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Vies sous occupation : « Ma vie est désormais synonyme de désastre »
dimanche 1er septembre 2013 - PCHR Gaza
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Photo de Najwa dans son domicile de la Bande de Gaza

Najwa en est un cas parmi tant d’autres. Cette mère de 4 garçons et de 3 filles décrit l’incident qui s’est produit le 18 novembre 2012 : « Comme chaque jour, je me suis levée de très bonne heure. Après avoir accompli les prières de l’aube, j’ai entamé mon habituelle préparation du pain pour le petit déjeuner de mes enfants. Je me suis dirigée vers la cour déouverte pour laver la plaque de cuisson. Il devait être environ 6h30 du matin et je pouvais clairement entendre le bruit d’un drone dans le ciel. Pour moi c’était quelque chose d’habituel en temps de guerre, et puis nous habitons à 1km de la frontière. Soudain, il y a eu une très forte explosion à quelques mètres de moi. J’étais terrorisée par le bruit. Toute la cour était couverte de fumée et j’étais incapable de voir pendant quelques secondes. J’étais engourdie et je ne sentais plus rien. Puis en baissant les yeux, j’ai vu que mes mains ainsi que les autres parties de mon corps étaient complètement recouvertes de sang. A la vue de ce décor terrifiant je me suis évanouie et je ne me souviens pas de qui s’est passé après. Lorsque j’ai repris connaissance, j’étais à l’hôpital. En fait, j’étais étonnée d’apprendre que j’étais à Jérusalem-Est et que je venais de me réveiller d’un coma qui a duré quatre mois. »

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La cour de la maison de Najwa, l’endroit où elle a été blesse suite à l’attaque du drone

Quant à la famille de Najwa, elle a vécu l’enfer après l’attaque et ses résultats. En effet, outre leur angoisse de ne plus voir Najwa sortir du coma, les membres de sa famille ont rencontré de sérieux soucis financiers puisque le traitement nécessaire ne pouvait pas être dispensé dans la Bande de Gaza. Samir, l’époux de Najwa explique : « Juste après l’incident, nous avons voulu transférer ma femme à l’hôpital al-Makassed mais les autorités israéliennes ont rejeté notre demande d’autorisation de voyager dans Israël. Nous avons donc attendu jusqu’à l’annonce de la trêve le 21 novembre. Quatre jours après l’attaque, Najwa a été évacuée à Jérusalem-Est. Ça nous a pris beaucoup de temps pour pouvoir coordonner le voyage à Israël, sans compter les nombreuses restrictions qui nous avaient été imposées. Les autorités israéliennes n’autorisent la présence que d’un seul garde-malade. C’est le frère de Najwa qui est parti avec elle ; moi je ne pouvais pas l’accompagner parce que je devais m’occuper de nos enfants ici à Gaza. Le voyage à Jérusalem-Est dure 1h30 mais l’ambulance a mis 4 heures à cause du passage frontalier d’ Erez. Najwa était tellement mal en point que l’ambulancier avait indiqué au médecin à Jérusalem-Est qu’il ne pense pas qu’elle s’en sortirait. »

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Samir, le mari de Najwa devant l’endroit où se trouvait son épouse avant l’attaque

Durant les quatre mois de coma de Najwa, les membres de sa famille devaient lui rendre visite à tour de rôle. Ce déplacement en lui-même était un problème car Israël impose de sévères restrictions aux voyages de et vers la Bande de Gaza, même si les raisons du déplacement sont purement médicales. Ces mesures draconiennes exigent que l’accompagnateur soit âgé d’au moins 35 ans et doit faire l’objet de mesures rigoureuses de vérification de sécurité. Samir explique : « Plusieurs membres de notre famille ont eu un rejet de leurs demandes de visite. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi pensent-ils que nous représentons une menace pour eux, sachant que nous n’appartenons à aucun groupe armé, bien au contraire, nous sommes de simples gens pacifiques. »

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Restes du missile qui a causé les blessures de Najwa

Najwa est sortie du coma en début du mois de mars de l’année en cours. Cependant, malgré son faible état de santé, elle a quand même été maltraitée au niveau du passage d’Erez, sur le chemin de son retour à la Bande de Gaza : « Je n’ai reçu aucun traitement spécial en arrivant à la frontière, bien que je sois arrivée dans une ambulance, souffrant de douleurs incessantes. Une militaire israélienne m’a fouillée avec son détecteur de métaux qui a naturellement sonné à cause des broches et des plaques implantées dans mes bras pour guérir mes blessures. J’ai beau lui expliquer, elle n’a rien voulu savoir et m’a quand même obligée de me déshabiller pour le lui prouver. Elle voyait bien que je descendais d’une ambulance sur un fauteuil roulant mais rien à faire, elle a continué à me maltraiter. »

