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Nucléaire iranien : un droit inaliénable
mercredi 28 mars 2007 - Maha Al-Cherbini

Titre original : " Les positions s’arc-boutent"

La nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’Onu, votée samedi, a resserré de plus en plus l’étau autour de Téhéran pour l’obliger à renoncer à ses activités nucléaires sensibles. Après la résolution 1737 que Téhéran n’avait pas respectée, le Conseil de sécurité a infligé, samedi, à l’unanimité de ses 15 membres, une nouvelle série de sanctions économiques et commerciales à l’Iran, pour son refus de suspendre l’enrichissement de l’uranium.

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Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejah

La nouvelle résolution 1747 alourdit les sanctions infligées à l’Iran dans la résolution 1737 du 23 décembre 2006, pour n’avoir pas suspendu ses activités d’enrichissement et de retraitement de l’uranium comme exigé par la communauté internationale. Téhéran avait ignoré la première résolution, accélérant, au contraire, ses opérations d’enrichissement, selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). « La résolution, adoptée à l’unanimité des 15 membres du Conseil, est la preuve d’un rejet international, qui isole l’Iran plus que jamais », a commenté Nicholas Burns, numéro trois du département d’Etat.

La 1747 prévoit un embargo sur les achats d’armes à l’Iran et des restrictions volontaires aux ventes d’armements à ce pays. Elle contient aussi des restrictions financières et commerciales, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire. Elle comporte en annexe un rappel des propositions économiques et diplomatiques faites à l’Iran par les Européens en juin pour le convaincre de suspendre l’enrichissement de l’uranium. Comme la précédente, la résolution 1747 invoque l’article 41 de la Charte de l’Onu, qui autorise des sanctions économiques et commerciales mais exclut le recours à la force. « Avec ces nouvelles sanctions, les Etats-Unis visent à adresser des coups successifs à Téhéran pour ne pas lui donner l’occasion de prendre son souffle. Ils l’assiègent de toutes parts : sanctions, tentatives de lui causer des troubles intérieurs, risque d’une frappe militaire », explique Mohamad Abbass, expert dans les affaires iraniennes.

Pour ne pas fermer complètement la porte à un règlement pacifique de la crise, les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne ont en même temps appelé à une solution négociée à la crise avec l’Iran. « Nous proposons de nouvelles discussions avec la République islamique d’Iran pour voir si nous pouvons trouver un chemin acceptable pour tous vers des négociations », affirme un communiqué des Six. Dans ce sens également, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a affirmé qu’il allait essayer d’avoir de nouveaux contacts avec le principal négociateur iranien sur le nucléaire, Ali Larijani. « La porte des négociations est ouverte », a affirmé M. Solana.

En effet, le vote de samedi a eu lieu sur fond de tensions entre Téhéran et Londres, suite à un incident qui s’est produit vendredi dans le Golfe. Selon Londres, quinze membres de la marine britannique en mission dans le Golfe ont été enlevés par des navires iraniens dans les eaux territoriales iraqiennes. Cet incident a engendré une crise entre les deux pays, Téhéran affirmant que les marins britanniques ont été capturés car ils étaient entrés illégalement dans les eaux iraniennes. « Ils sont actuellement interrogés et ont avoué avoir violé les eaux territoriales de la République islamique », a déclaré le responsable des relations publiques de l’état-major des Forces armées iraniennes.

Inquiet, un responsable britannique a affirmé samedi : « C’est une situation très sérieuse, source d’une immense inquiétude. Et c’est pour cela que nous poursuivons toutes les options, dans les négociations, pour essayer de les ramener », a déclaré ce responsable. Selon les experts, cette crise pourrait envenimer de plus en plus les relations entre Téhéran et l’Occident.

Droit inaliénable

Faisant la sourde oreille, les dirigeants iraniens ont opté, cette semaine, pour une politique toujours aussi dure. A l’Onu, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a rejeté la résolution, la qualifiant d’« illégale, inutile et injustifiable ». Il a critiqué avec virulence le Conseil de sécurité qui, a-t-il dit, « sous la pression manifeste de certains de ses membres permanents, persiste à dénier à une nation son droit inaliénable de développer la technologie nucléaire à des fins pacifiques ». Poursuivant le défi, la marine iranienne a commencé vendredi plus d’une semaine de tests de guerre dans le Golfe persique, utilisant des navires portant des lanceurs de missiles et des sous-marins tactiques. Ces exercices sont les derniers d’une série de man ?uvres réalisées par l’armée iranienne dans le Golfe. « L’Iran frapperait avec tout ce qu’il a s’il était attaqué pour son programme nucléaire », a averti l’ayatollah Ali Khamenei.

Ne pouvant pas mâcher ses mots, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a réaffirmé que son pays ne reculerait pas d’un iota sur son programme nucléaire. Le président iranien avait annulé sa visite à New York, accusant les Etats-Unis d’avoir volontairement retardé l’attribution de son visa. « Les retards dans l’attribution de visas ont été planifiés de telle manière que le voyage, à cause de la distance particulièrement longue, ne puisse pas avoir lieu », a affirmé le président. Pourtant, les experts ont un avis différent : « Il est clair qu’Ahmadinejad ne s’était pas rendu à New York car on lui a conseillé de ne pas y aller puisqu’il n’avait rien de nouveau à présenter aux Occidentaux. Sans doute, le guide suprême lui a dit qu’il va se mettre dans une situation embarrassante en assistant à l’imposition de sanctions contre son pays. C’est pourquoi il a renoncé à la dernière minute », estime M. Abbass. Mais l’on peut s’attendre à des surprises « L’Iran a toujours fustigé la politique américaine, pourtant, il a aidé Washington à envahir l’Iraq et l’Afghanistan pour se débarrasser de Saddam Hussein et du régime des Talibans à la fois. Les Iraniens ont toujours opté pour une politique de marchandage », conclut Mohamad Abbass.

28 mars 2007 - Al Ahram Hebdo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahra...