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Ce sont les femmes palestiniennes qui souffrent le plus de l’Intifada
dimanche 1er octobre 2006 - Donald Macintyre

Selon Amnesty International, les femmes palestiniennes ont subi de plein fouet la violence de la souffrance infligée par quatre années et demi de conflit mais leur difficile situation a été en grande partie ignorée.

L’Association des Droits Humains demande dans un rapport aux deux parties du conflit de prendre des « mesures urgentes » pour soulager la souffrance des femmes dans les territoires occupés, rapport qui critique aussi bien l’Autorité Palestinienne que l’armée israélienne pour n’avoir pas protégé les droits élémentaires des femmes.

Le rapport critique Israël pour n’avoir pas permis aux femmes malades et plus particulièrement à celles qui étaient enceintes d’avoir accès à des soins médicaux de l’autre côté des check-points et suggère que la pire des dévastations amenées par les démolitions de l’armée de plus de 4.000 maisons depuis le début de l’Intifada en septembre 2000 a été infligée aux femmes.

Le rapport met aussi en lumière le mauvais traitement infligé aux femmes dans les prisons israéliennes et l’impact d’une loi « discriminatoire » en 2003 qui empêche les couples, y compris les parents, de vivre ensemble si l’un des partenaires est Palestinien de Cisjordanie et l’autre un citoyen arabe israélien ou habitant Jérusalem Est.

Mais le rapport, sous-titré ?Conflit, occupation et patriarcat’ blâme aussi l’Autorité Palestinienne de n’avoir pas été « capable ou d’avoir manifesté une mauvaise volonté » pour se confronter aux abus sur les femmes, y compris les crimes ?d’honneur’ et dit qu’il est impossible pour les femmes menacées par leurs familles de s’échapper. Le rapport signale aussi que 200 femmes israéliennes ont été tuées par des groupes armés palestiniens ainsi que 160 femmes palestiniennes qui ont été tuées par l’armée israélienne.

Parmi les séries déchirantes d’études de cas typiques, le rapport cite le cas de Maysoon Saleh Nayef al-Hayek, dont le voyage de 16 kilomètres de son village à l’hôpital de Naplouse pour accoucher de son premier enfant s’est terminé en cauchemar durant lequel son mari a été tué par des tirs de soldats israéliens.

Dans le rapport, Maysoon décrit comment son mari la conduite avec son beau-père au check-point Huwara et rajoute qu’après avoir été contraint de sortir de la voiture pour montrer leurs papiers : « nous avons dit aux soldats que je devais aller à l’hôpital pour accoucher dès que possible et que j’avais de violentes douleurs. Ils ont refusé, puis m’ont dit de découvrir mon ventre afin de voir si je disais la vérité. Tout cela a duré environ 1 heure puis on nous a dit d’avancer. Nous avons démarré et après quelques centaines de mètres, j’ai entendu des tirs provenant de l’avant de la voiture. »

« La voiture s’est arrêtée et j’ai vu mon mari...il avait reçu des balles dans la gorge et dans le haut de son corps et saignait abondamment. » Elle a ajouté « des soldats sont arrivés et m’ont sortie de la voiture. Ils m’ont forcée à enlever mes vêtements pour m’examiner. Puis ils m’ont laissé sur le sol, avec des blessures qui saignaient et avec des contractions. J’ai demandé quelque chose pour me couvrir mais ils ont refusé. Aujourd’hui encore je ressens une honte et de la colère ».

Son mari venait de mourir et elle a donné naissance à son enfant dans un ascenseur de l’hôpital.

NA, une femme de 38 ans de Khan Yunis dans la Bande de Gaza, raconte qu’elle était partie à Alexandrie pour recevoir un traitement médical en décembre de l’année dernière mais que depuis, elle n’avait pas eu la permission de revenir chez elle. « J’ai 4 enfants qui sont tous scolarisés et le plus jeune a 5 ans. Tout ce que je demande, c’est de revenir chez moi ».

Mais le rapport met aussi en évidence le cas de Maha, 21 ans, une femme palestinienne qui a été forcée par son père de boire du poison en septembre après qu’il ait découvert qu’elle était enceinte. Maha a téléphoné au ?Women’s Affairs Technical Committee », une ONG de femmes dans la ville de Gaza pour trouver de l’aide mais il a été impossible d’atteindre Beit Hanoun parce que l’armée israélienne avait lancé une grande opération et avait fermé hermétiquement la zone. En conséquence, elle n’est pas arrivée à temps à l’hôpital pour être sauvée.

Le rapport, écrit par l’expert d’Amnesty au Moyen Orient, Donatella Rovera, dit aussi que les femmes endurent la violence de la colère des parents mâles qui se sentent humiliés parce qu’ils ne peuvent pas « remplir leur rôle traditionnel de pourvoyeurs de la famille » suite aux ravages économiques provoqués par les bouclages et les blocus israéliens.

« Mon bébé est mort dans mes bras à un check-point ».

En août 2003, Rula Ashtiya (29 ans) a été obligée d’accoucher par terre sur un chemin de terre à côté d’un check-point à cause du refus des soldats israéliens de la laisser passer. Son mari, Daoud a appelé une ambulance mais, parce que l’ambulance ne pouvait pas passer, on leur a dit qu’ils devaient aller au check-point Beit Furik situé entre leur village et la ville de Naplouse.

Rula raconte : « nous avons pris un taxi et en sommes sortis avant le check-point car les voitures n’ont pas le droit de s’approcher du check-point, et nous avons marché le reste du chemin ; j’avais des douleurs. Au check-point il y avait plusieurs soldats qui buvaient du café ou du thé et qui nous ont ignoré. Daoud leur a parlé en hébreu. J’avais des douleurs et je sentais que j’allais accoucher à tout moment. Je l’ai dit à Daoud qui a traduit mes paroles aux soldats mais ils ne nous ont pas laissé passer ».

« J’étais couchée par terre et j’ai rampé derrière un bloc de béton à côté du check-point pour avoir un peu d’intimité et j’ai accouché là, dans la poussière comme un animal. J’ai tenu le bébé dans mes bras ; elle a bougé un peu mais après quelques minutes, elle est morte dans mes bras ».

Son mari en pleurs a coupé le cordon ombilical avec une pierre.

Jérusalem, 31 mars 2005, Independent News :
http://news.independent.co.uk/world...
Traduction Ana Cleja