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Histoires de réfugiés - Um Nasser - « Ma vie a été balayée ».
lundi 16 avril 2007 - UNRWA

Histoires de réfugiés : Um Nasser, tente N°1
« ma vie a été balayée ».

UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East)

12 avril 2007,

Le nouveau camp de réfugiés se trouve sur le sommet de la colline d’Um Nasser au nord de Gaza. En entrant dans le camp, juste à droite, se trouve la tente n°1 et, dans cette nouvelle tente, la famille Abu Atek, un groupe de gens différents de celui d’avant le 27 mars 2007.

Salem Abu Atek (42 ans) et sa femme ainsi que sa belle-s ?ur et 10 enfants se rappellent avec horreur les images de mort qui ont surgi du débordement des eaux d’égouts ce jour là. Les égouts se sont déversés de la colline proche en détruisant les infrastructures de la ville et tuant et déplaçant des centaines de réfugiés de l’une des zones les plus pauvres de la Bande de Gaza.

Salem Abu Atek raconte : « Je n’étais pas chez moi au moment de la catastrophe mais j’en ai entendu parler à la radio. J’étais effondré. J’avais l’impression que toutes les catastrophes d’une certaine façon tombaient sur moi. Ce n’est pas la première fois que j’ai souffert dans ma vie ». Il ajouta : « Je suis retourné dans mon quartier et j’y ai trouvé des gens qui me présentaient leurs condoléances pour avoir perdu ma mère et mon petit fils et pour la destruction à la fois de ma maison et de ma vie ».

Il continue : « ma famille et moi vivions avant dans la ville d’Al-Sheikh Zayed. Puis j’ai déménagé avec mes frères à Bet Hanoun dans le nord de Gaza où j’ai construit une maison. Dieu seul sait à quel point les Israéliens ont pu totalement détruire ma maison lors des incursions de 2003. J’ai alors été obligé de déménager dans le village bédouin de Um Nasser afin d’y construire une simple maison ».

Sa femme Aziza raconte : « J’ai entendu des gens crier et courir dehors, je portais mon fils contre ma poitrine. J’ai vu un énorme flot d’eau venant vers moi. J’ai essayé de courir pour m’échapper mais l’eau continuait à me suivre. Je suis tombée par terre. J’étais incapable de résister au courant et les eaux d’égouts m’ont enlevé mon petit fils. Je devenais folle en essayant de le trouver. Finalement les voisins inquiets pour ma vie, m’ont emmené loin des eaux qui s’écoulaient. » Elle ajouta : « Je ne peux pas croire que j’ai perdu mon fils. Je retourne tout le temps à l’endroit où je l’ai perdu. Je hais cet endroit et je veux vraiment partir ; je ne peux pas à faire face au fait que cet endroit est la raison pour laquelle ma vie est devenue une misère sans fin ».

Nawal qui a 16 ans, dit : « les eaux d’égouts ont atteint une hauteur de plus de 2 mètres. Nous courions et l’eau continuait à nous suivre jusqu’au moment où ma s ?ur, Huda, et moi avons réussi à monter sur une colline de sable et qu’un bulldozer est arrivé et nous a sauvé ».

Mahdi, le frère de Salem, raconte : « Je me suis précipité sur les lieux dès que j’ai appris ce qui se passait. J’ai essayé de faire sortir ma famille et j’ai réussi à aider certains d’entre eux. J’ai pensé tout à coup à ma mère et j’ai refusé de partir malgré le niveau des eaux d’égouts qui montait. J’ai essayé de la trouver, je pleurais mais au fond de moi je hurlais parce que je réalisais à ce moment là que je ne la reverrai plus jamais. »

« L’UNRWA nous a fourni des tentes, des ustensiles de cuisine et des matelas » dit Huda. « L’UNRWA fait aussi une évaluation journalière de notre situation mais cela ne suffit pas ».

Huda demande à l’UNRWA de la faire sortir elle et sa famille du camp. « La nuit, le froid nous tue, les moustiques et les insectes sont mortels et dégoûtants. L’odeur sur place est insupportable et des énormes quantités de vers commencent à sortir de terre ». Puis elle continue : « trois de mes frères sont malades et leur état est en train de se détériorer. L’UNRWA fait de son mieux, mais la situation empire et nous devons partir d’ici ; n’importe où. La chose la plus importante est que nous réussissions à laisser derrière nous la mort et la destruction qui nous entourent. »

Selon Mohammed Abu-Kamar, le directeur du camp de l’UNRWA, ce nouveau camp consiste de 332 tentes hébergeant 2 147 personnes. Tous ont un grand besoin d’aide.

« Les gens ont tout perdu. Les maladies ont commencé à apparaître suite au manque de de fournitures de base. La seule aide vient de l’UNRWA et de quelques autres organisations humanitaires ».

Abu-Kamar dit que l’UNRWA supervise le camp et qu’il y a des groupes qui travaillent étroitement avec le ministère des Affaires Sociales, le ministère de l’Environnement et le ministère de la Santé et qui proposent une aide psychologique.

Le camp fournit des installations de toilettes mobiles et fait des efforts pour améliorer l’éclairage afin d’apporter aux résidents un semblant de normalité et de prolonger les heures de travail des équipes humanitaires.

Beaucoup des résidents du camp souffrent de traumatisme et de choc. Cela inquiète beaucoup l’UNRWA et une équipe travaille sur le soutien psychologique. L’équipe travaille jour et nuit en essayant d’adoucir les effets du désastre dans lequel les résidents sont obligés de vivre.

Abu-Kamar ajoute que beaucoup de personnes montrent leur inquiétude vis-à-vis du futur ; elles ne veulent pas retourner étant donné elles estiment qu’une telle catastrophe risque de se produire à nouveau.

Les gens ont perdu tout ce qu’ils possédaient, leur argent, leur bétail. La plupart de ceux qui ont été touchés sont des réfugiés enregistrés.

Abu-Kamar confirme que l’UNRWA fait tous ses efforts pour aider les habitants de cette zone.

« Nous travaillons dès les premières heures du jour et jusqu’aux dernières heures, à la nuit ; Nous vivons avec ces gens et nous partageons leur situation en essayant de les aider de notre mieux. L’équipe de l’UNRWA travaille ici pour assurer une continuité de vie dans cet endroit ».

Traduction : Ana Cléja - photo : H. Moussa