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Siège de Gaza : témoignage (1) - Hôpital Al-Shifa, ville de Gaza
mercredi 30 janvier 2008 - PCHR Gaza
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Moin Ali Mahmoud al-Wadiya à l’hôpital Al-Shifa à Gaza - Photo : PCHR

Le mécanicien de 48 ans a immédiatement essayé de fuir le pilonnage intense de l’IOF mais lorsqu’il s’est arrêté pour traîner un civil gravement blessé à l’abri, le sol sous ses pieds a explosé. En reprenant connaissance dans le principal hôpital de Gaza, l’hôpital Al-Shifa, Moin al-Wadiya a vu qu’il avait perdu son pied gauche. Sa jambe droite était éclatée et il avait de graves lacérations sur tout le ventre.

« J’ai six enfants » dit-il. « Mais maintenant il n’y a plus personne pour soutenir ma famille ».

Dix-neuf Palestiniens ont été tués pendant la dernière invasion d’al-Zaytoun et du district voisin de Shejae’a et en plus, trente personnes ont été blessées dont certains comme Moin al-Wadiya ont subi de graves blessures. Pendant les 19 premiers jours de 2008, 71 Palestiniens ont été tués et plus de 190 autres Palestiniens ont été blessés lors des attaques de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza.

En tant qu’organisation des droits humains engagée à protéger et à promouvoir les droits humains et la loi humanitaire internationale, le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR) condamne le fait que l’armée israélienne continue à lancer des attaques aveugles sur les zones très peuplées de Gaza où il n’est pas possible de distinguer les objectifs civils des objectifs militaires. Cette utilisation continue de force disproportionnée est une violation de la loi internationale y compris de la Quatrième Convention de Genève et met en danger la vie de la population civile palestinienne qui risque d’être gravement blessée ou même la mort.

Moin al-Wadiya est soigné à l’hôpital al-Shifa de Gaza, hôpital dans lequel le personnel lutte constamment pour faire face aux carences d’équipement médical, de médicaments indispensables et de combustible. Le directeur de l’hôpital, le Docteur Hassan Khalef, décrit la situation comme étant « potentiellement désastreuse ». Il explique que « sur une liste de 480 articles de médicaments indispensables recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 90 manquent déjà et sur les 390 articles que nous avons en réserve, nous avons moins de 3 mois d’approvisionnement pour 130 d’entre eux ». Certains des médicaments indispensables ne sont plus disponibles tels les analgésiques. La famille de Moin al-Wadiya en achète dans une pharmacie locale car, dit-il, les médicaments de l’hôpital ne font plus d’effet.

Le personnel d’al-Shifa doit faire face aux coupures journalières d’électricité dans l’hôpital, coupures qui, selon le Docteur Khalef, pourraient être fatales aux douzaines de patients qui dépendent totalement de l’électricité pour faire marcher les ventilateurs, les équipements de dialyse et autres équipements de survie. Une coupure de courant à l’hôpital a-Shifa tuerait immédiatement les 30 bébés prématurés qui survivent grâce aux incubateurs comme le bébé Karim, un jumeau grand prématuré d’une semaine qui est soigné dans l’unité de soins intensifs néonatal de l’hôpital.

Le renforcement du siège et des fermetures de la Bande de Gaza par Israël ne fait que punir collectivement la population de la Bande et ce malgré le fait, réitéré maintes fois par le PCHR et les autres organisations des droits humains, que la punition collective d’une population civile est considérée comme totalement illégale par la loi internationale et la loi humanitaire internationale. Cette punition collective a sévèrement affecté chaque aspect de la vie civile dans Gaza : inaccessibilité à l’électricité, aux médicaments, aux équipements médicaux et aux matériaux de construction. Un bâtiment à-demi construit se trouve devant le bureau du Docteur Khalef. Cela devait être une nouvelle unité chirurgicale mais la construction a été totalement arrêtée il y a 7 mois car l’hôpital ne pouvait plus se procurer de béton suite à l’embargo israélien sur les matériaux de construction pour la Bande de Gaza. Le Ministère des Affaires Religieuses de Gaza a récemment fait appel (suite au manque chronique de béton) pour une aide visant à ériger plus de tombes afin que les Gazaouis puissent enterrer dignement leurs morts.

L’hôpital al-Shifa admet environ 4.000 patients par mois et il essaye de trouver un équilibre entre le nombre de patients et les rares et incertaines ressources dont dispose l’hôpital.

« J’ai été obligé récemment de réduire la quantité et la qualité des repas des patients » dit la Docteur Khalef, « et nous avons arrêté totalement de fournir des repas au personnel ». Ces derniers six mois, l’hôpital a dû traiter une centaine de décès et plus de 230 blessures provoquées par les attaques de l’IOF. Certains des hommes, femmes et enfants blessés sont aujourd’hui, comme Moin al-Wadiya, mutilés à vie. Mais l’unité de physiothérapie de l’hôpital ne peut pas faire grand-chose pour les aider. « Honnêtement, nous n’avons que très peu de physiothérapie à leur offrir » dit le Docteur Khalef. « Et malheureusement, nous n’avons pas de services pour ceux qui ont subi des blessures irrémédiables.

Moin al-Wadiya est remarquablement philosophe au sujet des ses blessures. « J’ai perdu beaucoup de sang » raconte-t-il de son lit d’hôpital. « J’ai vu des gens qui volaient en l’air et des corps coupés en morceaux. Mais c’est là mon destin. Je m’inquiète seulement pour ma famille car j’étais le seul à travailler pour nous faire vivre. »

Lisez les autres témoignages :

- Informations PCHR Gaza
- Rapports PCHR Gaza

27 janvier 2008 - PCHR Gaza - Vous pouvez retrouver cet article à :
http://www.pchrgaza.org/Interventio...
Traduction : Ana Cléja