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Daesh s’attaque à l’Etat sioniste
jeudi 7 janvier 2016 - Abdel Bari Atwan

Ynet, le site israélien d’informations, a indiqué que l’homme armé - que les autorités refusent de nommer - a fait connaître dans le passé son soutien à « l’État Islamique » et la plupart des commentateurs estiment que l’attaque a été au moins inspirée par le groupe.

Si ceci représente la première attaque par l’État Islamique à l’intérieur d’Israël [Palestine historique], cela pourrait marquer le début d’une nouvelle campagne mortelle annoncée la semaine dernière dans rare message audio du chef de l’EI, Abu Bakr al-Baghdadi, dans lequel il a averti : « Israël, nous nous rapprochons jour après jour ».

Cette attaque survient à la suite d’un attentat à la bombe dans un autobus de Tel Aviv et un grand nombre d’actes de violence menés de façon isolée à l’intérieur d’Israël, par des Palestiniens au cours des deux derniers mois. Les dizaines d’attaques au couteau, de tirs et de chocs par voiture ont tué 20 Israéliens et en ont incité certains à parler d’une troisième Intifada.

Si l’EI est en effet arrivé en Israël, un peut imaginer qu’il ne lui sera pas difficile de recruter des jeunes pour combattre les autorités israéliennes dont le système d’apartheid et le racisme transforment en enfer la vie des Palestiniens.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu n’a rien fait pour limiter les excès du mouvement illégal des colons, dont la haine raciste déchainée envers les arabes a provoqué une grande partie des bouleversements actuels. Le 24 décembre, une vidéo prise dans un mariage de colons montrait des participants célébrant la mort du bébé palestinien Ali Dawabshe, tué avec ses parents dans un incendie criminel provoqué dans leur maison plus tôt cette année. Les jeunes participants ont poignardé une photo d’Ali tout en dansant, brandissant des cocktails Molotov, des armes à feu et des couteaux.

Il n’y a pas lieu de s’étonner que cet extrémisme rencontre un extrémisme en retour.

Chaque jour apporte de nouvelles preuves de l’injustice qui alimente les flammes de la colère palestinienne. Début décembre, trois colons ont été reconnus coupables d’avoir torturé et brûlé vif un adolescent palestinien, Mohamad Abu Khdeir. Les Palestiniens qui manifestaient à l’extérieur du tribunal ont bien fait savoir que si c’étaient des Palestiniens qui avaient commis un crime tellement affreux, leurs maisons auraient déjà été rasés à coups de bulldozer et ils auraient écopé de la peine maximum.

Le meneur des meurtriers, Yosef Ben David âgé de 31 ans, a refusé de se défendre devant le tribunal et son avocat a prétendu que son client ne pouvait être jugé responsable puisqu’il n’était pas « mentalement responsable » au moment du meurtre. Ben David pourrait bien repartir libre et peu de gens imaginent que ses deux complices, les deux mineurs, passeront de longues périodes en prison quand le jugement sera rendu en janvier.

Les actes criminels mineurs commis par des Palestiniens, cependant, entraînent les punitions les plus draconiennes - et souvent les suspects n’ont même pas droit à un tribunal parce qu’ils sont abattus sur place ou tabassés à mort par les soldats israéliens.

Plus tôt ce mois-ci, des gardes israéliens ont découvert que deux adolescentes palestiniennes portaient des ciseaux dans leurs sacs. Hadeel Awwad, âgée de 16 ans, a été immédiatement tuée sur place tandis que sa cousine Norhan Awwad était battue à coups de chaise puis tuée par balles par les gardes alors qu’elle gisait inconsciente à terre. Depuis le 1er octobre, les troupes israéliennes d’occupation et les colons juifs armés ont assassiné au moins 94 Palestiniens, en appliquant leurs propres règles de justice expéditive.

L’Autorité palestinienne (AP) n’échappe pas au blâme pour la situation lamentable qui est celle des Palestiniens aujourd’hui. Autant il est vrai que Netanyahu a sciemment détruit le processus de paix par sa position intransigeante sur la question des colonies, du mur d’apartheid et de plusieurs autres questions clés, autant Mahmoud Abbas n’a appliqué aucune réelle pression sur Tel Aviv.

Bien qu’il soit sans mandat électoral depuis celui-ci s’est officiellement achevé en janvier 2009, Mahmoud Abbas a continué à assumer la fonction de leadership pour les Palestiniens sur la scène mondiale. C’est le genre de comportement qu’ont adopté des « hommes-forts » comme Khadafi, Saddam Hussein et Bashar Al-Assad, mais hélas, Abbas n’a vraiment rien d’un homme fort...

Quand Abbas s’est adressé à l’Assemblée générale le 30 septembre alors que le drapeau palestinien était hissé pour la première fois devant les bâtiments des Nations Unies, il a voulu montrer les dents à Israël en disant que l’AP n’était plus liée par les Accords d’Oslo et qu’elle pouvait abandonner la coopération répressive sur laquelle lui-même s’était engagé avec Israël. Rien n’a suivi et Abbas, tout au contraire, a tranquillement suivi le conseil hypocrite de ses amis occidentaux qui lui préconisaient les vertus de la patience.

Combien honteux aussi, est le fait qu’Abbas n’a pas mis à la poubelle le Protocole de Paris de 1994 qui a estropié l’économie palestinienne, faisant de celle-ci, pour des raisons politiques, l’esclave du système fiscal israélien. Au lieu de cela, il l’a sciemment renouvelé en 2012. Le Protocole de Paris a établi une frontière extérieure commune pour les territoires palestiniens et Israël, ce dernier gérant tous les droits d’importation et les taxes.

Les Israéliens sont censés ensuite transférer toutes les taxes collectées qui reviennent aux Palestiniens, mais ils bloquent fréquemment ces sommes dues afin de mettre la pression sur l’AP. Israël interdit aux Palestiniens d’établir leurs propres frontières économiques et de jouir de l’indépendance fiscale ou d’une zone de libre échange, parce qu’il craint que cela ne soit un premier pas vers une autonomie politique.

Il n’est pas surprenant que les Palestiniens se sentent humiliés, frustrés et en colère.

Peu de gens peuvent nier que les interventions désastreuses des États-Unis en Irak, en Libye et en Syrie, ont servi d’incubateur à l’Etat islamique (EI) et ont grandement facilité son expansion.

L’EI a prouvé qu’il était capable de pénétrer avec aisance dans les terres étrangères et il dispose à présent de « branches », d’amis et d’alliés dans beaucoup de pays, dont la Libye, la Somalie, l’Afghanistan, les Philippines, le Mali, le Nigéria, le Yémen et le Caucase. La plus proche d’Israël est sa branche du Sinai, et avec ses attaques à Paris, l’EI a ouvert une brèche de sécurité au coeur de l’Europe.

Je ne doute pas que l’EI a des ambitions à l’intérieur d’Israël et en Palestine occupée et qu’il est capable de les mettre en oeuvre.

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* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai Alyoum :. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération.Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

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2 janvier 2016 - Raï al-Yaoum - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.raialyoum.com/?p=367679
Traduction : Info-Palestine.eu - Lotfallah