Depuis qu’Israël a annoncé qu’il permettrait à davantage de marchandises d’accéder au territoire assiégé, les négociants ont réussi à éviter les tunnels, et cessé de lancer des commandes pour des biens en provenance d’Égypte.
L’ensemble de tentes pour la contrebande, autrefois prospère dans la ville méridionale de Rafah, est maintenant plutôt poussiéreux et assez triste.
C’est une histoire que le mouvement Hamas ne semblait pas désireux de raconter.
Le ministère de l’Intérieur de Gaza a récemment publié un édit stipulant que les passeurs ne devaient plus permettre à des équipes de reporters de filmer leurs tentes et les tunnels. Et les contrebandiers ont été très peu à défier ouvertement l’autorité du Hamas, en particulier lorsque l’entreprise est dans une mauvaise passe.
Tunnels et emplois
Malgré cela, notre caméraman a pu prendre quelques photos de ce qui est peut-être les derniers jours du commerce des tunnels, alors que nous avions tenté d’obtenir l’autorisation d’y faire un tournage. En fin de compte, aucune autorisation n’a été accordée.
La montée puis la chute du commerce est d’une cruelle ironie pour beaucoup de ses jeunes travailleurs. Ils ne veulent pas vivre sous état de siège, mais pour les trois ou quatre dernières années, le commerce des tunnels leur a donné un emploi et un objectif.
Comme les tunnels commencent à fermer leurs portes, ils se retrouveront sans emploi. Le soi-disant « assouplissement » du siège par les Israéliens n’a pas pour but de créer de nouvelles opportunités d’emplois dans la bande de Gaza. Alors que se termine une activité [les tunnels] il n’y a aucun signe qu’une nouvelle apparaisse.
Des exportations de la bande sont toujours bloquées, les voyages entre Gaza et la Cisjordanie sont interdits, il est difficile obtenir les matières premières, et les matériaux de construction ne sont toujours pas autorisés à moins que ce ne soit pour des projets spéciaux des Nations Unies qui, même elles, disent ne pas obtenir assez de matériaux pour son programme de construction entamé depuis trois ans.
Dans un tunnel qui s’est spécialisé dans les carreaux de céramique, nous avons rencontré un groupe d’adolescents travaillant comme contrebandiers. Mohamed Saedi, âgé de 19 ans, a perdu le bout de tous les doigts de la main gauche, au-dessus des articulations. Il a été blessé quand sa main a été attrapée dans un des systèmes de poulie fait de corde et d’acier, qui transportent des marchandises par les passages étroits.
Et il est l’un des plus chanceux dans le commerce des tunnels. Mohamed est encore vivant...
Plus de 150 travailleurs sont morts dans les tunnels, tués par des raids aériens israéliens, des attaques égyptiennes, des défauts dans les installations électriques ou l’effondrement de certains tunnels.
Ceux qui investissent dans les tunnels
Le propriétaire du commerce de tuiles de contrebande, Abu Mohamed, les appelle les « tunnels de la mort ».
Il veut voir une fin à ce type de commerce. Abu Mohamed veut que toutes les frontières soient ouvertes et qu’il y ait un passage normal des personnes et des marchandises entre Israël, la Cisjordanie et Gaza.
La situation actuelle, un allègement très limité du siège, met un terme au trafic par les tunnels mais échoue à créer n’importe quel autre secteur d’activité.
Nous nous sommes rendus dans une des plus récentes tentes de contrebande dans Rafah. Si récente qu’elle n’a encore jamais été employée. L’investissement du propriétaire - 150 000 dollars - est littéralement entré sous terre dans un grand trou sombre.
Les ouvriers avaient fini de creuser le tunnel quand Israël a annoncé qu’il laisserait plus de marchandises entrer dans Gaza.
Les tunnels ont devenu des symboles les plus emblématiques de Gaza sous blocus. Mais alors que les tunnels ferment, il est important de rappeler que le blocus se poursuit.
Les frontières ne sont toujours pas ouvertes, et les habitants de Gaza n’ont aucun droit de voyager.
Ne vous laissez pas tromper par la fermeture des tunnels.
* Nicole Johnston est une journaliste basée à Doha. Elle a travaillé à Londres, au Kenya, à Jérusalem et à Gaza. Avant Al Jazeera, Nicole était journaliste d’ABC en Australie pendant 7 ans.
De la même auteure :
« Nous ne voulons pas d’un laisser-passer pour les assiettes, les tasses et les brosses à dents » - 30 juin 2010
Tunnels de Gaza : à travers le mur d’acier... - 6 juin 2010
22 juillet 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
Traduction : Info-Palestine.net