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Un verre de thé en ligne de mire à Gaza
samedi 17 janvier 2009 - Rami Almeghari
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Jihad Abu Jbarah devant le réchaud à bois autour duquel étaient assis les membres de sa famille lorsque des missiles tirés par les Israéliens les ont tués - Photo : Rami Almeghari

« Il était 10 heures du soir ce lundi 4 janvier quand mon père et quatre de mes frères étaient assis là dans la cour de cette maison » raconte Ali, âgé de 27 ans, fils de Jihad Abu Jbarah, tué comme deux de ses fils. « Ils avaient allumé ce réchaud à bois, pour se réchauffer et faire du thé. Voici le verre dans lequel mon père était en train de boire son thé. »

Lundi dernier, les avions de guerre israéliens ont frappé la maison de la famille Abu Jbarah, tuant trois de ses membres et en blessant deux autres, dont l’un gravement. A ce moment-là, c’était encore la seule attaque meurtrière dans cette zone centrale de Gaza depuis le début des bombardements israéliens le 27 décembre.

La maison de construction modeste, située dans le camp de réfugiés, où vivaient 18 personnes dont 10 enfants, a été réduite en ruines. Les deux missiles tirés par un avion militaire israélien ont aussi causé de graves dégâts à une maison voisine.

« Mon frère Khaled est parti mettre sa fille au lit quand la température a fraîchi. Il s’était à peine retourné que les roquettes se sont abattues sur la maison » dit Ali en revoyant la scène. « Sa fille allait s’endormir lorsqu’il s’est effondré sur le sol après avoir reçu deux balles d’obus dans le dos. »

En raison de son état critique, Khaled a été évacué vers un hôpital d’Arabie saoudite pour y recevoir des soins médicaux d’urgence, laissant deux enfants sur place.
Quant à Bassel, 30 ans, Oussama, 21 ans, et Jihad, leur père de 53 ans, paralysé, ils ont été tués tous les trois par l’explosion des missiles, qui a déchiqueté leurs corps, projetant leurs membres de tous côtés.

« Mon père est parti au paradis » dit Jihad, le jeune fils de Bassel, près du réchaud autour duquel son père, son oncle et son grand-père étaient assis quand ils ont été tués.

Bassam Al-Krunz, un habitant du camp d’Al-Bureij, se souvient des deux frères : « C’étaient mes amis, même si j’ai des liens avec le Fatah. Ces gens qui sont morts étaient bons et gentils, ils n’ont jamais fait de mal à personne. Je ne peux pas imaginer que mes amis, tués par les Israéliens, aient été des agents actifs du Hamas. » Bassel et Oussama étaient membres du Hamas, le parti qui a gagné les élections législatives en 2006 et dont Israël affirme qu’il est l’objectif de sa campagne militaire à Gaza.

Que les victimes aient été ou non membres du Hamas, cette attaque illustre bien qu’Israël ne fait pas la distinction entre les objectifs civils et militaires en visant une maison, et ne distingue pas non plus entre combattants et non-combattants. Quand ils ont été attaqués, ces hommes ne faisaient rien d’autre que boire un verre de thé.
Depuis le 27 décembre, des attaques impitoyables d’Israël, aériennes, maritimes et terrestres, ont visé des personnes à l’intérieur de leur maison, dans les écoles, les mosquées, les magasins ou dans la rue.

Le week-end dernier, des tanks israéliens ont tiré sur une école administrée par les Nations Unies et où des dizaines de civils avaient cherché refuge sous les bombes israéliennes. Au moins 40 personnes ont été tuées, pour la plupart des femmes et des enfants. Israël a d’abord prétendu avoir agi en réponse à des tirs de mortier en provenance de l’école, avant de changer de version pour admettre qu’un obus « perdu » avait frappé cette infrastructure.

Les civils constituant la majorité des plus de 900 morts (dont au moins 300 enfants) et 4 000 blessés selon des sources médicales palestiniennes, les organisations internationales de défense des droits de l’Homme et des responsables des Nations Unies ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et demandé des enquêtes sur les crimes de guerre dont Israël pourrait être accusé.

Malgré tout cela, chaque jour qui passe apporte son lot de tragédies. Le 12 janvier par exemple, des obus israéliens ont touché un marché sur la place de la Palestine en ville de Gaza, tuant deux personnes et en blessant une douzaine.

12 janvier 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : Info-Palestine.net]