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Vies sous occupation : je reconstruirai ma maison un jour
lundi 9 juillet 2012 - PCHR Gaza
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Hassan Al Najjar vit dans une maison louée dans le village de Abbassan

Parmi les très nombreuses familles touchées, directement ou indirectement, figure celle de Hassan Al-Najjar. Agé de 62 ans, Hassan habitait dans le village de Khuza’a où sa maison fut détruite le 11 janvier 2009. Affligé, il avoue : « Je ne trouve même pas les mots justes pour expliquer et décrire ma douleur. Je suis toujours sous le choc. Je me suis complètement investi dans la construction de ma maison. J’ai fourni des efforts considérables et j’ai travaillé dur pendant 14 années qui ont volé en éclat en seulement 5 minutes ; en un clin d’ ?il la bâtisse a été au sol. »

La maison de Hassan était située à environ 500 mètres de la frontière israélienne, pas très loin de la zone tampon ; la zone militaire interdite proclamée par Israël. Ce dernier a cherché à séparer ses territoires et la Bande de Gaza et a, de ce fait, établi cette zone qui s’étend le long du périmètre nord et Est de la Bande de Gaza, adjacente à Israël mais à l’intérieur du territoire Palestinien.

En 2009, Israël avait annoncé que la zone tampon s’étendrait sur 300 mètres vers Gaza, alors qu’en réalité, cette zone peut facilement dépasser les 1500 mètres. A l’intérieur de la zone tampon, Israël a souvent recours aux tirs réels qui conduisent à des pertes humaines et matérielles (terres et biens).

Au terme de l’Opération Plomb Durci, Hassan, ses deux épouses et leurs 12 enfants ont loué une maison dans le village d’Abassan, à l’Est de Khan Yunis et ont commencé progressivement à reconstruire leur vie. Il y a deux mois, ils ont décidé de procéder à la reconstruction de leur maison détruite. Toutefois, en date du 14 juin 2012 (il y deux semaines), vers 14h30, les forces israéliennes sont réapparues pour raser, une fois de plus, la maison. « Les travaux touchaient à leur fin, et nous allions enfin retrouver notre maison à deux étages. En fait, il y avait encore des ouvriers sur place lorsque les forces israéliennes s’approchaient du village. En voyant les bulldozers, les travailleurs ont pris la fuite. »

Fidèle à ses principes, Israël n’a émis aucun préavis de son attaque imminente sur la maison de Hassan. Ce dernier raconte : « L’armée avait averti la Croix Rouge qu’elle allait détruire Shuhada Khuza’a, l’école du coin. Finalement, la destruction s’est étendue jusqu’à ma maison. »

Pourquoi spécialement la maison de Hassan ? Les forces israéliennes n’ont donné aucune explication à ce sujet.

Mais en réalité, il n’y a pas que Hassan Al-Najjar dont la maison proche de la zone tampon fut détruite « Avant, j’étais témoin de la destruction de beaucoup de maisons. C’était un véritable cauchemar de voir les propriétés de tous ces gens réduites à néant. Mais le pire des cauchemars reste sans doute le jour où ma propre maison a été détruite. »

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La maison détruite de Hassan à Khuza’a

Comme toute tragédie, l’attaque sur le domicile de Hassan a négativement marqué la famille Al-Najjar. Le père de famille avoue : « Je dois louer deux maisons séparées pour mes deux épouses, chacune avec ses enfants. C’est une nouvelle situation pour nous car avant, nous pouvions vivre tous ensemble dans une grande maison. Notre foyer a éclaté et la famille dispersée. » Cela a fini par aboutir à de lourdes charges financières pour la famille.

D’ailleurs, rien ne peut être récupéré de la maison de Hassan. Le coût de ses pertes est estimé à hauteur de $45.000. Dans ce cadre, il affirme : « Je ne pourrai pas réutiliser les matériaux de construction et j’aurai à débourser de grosses sommes pour faire nettoyer l’endroit des décombres afin de recommencer la construction. Heureusement que la maison était déjà vide, comme ça, je n’aurais pas à la meubler de nouveau. En vérité, je m’estime heureux d’avoir la possibilité de reconstruire lorsque l’occasion se présentera. »

La destruction de la maison de Hassan met la lumière sur une autre réalité, à savoir les matériaux de construction. En effet, en raison de la fermeture et du blocus de la Bande de Gaza, ces matériaux demeurent indisponibles ou excessivement chers « Reconstruire la maison était une tâche très difficile, surtout pour se procurer les matériaux de construction. Le ciment disponible dans le marché est de très mauvaise qualité. J’ai vraiment eu du mal à trouver tout ce dont j’avais besoin pour la reconstruction de ma maison. »

Cette pauvre maison, construite par un pauvre citoyen qui s’est battu pour la voir sortir du sol vient d’être facilement détruite par les forces israéliennes.

Quels que soient les risques encourus, Hassan soutient l’idée de ne pas baisser les bras et de reconstruire, une fois de plus, sa maison « Ici, c’est ma terre. Je suis déterminé à reconstruire ma maison, même si je dois l’ériger 1000 fois. Quoique je dise, et quoiqu’on puisse écrire, personne ne parviendra à décrire ni à expliquer ma souffrance. La situation est loin d’être réconfortante, mais malgré cela, je suis persuadé que le jour viendra où je pourrai enfin réunir ma famille de nouveau sous le même toit. »

Pourtant, l’Article 8(2) (b) (ii) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale stipule que « Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil » constitue un crime de guerre. De même, l’Article 53 de la Quatrième Convention de Genève interdit « A la Puissance occupante de détruire des biens appartenant à des personnes privées, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires. »

A la lumière de ce qui a été mentionné, il apparaît clairement qu’à travers l’agression contre les propriétés privées dans la zone tampon, Israël enfreint de nombreuses dispositions des droits humains, y compris le droit à un logement convenable et suffisant, tel que codifié dans l’Article 11 (1) du Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels.

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27 juin 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Niha