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Face aux continuelles coupures d’électricité, les Gazaouis veulent avoir recours à l’énergie solaire
mercredi 29 janvier 2014 - Hazem Balousha
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Une infirmière Palestinienne qui s’occupe d’un bébé à la couveuse, le 24 mars 2012, hôpital de Khan Younis. Dans la ville de Gaza, à l’hôpital Nasr pour enfants, la pouponnière pour enfants prématurés utilise un système d’énergie solaire (photo by REUTERS/ Ibraheem Abu Mustafa)

Autre imprévu a laissé l’invitée toute frustrée. En branchant sa batterie pour rechargement, Hurqali réalise que l’électricité a été coupée. Etant le dernier membre de la famille à quitter la maison, elle a dû appeler un de ses voisins pour la conduire jusqu’à la rue principale d’où elle prendra un taxi jusqu’à la salle des fêtes. La rue transversale qui mène à la maison de Hurqali n’est pas conçue pour être traversée par les voitures, d’où l’impossibilité d’appeler un taxi jusqu’à chez elle.

Cet imprévu met la lumière sur les difficultés que rencontrent les nombreux handicapés de Gaza. Hurqali en est un exemple. Elle utilise quotidiennement son fauteuil roulant pour se rendre à l’université où elle suit une spécialité dans le domaine des multimédias. Toutefois, elle se retrouve souvent bloquée et limitée dans ses mouvements à cause des pénuries d’électricité. Si elle veut prévoir un déplacement vers un point donné, elle doit d’abord vérifier l’état de sa batterie et si celle-ci serait capable de la conduire jusqu’à sa destination et la reconduire chez elle.

« Mon histoire avec les pénuries d’électricité relève du parcours du combattant, » a-t-elle déclaré à Al-Monitor. « Il m’est arrivé, assez fréquemment, de renoncer à la sortie à cause de la batterie à plat ou bien insuffisamment rechargée pour me conduire là où je veux. »

Elle ajoute : « Récemment, je me suis mise à compter le temps qu’il me faut pour atteindre ma destination et combien d’énergie reste dans la batterie car, il m’est arrivé plusieurs fois d’être en panne au milieu de la route. J’appelais donc quelqu’un de ma famille pour me conduire à l’endroit le plus proche pour recharger ma batterie. »

En effet, la Bande de Gaza souffre, depuis la mi-2006, de graves pénuries d’électricité. Ces coupures ont commencé depuis qu’Israël a bombardé l’unique centrale électrique du territoire. La crise était alors exacerbée par les conflits politiques entre le Hamas et le Fatah et les questions autour de l’importation du combustible industriel requis pour les opérations du mouvement. La Bande est alimentée en électricité durant huit heures par jours, et en est périodiquement privée pendant huit autres heures.

Mais quelques mois auparavant, Huraqli a bénéficié d’un projet mis en place par le Club Salam pour les handicapés à Gaza. Elle a reçu un panneau solaire pour recharger la batterie de son fauteuil roulant en cas d’indisponibilité du réseau électrique. Il lui a été d’une grande aide et assistance.

A présent soulagée, Huraqli reconnait : « Je peux maintenant partir à l’université sans encombres. Je ne me soucie plus d’électricité pour recharger ma batterie puisque je le fais avec mon panneau solaire qui a rendu son utilité à mon fauteuil que je croyais toutes ces années inutile. Je peux désormais partir là où je veux sans avoir à compter l’énergie restante qui alimente ma batterie. »

Et justement, nombreux sont les habitants de Gaza qui se sont tournés vers l’utilisation de l’énergie solaire dans le but de produire l’électricité ; une méthode qui remplace les autres méthodes à l’instar des générateurs qui fonctionnent avec le carburant importé d’Israël. Gaza lutte contre la pénurie du carburant, sans oublier son prix très élevé et ce, depuis que les tunnels sur la frontière Egyptienne ont, à la mi-2013, étaient détruits et fermés et, par voie de conséquence, la fin du passage en contrebande du carburant.

La demande de l’énergie solaire a augmenté chez les Gazaouis, un constat confirmé par Ali Hussein, ingénieur et propriétaire d’une entreprise engagée dans le secteur. Toutefois, il souligne à Al-Monitor que les prix colossaux des systèmes freinent le pouvoir d’achat de nombreux habitants.

Selon lui, le système le moins cher destiné aux foyers coûte environ $1.350 ; un montant exorbitant pour la majeure partie des Palestiniens de Gaza. Le système peut fournir un éclairage qui dure des heures et fait fonctionner les télévisions et autres appareils électriques légers.

Aussi, quelques institutions publiques ont récemment commencé à installer des systèmes solaires dans leurs infrastructures. A l’hôpital Nasr pour Enfants, par exemple, la pouponnière pour les prématurés n’utilise que le système solaire, tout comme la station de pompage d’eau de Khan Younis et quelques écoles de la Bande de Gaza.

En général, les systèmes qui utilisent l’énergie solaire sont classés comme positifs ou négatifs en fonction de l’utilisation et de la transformation de l’énergie solaire et sa distribution. Les technologies qui utilisent le système d’énergie solaire positive font appel à des panneaux photovoltaïques et des capteurs solaires thermiques, en plus des appareils électriques et mécaniques, pour transformer la lumière du soleil en une forme d’énergie utile.

Pour Ayman Ayyad, autre habitant de Gaza, 70% de l’énergie utilisée dans sa maison est solaire. Après avoir longtemps lutté contre les coupures d’électricité permanentes, Ayman a, depuis huit mois, opté pour l’énergie solaire. Il était particulièrement affecté par les coupures d’électricité à cause de sa maladie pulmonaire qui nécessite l’usage d’un respirateur à intervalles de quelques heures.

« Je me sens relativement mieux. Je n’ai plus à me battre pour faire fonctionner mon respirateur depuis que j’ai installé le système d’énergie solaire à la maison. J’avoue que j’ai payé très cher, plus de $4000, mais ma santé et le besoin de l’énergie électrique n’ont pas de prix, » a-t-il confié à Al-Monitor.

Depuis l’émergence du problème d’électricité, les Gazaouis n’ont ménagé aucun effort à tenter de trouver une alternative aux pénuries. Au début, ils ont eu recours à de petits générateurs qui fonctionnent avec le carburant. Ensuite, ils se sont rabattus sur les batteries rechargeables appelées onduleurs pour l’éclairage. Quant à la tendance actuelle, elle s’appelle l’énergie solaire, néanmoins, les difficultés financières empêchent son développement et sa généralisation.

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* Hazem Balousha est un journaliste palestinien basé dans la Bande de Gaza. Il a travaillé à la BBC World Service, à Deutsche Welle et a écrit pour The Guardian et Al-Raya (Qatar). Il est le fondateur de l’Institut Palestinien de la Communication et du Développement (Palestinian Institute for Communication and Development – PICD)

Du même auteur :

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22 janvier 2014 – Al Monitor – Vous pouvez consulter cet article en anglais à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha