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30 décembre 2008 : une journée tragique pour la famille Hamdan
samedi 14 janvier 2012 - PCHR Gaza
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Iman et Talal Hamdan devant la photo de leurs enfants tués : Haya, Lama et Ismail

Le couple Hamdan de compose de l’époux Talal, 47 ans, et de l’épouse Iman, 46 ans. Depuis la perte de leurs trois enfants Haya, Lama et Ismaïl, âgés respectivement de 12, 10 et 5 ans, le couple songe à peine à la vie. En effet, c’est par une cruelle matinée du 30 décembre 2008 qu’un F-16 israélien a lâché une bombe sur Beit Hanoun. Ce jour-là, le destin avait voulu que les trois enfants, en compagnie de leur père, soient dans ce quartier ciblé par les forces israéliennes, tout près d’un site de décharge pour jeter les poubelles.

Les trois enfants morts étaient les benjamins de la famille, et depuis l’attaque, le couple n’en a pas eu d’autres.

Aujourd’hui, après trois années dépourvues du goût pour la vie, Iman avoue que la période qui a directement suivi l’attaque fut pour elle la plus pénible. Plongée dans un choc profond, elle raconte : « Quand mes enfants sont morts, et même après, je n’ai pas pu verser de larmes, ni je n’ai pu les pleurer comme il se doit. Mais quand je suis finalement redevenue seule, c’est à ce moment là que mes larmes se sont libérées sans interruption ».

Côté santé, Iman pense que ses problèmes se sont accentués avec le choc, notamment des douleurs sévères au dos et à la jambe. Elle avoue : « C’est à peine si j’arrive à dormir le soir, alors le jour, je ne dors pas plus de deux heures » La douleur d’Iman a plusieurs facettes puisqu’elle affirme que son chagrin qui s’attise est dû à la perte de son père, son frère et ses deux cousins le même jour durant la première Intifada.

Le volet psychologique de la vie n’a pas été clément avec Talal qui a vu toute son existence basculer depuis la mort de ses enfants. A ce propos, il déclare : « La première image qui se dessine devant mes yeux quand je me réveille le matin est celle de mes enfants. Je me lève et je sors dehors où je revois les endroits où ils avaient l’habitude de jouer. A cause de ces images qui défilent sans cesse dans mon esprit, j’ai décidé de ne plus sortir, ni de côtoyer d’autres personnes. Je passe la majeure partie de mon temps à la maison ».

La douleur de Talal réside sans doute dans l’absence de cette relation tant affectueuse avec son fils Ismaïl. Il revient en arrière et dit : « Nous étions toujours ensemble. Il me priait de le prendre avec moi partout où je me rendais ». Cette évocation du passé rempli de souvenirs rouvre plaie non cicatrisée de Talal. Au sujet d’un épisode douloureux et assez particulier quand, malade, il fallait qu’il se rende à l’hôpital Talal raconte : « C’était dans cet hôpital que mes enfants ont été transférés avant de rendre l’âme. L’endroit m’a donc replongé dans ce moment où j’ai vu mes trois enfants disposés, sans vie, l’un côté de l’autre. A ce moment là, j’ai été envahi par la tristesse et mes larmes ont commencé à couler. Les médecins présents avaient alors pensé que j’avais peur des injections, mais ma famille leur a expliqué les raisons de mes pleurs et de mon chagrin. Finalement, je n’ai pas eu le courage de rester encore à l’hôpital pour y recevoir le traitement nécessaire ».

Dans quelques jours, trois ans auront passé depuis l’assassinat des enfants Hamdan. Le couple de souviendra sans doute de chaque détail ayant marqué ce jour. C’est pourquoi, Iman décide : « Le jour J, je vais tout faire pour m’occuper afin de tout oublier et de ne pas ouvrir la boite des souvenirs amers » Elle poursuit : « Mais je ne visite pas les tombes de mes enfants, je ne supporterai pas ».

Aujourd’hui, le couple vit avec les petits-enfants, dont l’un d’eux porte le nom de leur fils tué, Ismaïl. Talal avoue : « Chaque matin, quand nous nous réveillons, nous allons voir le petit Ismaïl pour passer du temps avec lui. En fait, nous faisons la maximum pour compenser la perte de notre Ismaïl »
Outre la perte des enfants, la guerre sur Gaza a laissé Talal sans emploi. Avant l’attaque, le père de famille travaillait dans la construction, mais il n’a pas pu y retourner à cause d’une lésion des nerfs des jambes et des bras. Actuellement, la survie de la famille dépend des aides alimentaires de l’ONU et de ses deux enfants.

Par ailleurs, à l’instar de toutes les familles rencontrées dans le cadre de ces témoignages, les Hamdan se tournent vers un avenir porteur d’espoirs et d’appréhensions. Talal avoue : « Nous vivons avec la peur permanente d’une éventuelle attaque qui pourrait causer de nouvelles pertes dans la famille. J’appelle tout le temps mes filles pour les exhorter à faire plus attention à elles-mêmes et à leurs enfants. J’espère de tout mon c ?ur que la paix l’emportera un jour et qu’au final, le calme et la sérénité reviendront. Toutefois, mon souhait le plus cher est qu’il n’y ait plus d’enfants qui meurent par ce type d’incidents. Je peux comprendre que la guerre puisse emporter des adultes, mais je peine à concevoir que des enfants périssent comme ça ».

S’agissant de la plainte sur la mort des enfants de Talal, ce dernier se veut optimiste et il s’attend à une issue positive puisque ses enfants n’étaient pas des militants et qu’il n’y avait pas des cibles militaires ou armées dans le voisinage.

Par ailleurs, en date du 21 juillet 2009, le PCHR a déposé auprès des autorités israéliennes une plainte pénale pour le compte de la famille Hamdan. A ce jour, aucune suite n’a été donnée.

Consultez également :

- 29 décembre 2008 : l’histoire de la famille Balousha
- 28 décembre 2008 : la famille Abu Taima
- 27 décembre 2008, le jour où tout a basculé pour la famille Al Ashi

29 décembre 2011 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha