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La crainte de l’Iran incite au dialogue
mardi 27 mai 2008 - Juan Miguel Muñoz
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Ville de Damas

En 2000, Israël et la Syrie se sont déjà approchés d’un accord. Quelques centaines de mètres carrés ont empêché le pacte. Comme si Israël avait eu le vertige à l’heure de vérité. Parce que les conséquences d’un accord, qui serait le troisième traité de paix entre Israël et un des pays arabes avec lesquels il est en guerre, serait capital pour le Moyen-Orient.

Le Président Bachar el Assad, comme son père Hafez, exige le retrait complet du plateau du Golan. Jusqu’au dernier centimètre. Comme ce fut le cas pour le Sinaï égyptien en 1979. L’accès à la rive nord de la mer de Galilée est cruciale pour Damas. Israël sait aussi que demander un échange au retrait va rencontrer une furieuse opposition interne : démilitarisation du Golan et accès des israéliens au territoire aujourd’hui occupé.

Toutefois, ce qui est négocié est loin d’être une question strictement bilatérale. Les effets d’un accord seraient ressentis dans toute la région. Une des exigences du gouvernement d’Ehud Olmert est le démantèlement des sièges des milices palestiniennes à Damas et l’arrêt des relations entre la Syrie et l’Iran. Ce sont des questions délicates, pour l’enjeu de la cause palestinienne dans les opinions publiques arabes.

Une chose qui a été manifeste lorsque le Hamas a dynamité la frontière de Gaza avec l’Egypte est que Le Caire a réagi avec une énorme modération devant une violation flagrante de sa souveraineté. Les dirigeants islamistes palestiniens prennent déjà en compte la possibilité de s’éloigner de Damas dans l’avenir.

Au Liban aussi les partis pro-occidentaux craignent d’être la monnaie d’échange. Parce qu’aux yeux de la Syrie, le Liban est une question de vie ou de mort : sa fenêtre sur le monde occidental et un de ses moyens de subsistance.

Toutefois, la « question pour le million » c’est autre chose : Pourquoi cette initiative surgit-elle maintenant ? Le régime syrien subit depuis 4 ans des sanctions économiques imposées par Washington. Il n’est pas anodin que Damas exige l’implication des Etats-Unis dans les négociations et que celles-ci aient été révélées.

Les Syriens détestent les pourparlers secrets. La Syrie a besoin de gagner une légitimité. Ses liens avec les pays arabes (l’Egypte, la Jordanie et surtout l’Arabie Saoudite) se sont fortement détériorés avec la crise au Liban. Rien de tel qu’un coup de pouce des Etats-Unis pour renverser la situation.

Pour Israël, il y a aussi une raison de poids : son obsession pour le programme nucléaire iranien est démesurée. S’il optait pour une attaque des installations atomiques perses, il serait fondamental de maintenir le calme à la frontière syrienne.

Un présage qui n’est pas risqué : ce sera long. Israéliens et Syriens l’admettent. D’autant plus qu’un revirement de la politique américaine est indispensable, actuellement des plus dures avec le gouvernement d’El Assad.

L’administration de Georges W. Bush s’est bornée à indiquer qu’elle n’avait pas d’objection aux négociations. Cependant, sans nouvelle administration à la Maison Blanche les complications vont se multiplier. Et après, on verra ...

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22 mai 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte