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Rudolph Giuliani, plus "dur" en politique étrangère que la Maison Blanche
dimanche 2 septembre 2007 - Philippe Bolopion - Le Monde
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Rudolph Giuliani

Rudolph Giuliani cultive les paradoxes. Situé sur l’aile gauche de son parti pour les questions de société, le favori du camp républicain dans la course à la Maison Blanche se place sur une ligne plus dure que l’administration Bush en politique étrangère. Alors que le président américain prône l’établissement d’un Etat palestinien, M. Giuliani estime qu’il "n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis, alors qu’ils sont menacés par des terroristes islamistes, d’aider à la création d’un nouvel Etat qui soutiendra le terrorisme".

Dans la revue Foreign Affairs (septembre-octobre), le favori pour l’investiture républicaine pense que "l’accent a trop été mis sur l’établissement de négociations" israélo-palestiniennes. "Le peuple palestinien a d’abord besoin d’un gouvernement décent, comme condition préalable à la création d’un Etat", écrit M. Giuliani. En 1995, tandis que l’ONU fêtait ses cinquante ans à New York, Rudolph Giuliani, alors maire de la ville, avait qualifié le dirigeant palestinien Yasser Arafat de "meurtrier" et l’avait fait éconduire d’un concert au Lincoln Center, contre l’avis de la Maison Blanche.

Sur le dossier iranien, M. Giuliani se montre plus directement menaçant que le président Bush. "Les théocrates qui dirigent l’Iran doivent comprendre que nous pouvons manier la carotte aussi bien que le bâton, en minant le soutien populaire à leur régime, en nuisant à l’économie iranienne, en affaiblissant l’armée iranienne et, si tout le reste échouait, en détruisant son infrastructure nucléaire", dit-il.

M. Giuliani a choisi, parmi ses conseillers, Norman Podhoretz, un fondateur du mouvement néoconservateur, dont l’ancien maire de New York ne partage pas totalement l’idéalisme. M. Podhoretz est partisan de frappes préventives contre l’Iran, notamment pour prévenir "l’islamisation" d’une Europe qui, selon des thèses qu’il reprend à son compte, pourrait autrement devenir "Eurabie".

"Réexaminer" le rôle de l’OTAN

Si Rudolph Giuliani trace un parallèle entre la guerre en Irak et celle du Vietnam, c’est pour dire que, dans les deux cas, les Etats-Unis ont combattu "avec la mauvaise stratégie pendant plusieurs années" avant de "corriger la trajectoire" et de "commencer à avoir de vrais progrès". Les conséquences d’un retrait américain d’Irak seraient "pires" que celles du retrait du Vietnam, lequel, pense-t-il, est intervenu alors que la victoire était acquise.

M. Giuliani n’est pas en reste sur Cuba. Les Etats-Unis "doivent se tenir prêts à aider le peuple cubain à reconquérir sa liberté et à s’opposer à tout ce qui pourrait permettre à un régime corrompu et décrépit de consolider son pouvoir sous Raul Castro", prévient-il.

Pour faire face au "premier grand challenge du XXIe siècle", qui sera, selon lui, le combat contre le "fascisme islamique radical", Rudolph Giuliani veut notamment "reconstruire" l’armée américaine et "accélérer" le développement du système de défense antimissile entrepris par George Bush. Lui non plus n’entend pas "limiter de manière irréaliste la surveillance électronique ou les interrogatoires légaux".

Le candidat à l’investiture républicaine veut aussi "réexaminer" le rôle de l’OTAN pour que l’organisation s’élargisse et se mobilise contre toutes les menaces, "de l’agression territoriale au terrorisme". L’ONU, elle, "peut être utile pour certaines fonctions humanitaires et de maintien de la paix, mais les Etats-Unis ne devraient pas en attendre beaucoup plus", estime-t-il, jugeant que "l’organisation s’est révélée sans pertinence pour résoudre presque toutes les grands conflits", quand elle n’a pas été "faible, indécise et carrément corrompue".

Plus original, Rudolph Giuliani estime que "des entreprises telles que Pepsi, Coca-Cola, McDonald’s et Levi’s ont aidé à gagner la guerre froide en pénétrant le marché soviétique" et suggère "des types d’échanges similaires avec les pays musulmans".

Selon un sondage Quinnipiac University du 7 au 13 août 2007 sur l’élection présidentielle de novembre 2008, Rudolph Giuliani est donné 3 points derrière la favorite du camp démocrate, Hillary Clinton, (46 % contre 43 %), avec une marge d’erreur de 2,5 points.


Du même auteur :

- M. Bush invoque le spectre d’un "holocauste nucléaire" iranien en cas de retrait américain d’Irak

Philippe Bolopion - Le Monde, le 29 août 2007