Les ennuis de Najwa se sont poursuivis après qu’elle ait été autorisée à traverser le passage : « Pour traverser le portail, vous devez impérativement passer par une petite porte tournante de sécurité. Or, c’est tellement étroit que même une personne en bonne santé traverserait non sans difficultés. Il m’a fallu des heures pour les convaincre de me laisser passer à travers la porte de sécurité qui se trouve dans leur bureau, étant donné mon état de santé. Finalement, mes arguments ont payé et j’ai été autorisée à utiliser leur porte de passage, sauf que je devais marcher car ils ont refusé le fauteuil roulant. »

Depuis son retour la maison, Najwa éprouve du mal à reprendre sa vie quotidienne : « Ma vie est désormais synonyme de désastre. Il me faut toujours deux ou trois personnes pour m’aider à faire des choses très simples comme manger ou circuler. »

En effet, Najwa a reçu des éclats d’obus dans tout son corps, mais plus particulièrement au niveau des bras, des jambes et de l’abdomen : « Ils ont dû couper une partie de la peau de ma cuisse pour la rattacher à mon estomac. J’ai des douleurs incessantes et je ne peux pas m’asseoir correctement. Aucune position ne me convient, je suis mal à l’aise surtout au moment du sommeil. Aussi, je vis désormais avec une poche de colostomie. Je sais que ma vie ne redeviendra jamais normale. Je bouge difficilement, même avec mes séances de physiothérapie. Et si je rate une séance, mes douleurs s’accentuent et certaines parties de mon corps enflent. »

Longue et pénible sera la route vers la guérison. Najwa se trouve au milieu d’un processus ardu où elle devra retourner à l’hôpital de Jérusalem-Est tous les quelques mois afin de subir davantage d’opérations. En outre, son cas nécessite une chirurgie plastique pour corriger les blessures de sa peau. Tout cela exigera bien évidemment d’importantes dépenses que Samir et sa famille ne peuvent assurer. L’époux déplore : « Le traitement est très coûteux. Il est vrai que le Ministère de Santé de Ramallah a pris en charge les coûts de l’opération, mais nous devions payer les médicaments et les fournitures et matériels médicaux de Najwa, comme les poches de colostomie. Elles sont presque introuvables à Gaza, ce qui rend leur acquisitions d’un autre endroit difficile et coûteuse, mais heureusement qu’il y a la famille et des amis pour me prêter de quoi les acheter. »

Interrogée sur l’avenir et ce qu’il lui réserve, Najwa répond : « Je prie seulement pour que mon état de santé s’améliore et redevienne comme avant et j’espère que ma fille sera autorisée à m’accompagner la semaine prochaine à l’hôpital de Jérusalem-Est. »

Samir, quant à lui, est convaincu que son épouse a été directement ciblée par le drone israélien : « Le missile ciblait directement Najwa, alors qu’il n’y avait aucune raison pour qu’on lui tire dessus. »

Et justement, cibler délibérément des civils est un acte interdit par le droit Humanitaire International, tel que stipulé dans les Articles 48-51 du Premier Protocole Additionnel de 1977 des Conventions de Genève de 1949. Cette interdiction a été reconnue en tant que norme de droit international humanitaire coutumier par le Comité International de la Croix Rouge (Règles 1 à 6 de l’étude de la Croix Rouge de 2005)

De plus, la Cour Pénale Internationale définit l’action de cibler délibérément des civils comme crime de guerre aux termes des Articles 8(2)(a)(i), 8(2)(a)(iii), et 8(2)(b)(i) du Statut de Rome de 2002. L’Article 27 de la Quatrième Convention de Genève de 1949 oblige les Parties au conflit et la Puissance Occupante à respecter l’honneur des civils et à les traiter humainement. En outre, l’Article 12 du Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels de 1966 garantit le droit qu’à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre, et oblige les Etats Parties à créer les conditions propres à assurer à tous des services médicaux et une aide médicale en cas de maladie.

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08 mai 2013 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha