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Iron Wall - Un film de Mohamed Alatar
dimanche 1er juillet 2007 - Plateforme des ONG pour la Palestine

"Iron Wall" décrit l’évolution de la colonisation des Territoires palestiniens sous les différents gouvernements israéliens depuis 1967 jusqu’à la construction du Mur. Il donne la parole à des responsables associatifs, paysans, militants pour la paix, journalistes, soldats... israéliens et palestiniens. Le réalisateur Mohammed Alatar a pris soin dans ce documentaire de fournir une description précise et très pédagogique d’une politique qui constitue un des principaux obstacles à la paix.

Le Monde diplomatique décrit Iron Wall comme « le meilleur film sur la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Iron Wall retrace l’histoire de la colonisation israélienne depuis 1967, montrant notamment son accélération depuis les accords d’Oslo et, plus récemment, à l’ombre du mur. Pour expliquer des images aussi fortes, souvent violentes, il fallait beaucoup de pédagogie : c’est le rôle du commentaire, retenu, et des interviews d’Israéliens et de Palestiniens - personnalités ou hommes et femmes de la rue ».

Le documentaire est à votre disposition au prix de 15 euros, frais de port compris, auprès de la Plateforme des ONG fançaises pour la Palestine.

PDF - 1.4 Mo

Présentation complète du film (document PDF : 1.4 Mo )


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Palestine - 2006 - 52 minutes - Couleur - Langues : Français/Anglais

Traduction/doublage : PAJU (Palestiniens et Juifs Unis) - Québec

Distribution : Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

Entretien avec Mohammed Alatar

Quelles ont été vos motivations pour réaliser ce documentaire, quel était le message que vous vouliez faire passer ?

Je milite dans mon travail pour les droits de l’Homme, pour la paix. Un de mes v ?ux les plus chers est de voir de mon vivant la paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Je cherchais donc des éléments qui forment les obstacles les plus importants des deux côtés pour arriver à cette paix. Rien ne m’est apparu plus compliqué, plus opposé à une possibilité de paix entre Palestiniens et Israéliens que
la question des colonies et du Mur. J’ai donc voulu montrer en quoi ils constituent les principaux obstacles à la paix.

On est en train de parler de paix sur la base d’un principe très symbolique : « la terre
contre la paix ». Les Israéliens rendent la terre occupée en 1967 et les Palestiniens
sont supposés signer un accord de paix. Mais les colonies rendent ce principe
impossible à appliquer. Personne ne rend la terre et personne n’obtient la paix.
J’espérais donc en faisant Iron Wall que les gens ouvrent les yeux, que les décideurs
politiques réalisent ce qui est en train de se passer et le mal que font les colonies au
processus de paix.

L’impression que donne le film est qu’il permet à n’importe qui de comprendre
le processus de colonisation israélien, sans forcément connaître à l’avance la
situation ? Etait-ce votre but ?

Effectivement, j’ai essayé de montrer aux gens l’étendue, la taille des colonies et
l’importance du problème. On peut espérer qu’en voyant ce film quelqu’un se lève et
agisse. Non seulement des militants pour la paix, mais également des hommes
politiques et le grand public.

En quoi était-ce important pour vous qu’interviennent dans votre
documentaire des voix palestiniennes et israéliennes ?

Je voulais que les gens aient aussi le point de vue de l’« autre côté », du côté
israélien. Si vous regardez de près n’importe quel sondage en Israël, il montre
qu’une écrasante majorité de la population est contre les colonies, mais Israël ne fait
rien. Ces voix ne sont pas des voix marginales, provenant seulement de la gauche
israélienne, elles sont les voix de la majorité.

Quel est l’impact du film, dans les Territoires palestiniens et en Israël ?

Du côté palestinien, les gens ont été surpris de voir l’étendue de ce que arrive dans les autres villes de Cisjordanie. Avec la construction du Mur, les gens séparés les uns des autres, les habitants de Naplouse ne savent pas véritablement ce qui se passe à Jénine, où on ignore ce qui se passe dans la ville de Qalqilya.

Mais les Palestiniens connaissent les colonies, ils vivent avec chaque jour, ce n’est pas nouveau pour eux, ce qui est nouveau c’est de voir à quel point la situation se dégrade.

Du côté israélien, nous avons montré le film à deux reprises, à Jérusalem et Tel Aviv. Les réactions sont bonnes mais les endroits où nous l’avons montré ne représentent pas la majorité de la population. Je ne sais pas quel serait la réaction de la société israélienne mais bientôt nous le montrerons aux télévisions israéliennes et là nous pourrons avoir une idée.

