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A Gaza, après les bombes le droit international ? Peu probable...
mardi 27 janvier 2009 - Daniel Vanhove

Le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban Ki-Moon a profité de ce calme sans doute provisoire, pour mouiller sa chemise et voir autrement que par images, les dégâts inouïs provoqués par la technologie de pointe du monde dit civilisé. Rien de tel en effet, que se rendre sur le terrain et respirer l’odeur des cadavres en décomposition depuis des semaines sous les ruines, pour bien comprendre ce dont on pourra d’autant mieux parler par la suite.

Ainsi à Gaza, un fragile cessez-le-feu est en place. Pour les populations, exténuées par trois semaines de cauchemars, c’était vital.

L’aide humanitaire a reçu l’autorisation de la puissance occupante, de reprendre ses convois, et le nombre de camions franchissant les points d’entrée de ce lambeau de terre laminée a sensiblement augmenté. Pour un peu, l’on pourrait croire être revenu à la case départ, et penser que cette monstrueuse agression n’a servi à rien. Ce serait une erreur, parce que, à y regarder de près, ce cessez-le-feu révèle qu’il repose sur un mauvais accord, qui risque fort de ne pas tenir, si ses conditions ne sont pas revues et corrigées rapidement. En effet, que prévoit-il ?

- le retrait des forces militaires israéliennes - qui se sont repositionnées aux frontières mêmes de la Bande de Gaza - pour autant qu’aucune roquette (souvenez-vous, c’était l’excuse de ce carnage) ne tombe sur leur territoire - l’étau reste donc aux portes de Gaza, prêt à se resserrer à la première occasion ;

- l’exigence de la fermeture définitive des tunnels qui permettent aux Gazaouis de s’approvisionner via l’Egypte en marchandises de première nécessité telles que, nourriture, médicaments, carburant, eau, cigarettes,... dont ils sont privés par le blocus meurtrier qu’Israël continue d’imposer depuis près de deux ans à l’ensemble de la population prise ainsi en otage ;

- et... la libération du soldat Shalit - dernier joker qui pourra encore servir, pour autant qu’il n’ait pas été écrasé sous les bombes de ses libérateurs...

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L’Union Européenne foule aux pieds le droit international en apportant un appui inconditionnel et éhonté à l’agresseur israélien. Ici de gauche à droite : le petit télégraphiste de Tel Aviv, le criminel de guerre Olmert, et Zapatero dont on aurait pu espérer un peu plus de sens moral.

En parallèle, comme l’ont souligné dans des discours toujours aussi lamentables que vides de toute équité, les chefs d’Etats européens en visite dans la région le week-end passé, ont déclaré être venus en force (il faut bien une telle troïka pour entendre leurs voix habituellement si fluettes) pour assurer Israël de leur soutien dans cette opération de gendarme (à ce niveau-là on peut leur faire confiance) du contrôle de ces maudits tunnels de contrebandiers.

La frégate française Germinal est d’ailleurs annoncée dans les parages pour les prochaines heures. De la sorte, la France confirme ses priorités : son appui aux criminels de guerre israéliens avant même l’aide aux victimes demandée urgemment par les médecins qui dénoncent le manque absolu de moyens.

Pour enfoncer le clou, la vice-présidente du Conseil de l’UE, chargée de représenter l’Union dans ses relations extérieures, ancienne camarade de (feu) Jörg Haider du parti xénophobe et raciste d’extrême droite autrichien, la pro-israélienne acharnée Benita Ferrero-Waldner s’est empressée de rajouter que l’aide de l’UE n’irait pas à Gaza tant que le Hamas serait au pouvoir.

Le tout, sans oublier l’habituelle complicité criminelle de Condoleezza Rice à sa collègue Tzipi Livni, scellé une fois de plus par un dernier baiser télégénique qui aura permis à l’une de glisser à l’oreille de l’autre qu’un premier bateau d’une compagnie allemande (le Wehr Elbe) chargé de 989 containers remplis d’armes US était en route pour le port d’Ashdod - voir le rapport d’Amnesty international à ce sujet.

L’asphyxie infligée à la population de Gaza se voit donc ainsi considérablement renforcée de plusieurs crans, appuyée de manière encore plus évidente par nos démocraties modèles. Et les munitions pour la prochaine déflagration sont acheminées vers Israël qui, soyons-en assurés, en fera un usage exemplaire, comme à son habitude...
Comment la population et les responsables palestiniens à Gaza, pourraient-ils accepter de telles conditions sans réagir !? Ainsi de tous ceux qui se définissent comme militants, par la même occasion ? Même le droit à se défendre de l’occupation par la lutte armée - droit reconnu explicitement par les Nations-Unies via la Résolution 2621 XXV du 12.10.1970 - leur est à présent, supprimé.

A bien écouter les arguties habituelles de la diplomatie israélienne, relayées par celles des Etats-Unis et de l’Europe complice, quel choix reste-t-il donc à la population palestinienne, tant en Cisjordanie qu’à Gaza ?

Il se résume assez simplement pour tout observateur qui ne tombe pas dans la propagande de ces criminels en cols blancs, à deux options :

- soit, mourir lentement, par suffocation et asphyxie lente et programmée ;
- soit, être massacrée de suite par bombardement et armement sophistiqué.

En réalité, le peuple palestinien n’a pas d’autre choix. NOUS PERSISTONS A NE PAS LUI EN LAISSER D’AUTRE ! Ainsi, s’il semble que le Fatah de M. Abbas se soit résigné à la première option pour la Cisjordanie, la seconde a été le choix du Hamas pour Gaza.

Les choses poursuivent donc leur cours habituel et les affaires du monde continuent à tourner comme avant le dernier massacre auquel nous avons assistés, impuissants. Nous pourrons bien descendre encore dans les rues par centaines de milliers, le commerce des armes n’est pas interrompu par ces terrifiantes opérations militaires, que du contraire : les occupants voient même leur position renforcée, alimentés en armement et aidés dans leur étranglement de la population de Gaza par nos vertueux pays. L’essentiel de nos relations diplomatiques est ainsi sauvegardé, ce qui doit très important pour nos économies occidentales en ces temps de crise financière.

De notre côté, nous pourrons continuer à jouer St. Nicolas en reconstruisant une fois encore - avec nos impôts - ce que l’armée israélienne soutenue par les USA, se fait un plaisir de démolir à chaque fois - sans payer - et dans le même temps et de manière très médiatisée assurer notre bon peuple que le plan B-Fast continuera à rapatrier quelques enfants blessés... peut-être par les armes mêmes que nous livrons à Israël. La boucle est bouclée : l’immonde déroule l’étendue de son ignominie, sans sourciller...

L’occupant n’a rien à craindre : nos démocraties exemplaires lui garantissent toujours son droit à se défendre de ces redoutables occupés. Et si ces derniers devaient manifester à nouveau quelque désir de velléités, probablement que les prochaines représailles seraient les bonnes, cette fois.

Quant au Droit international... chacun est prié de comprendre que ce n’est pas demain la veille !

* Daniel Vanhove est Observateur civil
Il a publié aux Ed. Marco Pietteur - coll. Oser Dire :

- Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes - 2004
- La Démocratie mensonge - 2008

Du même auteur :

- Scènes ordinaires de la vie en Palestine, à Gaza

26 janvier 2009 - Communiqué par l’auteur