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Bradley Manning, un homme d’un courage exceptionnel
lundi 4 mars 2013 - Marjorie Cohn
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Bradley Manning

Bradley Manning a plaidé coupable de 10 des chefs d’accusation relevés contre lui y compris la possession et la communication volontaire à une personne non autorisée des éléments principaux des révélations de WikiLeaks. Il risque une peine de 20 ans de prison. Bradley a pu expliquer publiquement ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait, pour la première fois,. Ses actions, confirmées désormais par ses déclarations, prouvent que Bradley est vraiment un jeune homme très brave.

Quand il avait 22 ans, le soldat Bradley Manning de grade PFC (anciennement Specialist, ou SPC, ndt) a communiqué des documents classifiés à WikiLeaks. Ils comprenaient la vidéo des "Meurtres Collatéraux" qui montrait des soldats étasuniens dans un hélicoptère Apache tuant 12 civils désarmés, dont deux journalistes de l’agence Reuters, et blessant deux enfants.

"Je me suis dit que si le public, et particulièrement le public étasunien, la voyait, cela provoquerait un débat sur l’armée en particulier et notre politique étrangère en général telle qu’elle est appliquée en Irak et en Afghanistan," a dit Bradley au tribunal militaire pendant le procès. "J’ai pensé que cela pourrait pousser la société à reconsidérer la nécessité d’intervenir militairement contre le terrorisme au mépris de la situation humanitaire des peuples au milieu desquels nous intervenons."

Bradley a expliqué qu’il était contrarié de n’avoir pas été capable de convaincre ses supérieurs d’ouvrir une enquête sur la vidéo du Meurtre Collatéral et sur une autre de "pornographie guerrière" qui font partie des documents qu’il a fournis à WikiLeaks. "J’étais horrifié par la manière dont les enfants blessés étaient traités". Bradley était choqué par le fait que les soldats de la vidéo "ne semblaient attacher aucune valeur à la vie humaine et qu’ils traitaient [leurs cibles] de ’salauds morts’". Les soldats tiraient aussi sur les personnes qui essayaient de porter secours aux blessés et les tuaient. Un tank étasunien a roulé sur le corps d’un homme et l’a coupé en deux. Ce que les soldats de la vidéo ont fait est considéré comme crimes de guerre par les Conventions de Genève qui interdisent de cibler des civils, d’empêcher les secours de s’occuper des blessés et de profaner les morts.

Personne à WikiLeaks ne m’a contacté pour me demander de leur fournir ces documents, a dit Bradley. "Aucun membre de WLO [WikiLeaks Organization] n’a fait pression sur moi pour que je leur donne davantage d’information. La décision de communiquer ces documents à WikiLeaks [a été] entièrement la mienne."

Avant de contacter WikiLeaks, Bradley a essayé de faire publier les documents par le Washington Post mais le journal n’a pas donné suite. Il a ensuite essayé de contacter le New York Times mais il n’y est pas parvenu.

Pendant les neuf mois de sa détention, Bradley a été maintenu à l’isolement ce qui est considéré comme de la torture parce que cela peut provoquer des hallucinations, la catatonie et le suicide.

Bradley a plaidé non coupable des 12 autres chefs d’accusation, dont aide à l’ennemi et espionnage qui sont passibles de prison à vie. L’action de Bradley n’est pas s’en rappeler celle de Daniel Ellsberg qui, en publiant les "Pentagone papers" (les documents du Pentagone), a dévoilé les mensonges du gouvernement et contribué à mettre fin à la guerre du Vietnam.

* Marjorie Cohn est professeur des droits de l’homme à la Thomas Jefferson School et ancienne présidente de la National Lawyers Guild. Son dernier livre est “The United States and Torture : Interrogation, Incarceration, and Abuse.” Et voilà l’adresse de son site Web : www.marjoriecohn.com.

1e mars 2013 - CounterPunch - Pour consulter l’original :
http://www.counterpunch.org/2013/03...
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet