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Mise en garde égyptienne
jeudi 5 février 2009 - Salama A. Salama - Al-Ahram/hebdo

On croirait ainsi que c’était Gaza qui a déclenché la guerre contre Israël et non pas le contraire, que les transactions d’armes qui affluent de l’Europe et des Etats-Unis vers Israël ont perdu leur route pour se retrouver à Gaza et que la mission de l’UE est de protéger Israël du Hamas !

L’UE a réduit tout le problème à la contrebande des armes. Elle n’a pas pu jouer un rôle positif, ni pour empêcher le massacre des civils à Gaza ni pour leur présenter l’aide nécessaire. Et ce, malgré le flux des émissaires européens qui ont visité la région avec des promesses de faire pression sur Israël pour ouvrir les points de passage, de soutenir les efforts égyptiens pour maintenir le cessez-le-feu et de réunir les Palestiniens autour d’un gouvernement d’unité nationale chargé d’exécuter les plans de reconstruction.

La politique de l’UE est partie d’une fausse hypothèse. Elle a répondu aux demandes israéliennes et à la politique de guerre contre le terrorisme inventé par les milieux de Bush, afin d’imposer un blocus au pouvoir en vigueur à Gaza, sous prétexte que le Hamas est une organisation terroriste et qu’Israël a le droit de se défendre. Par contre, les Européens renient le droit du peuple palestinien à se défendre contre les crimes commis par l’occupation israélienne. C’est ainsi que les Européens ont contribué, intentionnellement ou non, à favoriser les atmosphères qui ont justifié l’agression israélienne contre Gaza. Ils se sont contentés de dire qu’ils versaient des fonds à l’Autorité palestinienne !

Il n’est donc pas étrange que la première déclaration émise par l’émissaire de l’UE pour les aides humanitaires, Louis Michel, que la partialité a empêché de voir ce qui s’est passé à Gaza, soit que le Hamas est responsable, car c’est une organisation terroriste et que l’UE ne jouera aucun rôle pour la paix sauf si le Hamas reconnaît Israël. Ce même homme avait visité, il y a des années, le camp de réfugiés de Khan Youssef, alors qu’il était ministre belge des Affaires étrangères et avait qualifié les crimes commis par l’occupation israélienne de nazisme. Ce revirement éthique et politique se produit chez les responsables européens en toute simplicité, comme ce fut le cas du ministre français des Affaires étrangères, Kouchner. Il avait dénoncé les crimes israéliens lorsqu’il était président de l’Organisation des médecins sans frontières, alors qu’il justifie aujourd’hui le droit d’Israël de se défendre.

C’est pour cette raison qu’Israël a fait peu de cas des demandes européennes d’ouvrir les points de passages, malgré les déclarations alignées des présidents européens qui ont visité Tel-Aviv et malgré leur empressement d’envoyer des forces pour contrôler les frontières et pour empêcher la contrebande d’armes. Le fait que l’Egypte a catégoriquement refusé.

Les Européens dénient les réalités engendrées par la guerre contre Gaza. La participation des Européens au blocus de Gaza a contribué à approfondir la division palestinienne. Le processus de reconstruction deviendra menacé si l’UE insiste à écarter le Hamas. L’émissaire américain, George Mitchell, verra peut-être ces réalités au cours de sa tournée !

Du même auteur :

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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 4 au 10 février 2009, numéro 752 (Opinion)