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« Et ceci ? N’est-ce pas interdit ? »
lundi 23 février 2009 - PCHR Gaza - Imenc
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Najat parmi les décombres de sa chambre à coucher. Christian Aid/ Sarah Malian
Sa fille de deux ans, malade, est allongée sur le sable derrière elle.

A proximité, sa grand-mère tente de chauffer de l’eau sur un amas de cendres. L’odeur de charogne de volaille pourrie est envahissante : le poulailler appartenant à la famille et qui leur fournissait des ?ufs, ainsi que leur potager ont tous été démolis par les bulldozers et les chars.

Trente-cinq personnes habitaient les trois étages de la maison Al-Louh. Les objets de la vie quotidienne — un réfrigérateur, des cahiers, des photographies encadrées et des fleurs en plastique — sont éparpillés à travers le terrain. L’école élémentaire primaire de Sakhnin juste à côté a été également endommagée par les obus de l’artillerie et quelques unes des salles de classe ne sont maintenant plus que des amas de chaises cassées, de tiges d’acier lacérées, de béton brisé et d’éclats de verre. Israël prétend que les militants [de la résistance] tiraient des fusées à partir des terrains de l’école.

« On était piégé dans notre maison pendant deux jours tandis que l’armée israélienne s’était installée dans l’école avoisinante et opérait dans la région, » dit Najat, la mère à Maysa, âgée de 32 ans. « Je devais donner à mes enfants de l’eau provenant du réservoir des toilettes pour les maintenir en vie. Ensuite, ils nous ont ordonné de quitter notre logement. »

« Dès que nous avons quitté la maison, ils ont ouvert le feu sur dans toutes les directions et quelques uns de nos voisins ont été tués. Mon mari et moi nous sommes dits nos adieux lorsque les chars arrivèrent, » ajoute Najat. « Nous pensions que c’était la fin. »

Najat est enceinte de trois mois de son huitième enfant. Sa plus jeune fille Sara qui est allongée près d’elle et sans énergie, est souffrante depuis plusieurs jours, avec des vomissements et une fièvre aiguë. Ils ont été incapables de lui trouver un médecin.

De retour à la maison après le cessez-le-feu unilatéral israélien, la famille a découvert qu’elle a été bombardée deux fois et que tous leurs animaux avaient été tués. 250 mètres plus loin, et visible à travers un trou sur le côté de la maison, se situe le minaret renversé de la mosquée du quartier qui a subi un tir direct. Une frappe aérienne toucha aussi le 2 janvier 2009 la grande mosquée Ibrahim Al Maqadmah de Beit Lahiya, tuant sur le coup 16 civils et blessant grièvement des douzaines d’autres. Un total de 2400 logements ont été entièrement détruits pendant l’offensive de trois semaines et plus de 12000 habitations ont été partiellement endommagés.

Les organisations internationales ont mis en place un certain nombre de camps de tentes autour de la bande de Gaza. Mais à la recherche d’un refuge adéquat, certains qui sont restés sans domicile fixe ont intégré leurs familles élargies dans d’autres régions. Ceci entraîne une pression sur les centres urbains de Gaza et génère un fardeau supplémentaire dans des régions déjà denses en matière de démographie. Ceci signifie aussi que l’importance du problème des personnes intérieurement déplacées à Gaza est moins visible.

Sur ce qui était le deuxième étage de la maison, Faiza, la belle-soeur de Najat et âgée de 44 ans, ramasse les restes des vêtements de leurs enfants. « Parfois, je souhaite que l’on meurt plutôt que tout ceci... » dit-elle. « Il n’y avait aucun militant près de chez nous. Ceci n’est-il pas haraam [interdit] ? Détruire des maisons, bombarder des mosquées, tuer nos poulets. N’est-ce pas haraam ? »

Maysa a été trop bouleversée pour étudier depuis la fin de l’offensive. « Elle avait 99% en anglais, mais tous ses bulletins et récompenses sont sous le sable, » dit sa mère Najat. « Que se passera-t-il dans son futur ? » Elle me montre sa chambre à coucher maintenant couverte par un édifice de terre et le bord de son lit qui apparaît de sous le sable. « J’avais quelques économies sous le matelas, » dit-elle. « Qui sait si je les retrouverais un jour. »

La loi internationale et la destruction de propriétés civiles

Baptisée Opération « plomb durci », l’offensive israélienne de 22 jours sur la bande de Gaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 a eu un effet dévastateur sur les infrastructures de Gaza.

La liste préliminaire de dommages aux propriétés civiles inclut :

- 2400 foyers détruits et au moins 12000 endommagés

- 60 commissariats et 30 mosquées complètement détruits

- 21 entreprises privées, cafétérias, hôtels et salles de mariages détruits

- 28 bâtiments publics dont des bâtiments du ministère, municipalités, et ports de pêche détruits

- 121 ateliers industriels/commerciaux détruits et un minimum de 200 endommagés

- 5 usines de matériel de construction et une usine de jus de fruits démolies

- 5 institutions de média et 2 dans le domaine de la santé ont été détruites

- 29 équipements et lieux d’éducation, écoles comprises, ont été endommagés ou complètement détruits

- Des milliers d’hectares de terre agricole rasés

La destruction de la propriété et de la terre appartenant aux Palestiniens a été une caractéristique de l’occupation israélienne depuis 1967 et est en claire violation de la loi internationale. Cela a aussi contribué à la progressive détérioration de la situation humanitaire dans les territoires occupés.

Malgré le retrait des forces et colons israéliens de la bande de Gaza en 2005, Israël garde le contrôle maritime de Gaza, des accès terrestres et de l’espace aérien. La bande de Gaza est définie comme un territoire occupé en accord avec la loi internationale. Par conséquent, en tant que force occupante, Israël demeure lié par la loi internationale humanitaire. Cibler la propriété civile viole les principes de base de la loi humanitaire et est explicitement interdit par la loi internationale humanitaire et la Quatrième Convention de Genève de 1949.

L’article 53 de la Quatrième Convention de Genève interdit de prendre pour cible les propriétés civiles, sauf si une telle destruction est rendue « absolument nécessaire par les opérations militaires ». En tant que force occupante, Israël a des obligations spécifiques envers la population civile de la bande de Gaza. Si la destruction de propriétés civiles s’avère être disproportionnée par rapport à l’avantage militaire obtenu, ceci constituerait alors une grave infraction des Conventions de Genève.

La nature systématique des destructions israéliennes sur la propriété palestinienne civile et son usage de l’artillerie lourde, de chars et avions de chasse contre des zones résidentielles densément peuplées ont entraîné un nombre élevé de morts et de blessés parmi les civils, ainsi qu’un dommage considérable fait aux propriétés privées des civils. Les attaques sont par conséquent illégales ; elles transgressent les principes de distinction et proportionnalité, et constituent tels quels de graves infractions par rapport aux Conventions de Genève.

Le PCHR [Palestinian Centre for Human Rights] sollicite le soutien des signataires des Conventions de Genève pour qu’ils remplissent leurs obligations sous l’Article 1 de la Quatrième Convention pour éviter de tels crimes, et qu’ils respectent leurs engagements juridiques en accord avec l’Article 146 pour présenter devant la justice les personnes coupables de ces graves infractions aux Conventions de Genève.

20 février 2009 - International Middle East Media Center - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.imemc.org/article/58943
Traduction de l’anglais par Shazmeen Surtee