tunnels sous la mosquée al-Aqsa (les tunnels à al-Quds sont bons car ils sont israéliens même s’ils aboutissent à l’effondrement des fondations d’al-Aqsa... Mais les tunnels de Rafah sont diaboliques car ils sont utilisés pour faire entrer la nourriture et les médicaments pour les assiégés).

Les forces de sécurité de Dayton dont le nombre s’élève à 1600 hommes jusqu’à maintenant, qui ont été entrainées en Jordanie et qui s’apprêtent à intégrer 500 nouveaux membres, qui suivent des stages d’entraînement similaires, ces forces ont une mission principale axée autour de la protection des colonies, de la répression par la force de toute résistance palestinienne et de la collaboration avec leurs homologues israéliens dans ce domaine, c.-à-d. dans le meurtre de tout sentiment patriotique.

Il est clair que ces forces sont en harmonie avec les projets EU futurs pour la Cisjordanie, et pour éviter la reproduction de l’expérience de la bande [de Gaza], c’est-à-dire d’empêcher que la Cisjordanie ne devienne une base pour la résistance. Tony Blair, l’émissaire du quartet, a résumé l’avenir de la Cisjordanie en parlant de la nécessité de concentrer les efforts sur l’infrastructure économique, et de la préparer pour élever le niveau de vie des habitants en tant qu’étape essentielle avant d’arriver à la création de l’état. Le premier ministre britannique Gordon Brown a répété la même chose durant sa dernière visite à Ramallah.

Benyamine Netenyahou, le chef du parti Likoud et celui qui a le plus de chance de gagner les élections israéliennes générales qui aura lieu demain, s’est emparé de ce fil et a commencé de mettre l’accent dans sa campagne électorale sur « la paix économique » avec les Palestiniens, et sur l’engagement à ne pas rendre la Cisjordanie et le Golan à leurs propriétaires arabes.

Le colonel Radhi Abu Assidah, l’un des dirigeants des appareils sécuritaires du général Dayton, a fièrement déclaré : « Nos fores possèdent maintenant du professionnalisme et aussi un bon entraînement. Maintenant nous disons aux gens : Vous pouvez manifester en solidarité avec Gaza, mais vous devez faire cela d’une manière moderne ».

Ce que le colonel Radhi entend par cette manière moderne, c’est que les gens doivent être comme les peuples d’Alaska ou d’Islande, ils doivent se contenter d’allumer des bougies et de faire des prières pour les victimes de la sauvagerie israélienne. Tout autre acte à part cela sera réprimé par les matraques, ou par les tirs de balles et la torture dans des camps de détention.

Mais comment les gens de Cisjordanie vont manifester d’une manière civilisée alors que les soldats israéliens les humilient tous les jours aux points de contrôle, confisquent leurs terres, démolissent leurs mosquées et lâchent sur eux les colons pour les agresser, détruire leurs plantations et arracher leurs arbres ?

Dans le passé on parlait de la solution à deux états. Maintenant on parle de la « paix économique », ce qui veut dire de transformer le peuple palestinien en un peuple qui se fait acheter par les denrées de subsistance et les salaires mensuels payés par les états donateurs, en échange d’oublier totalement sa cause nationale. Quant à celui qui désobéit, les forces « professionnelles » et « bien entraînées » du général Dayton sauront comment s’occuper de leur cas avec la méthode adéquate.

Gidi Grinstein le président de l’institut israélien Reut, un « réservoir de cerveaux » qui fournit des études consultatives au gouvernement, décrit la mission de Dayton comme une « tâche lumineuse dans un paysage détruit et sur laquelle on peut bâtir, car la question ce n’est pas seulement la terre, mais aussi comment la remplir ».

Il est clair, selon nous, qu’il propose deux réponses à cette question : soit de remplir cette terre par de nouveaux colons, ou bien d’importer, d’un autre endroit du monde, un autre peuple capable de vivre selon les manières israéliennes. Car le peuple palestinien ne peut entrer dans aucun de leurs moules.

C’est certainement un avenir obscur qui attend le peuple palestinien à l’ombre du général Dayton, de ses projets et de ses adeptes, mais ce qui est encore plus obscur, à notre avis, c’est l’existence d’une autorité palestinienne qui le laisse faire, lui donne une « couverture légale », lui fait le salut militaire par admiration et par reconnaissance, et qui ne tarit pas d’éloges pour ses grands « exploits » en faveur du peuple palestinien.

Du même auteur :

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9 février 2009 - Al Qods Al-Arabi - Cet article peut être consulté ici :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction de l’arabe : Iyad