Dans le film, la séquence à Hébron de l’agression de Palestiniens par des colons israéliens est particulièrement marquante, quel était votre sentiment au moment du tournage de cette scène ?

Je me suis trouvé dans des situations plus délicates que celle-ci mais la particularité de cette situation est le côté « affectif » du raisonnement des colons. Lorsque nous
étions à Hébron, nous étions accompagnés les deux fois par un cadreur israélien. Il avait plus peur que nous. Ce n’est donc pas seulement parce que nous sommes Palestiniens : les colons sont complètement en désaccord avec vous quoi que vous pensiez, et c’est Dieu qui leur donne les réponses. Comment est-ce possible de parler avec des gens comme ça ? On a donc fait attention de ne pas les provoquer. On a essayé de les interviewer mais ça n’a pas marché.

Quel est, selon vous, le moment clef du documentaire ?

La scène de l’abattage des oliviers par l’armée israélienne. Je voudrais vraiment que les gens la regardent, retiennent leur respiration et se fassent une opinion. Pourquoi tuer cette communauté ? Ce sont des fermiers, ils ne peuvent vivre que s’ils ont des arbres, des terres et de l’eau. Et Israël leur prend tout ça. C’est comme les condamner à mort. Lorsque nous étions sur le terrain pour le tournage, c’était vraiment la chose la plus difficile pour nous, d’être avec les fermiers. Beaucoup
d’entre eux en ont assez, ils ne veulent plus en parler. De nombreux médias sont déjà venus les voir, leur poser des questions et leur situation reste la même.

Personne n’a été capable de les aider. J’aimerais aussi que les gens se penchent sur la carte du tracé du Mur. Rien qu’en suivant l’évolution de son tracé, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un mur de « sécurité ». Si Israël veut un mur pour sa sécurité, qu’il le construise sur les frontières non reconnues de 1967. C’est le seul pays au monde avec des frontières non reconnues.

Le documentaire finit sur la carte de la Cisjordanie, dont le territoire rétrécit à vue d’ ?il. Quelle est votre perception personnelle sur les 40 ans de l’occupation israélienne et votre perception en tant que réalisateur ?

Si on revient sur la phrase « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », l’ordre des mots est important : nous n’existons pas, nous ne sommes pas là. Mais cela est faux, nous étions là, avec une population, une nation, une culture. Et maintenant 40 ans !? C’est l’occupation la plus longue de l’histoire. 40 après, les Israéliens nous tiennent le même discours. Mais je ne suis pas vraiment inquiet car aucune occupation ne dure éternellement. L’occupation israélienne ne fait pas exception. Ils s’en ront. Mais combien devront mourir avant ?

En tant que réalisateur, c’est une bonne thématique pour continuer à faire des films....non, la vérité est que je ne veux pas continuer à faire ça. J’espère que le film
sur Jérusalem, sur lequel je suis en train de travailler, sera mon dernier.

Mais aujourd’hui en Palestine, on ne peut ignorer la situation !!! Quand je circule en Cisjordanie, sur chaque jolie colline de Cisjordanie se trouve une colonie, immense
et laide. Elle est là, elle prive les gens de leur paysage, de leurs ressources. Vous vous sentez obligés devez faire quelque chose.

Est-ce le rôle de chaque artiste sur une cause universelle, celle de la Palestine ?

Oui absolument, c’est votre combat à Paris, c’est le mien à Ramallah, c’est celui du Sud-Africain à Johannesburg, de quelqu’un à Mexico. Nous nous battons pour la même chose, pour le même concept : rendre la vie plus humaine. Le côté « spécial » de la Palestine est que la question palestinienne est la mère de tous les conflits actuels. C’est la plus grande injustice du siècle dernier.

Par rapport au conflit israélo-palestinien, croyez vous dans l’impact des images, votre documentaire étant très fort de ce côté-là ?

Bien sûr, nous avons montré le film à la communauté juive de Los Angeles. L’image qui les a le plus troublés est le graffiti sur un mur à Hébron1. Je me rappelle la
première fois que j’ai vu ce graffiti, j’étais avec une amie israélienne, elle s’est effondrée en larmes.

Vous venez de finir un documentaire sur Jérusalem, quelle est votre impression, 40 ans après l’annexion de la ville ?

Jérusalem est définitivement le c ?ur de ce conflit. Si on devait le réduire à un élément, ce serait à Jérusalem, et plus encore à la Vieille ville et plus encore à cet
espace très réduit que les juifs appellent le Mont du temple et les musulmans l’Esplanade des mosquées. Tout le conflit porte là-dessus. Mais le film sera orienté
de façon différente et se concentrera sur les deux piliers de la politique israélienne.

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