En général, et selon les observations réalisées, on fume surtout durant les incursions et les périodes de couvre-feux. A Bethléhem, en Cisjordanie, dans le camp de réfugiés d’Al Azzeh, en 2002 plusieurs gros fumeurs ont déclaré : « Que faire d’autre ? Nous restons là, assis, attendant d’être arrêtés. » Quand il arrive un peu de nourriture, des résidents disent : « Nous ne voulons pas de nourriture, nous voulons des cigarettes. » Le même sentiment s’est répété dans la bande de Gaza au cours de ces derniers mois.
Jeudi, un homme est venu dans une boutique acheter ses deux paquets de cigarettes quotidiens ; d’après lui, son père fume 6 paquets par jour. La femme derrière le comptoir fume elle aussi, son fils de 20 ans s’en tient à trois cigarettes par jour.
Mais si le stress et l’ennui font augmenter le tabagisme, pourquoi alors les chiffres baissent-ils plus dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie ? La pénurie de cigarettes est la principale explication ; des Gazaouis téléphonent en Cisjordanie pour que toute personne venant à Gaza leur apporte des cigarettes. Avec le bouclage qui a conduit à l’arrêt des réapprovisionnements en cigarettes, les prix sont devenus le principal obstacle. Et il y a aussi le taux de chômage qui est plus élevé dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie, et le nombre de Gazaouis vivant sous le seuil de pauvreté est lui aussi plus élevé.
Selon le PCBS, le pourcentage de fumeurs chez les personnes de 12 ans et plus était de 22,1% en 2000. En 2006, il a baissé à 19,8%. La plupart des nouveaux non fumeurs sont dans la bande de Gaza, 20,4%, et en Cisjordanie, 5,9%.
Le nombre de fumeurs chez les hommes est tombé à 37% en 2006, soit une diminution de 40,7% par rapport à 2000. Chez les femmes, le % était de 3,2% en 2000, il est de 2,2% en 2006 ; toutefois, ces évolutions sont difficiles à mesurer étant donné que la plupart des femmes qui fument le font en secret, ou chez elles, et souvent, même les membres de leur famille l’ignorent.
Les Palestiniens commencent à fumer à un âge précoce. Entre 10 et 18 ans, 4% d’entre eux fumaient en 2006. 5% des fumeurs palestiniens sont des élèves d’écoles primaire et secondaire. Chez les célibataires, entre 15 et 29 ans, 17,6% ont pris l’habitude de fumer. Les statistiques indiquent que 26,1% des jeunes ont commencé à fumer entre 10 et 14 ans. 61,2% affirment avoir commencé entre 15 et 19 ans. Chez les moins de 10 ans, 1,5% disent avoir déjà fumé.
Sur les motivations de ces jeunes fumeurs palestiniens, les statistiques ne diffèrent pas du reste du monde. 44% ont commencé à fumer sous la pression de leurs copains mais 13,2% des jeunes fumeurs de la bande de Gaza ont commencé à cause d’un stress intense, ce taux est de 7% en Cisjordanie.
Selon les données de l’enquête, une moyenne de 28,1 dinars jordaniens, dans le budget familial du mois, est consacrée à l’achat de cigarettes. Cela représente 4,2% des dépenses totales du ménage. Dans la bande de Gaza, la moyenne est de 18,2 dinars jordaniens, et en Cisjordanie de 33,3 dinars.
Quelque 51 millions de dollars US passent chaque année en importation de cigarettes.
29 mai 2008 - PNN - traduction : Info-Palestine