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Israël manque de candidats à l’immigration
samedi 21 avril 2007 - Patrick Saint-Paul - Le Figaro

L’« Aliyah », la montée des juifs vers Israël, cherche un nouveau souffle. Pour la première fois depuis les années 1980, Israël est en panne d’immigrés. Selon les projections du Bureau central des statistiques israélien, davantage de citoyens quitteront l’État hébreu en 2007, que celui-ci n’accueillera de nouveaux arrivants. Depuis sa création en 1948, Israël a fait de l’immigration vers la terre promise une priorité nationale avec un objectif : préserver la majorité juive.

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Selon le Bureau central des statistiques, quelque 19 267 nouveaux immigrants sont arrivés en Israël contre 21 168 l’année précédente.
(Ph. Karp/AP)

Amorcée avec le début de la seconde Intifada, en septembre 2000, la chute a atteint un niveau critique l’année passée. Selon le Bureau central des statistiques, quelque 19 267 nouveaux immigrants sont arrivés en Israël contre 21 168 l’année précédente, alors qu’environ 20 000 citoyens quittent le pays chaque année. Les chiffres pour le premier trimestre de 2007 sont alarmants. Au rythme actuel, Israël accueillera seulement 14 400 nouveaux immigrants cette année, selon les projections. Si ces chiffres se vérifient, 5 000 personnes de plus auront quitté le pays.

L’État hébreu mal dirigé

Depuis 2003, lorsque l’Intifada a atteint son pic de violence, le nombre de candidats au départ ne cesse d’augmenter alors que les nouveaux arrivants sont de moins en moins nombreux. La grande majorité de ceux qui quittent le pays sont de nouveaux immigrés ayant raté leur intégration en Israël. L’État hébreu n’a connu une immigration négative qu’à deux reprises depuis sa création : en 1974, après la guerre du Kippour, et en 1983 et 1984, en raison d’une très forte inflation.

Avec une croissance insolente de 5 % en dépit de la guerre au Liban, Israël affiche des indicateurs économiques au vert. Mais la chute de l’immigration et l’augmentation de l’émigration traduisent un malaise, qui s’est installé après la guerre au Liban. Les Israéliens sont de plus en plus nombreux à juger inéluctable une nouvelle confrontation avec le Hezbollah ou avec la Syrie. L’impuissance de la communauté internationale face à la montée du péril nucléaire iranien inquiète aussi les Israéliens, alors que le président Mahmoud Ahmadinejad ne cesse de répéter sa volonté d’« effacer Israël de la carte ».*

Selon un sondage, réalisé à l’occasion de la fête nationale israélienne, un quart des Israéliens a envisagé de quitter le pays en 2006. Plus de 90 % des personnes interrogées jugent que l’État hébreu est mal dirigé et s’inquiètent du climat de corruption entourant la classe politique. La question du système éducatif israélien arrive en tête des préoccupations. Ainsi, 50 % de jeunes, âgés de 18 à 29 ans, ont envisagé de quitter Israël en 2006. « Le fait que la moitié des jeunes aient hésité à quitter Israël doit servir de sonnette d’alarme à tous ceux qui aiment l’État hébreu », estime la politologue Aliza Shenhar.

En 2005, Ariel Sharon s’était fixé pour objectif de faire venir en Israël un million de juifs dans les quinze prochaines années, pour consolider la majorité juive en Israël (5 300 000 juifs sur une population de 7 millions d’habitants). Celui-ci est loin d’être atteint. Après les vagues d’immigration massives en provenance du bloc soviétique dans les années 1970 et 1980, l’« aliyah » peine à trouver son second souffle. Israël considère la France comme son plus important réservoir d’immigrés potentiels en Europe, avec une communauté juive d’environs 600 000 personnes.


* Lien hypertexte ajouté par la publication.


Par le même auteur :

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Patrick Saint-Paul, correspondant à Jérusalem - Le Figaro, le 21 avril 2007