IPS, Bruxelles - Lors d’un débat qui s’est déroulé le 10 octobre à Bruxelles, les porte-parole du gouvernement portugais (qui détient la présidence tournante de l’UE) ainsi que la Commission européenne n’ont fait aucune référence directe à l’ordre israélien de prendre le contrôle de 4 villages arabes situés entre Jérusalem Est et la ville cisjordanienne de Jéricho.
Cet « oubli » a provoqué la colère de certains membres du Parlement Européen, le seul organisme directement élu de l’UE.
« Alors que les Palestiniens voient que tout espoir d’un état viable disparaît devant leurs yeux, qu’a l’intention de faire l’UE ? » a demandé Chris Davies, un député britannique libéral. « Vous savez très bien qu’à part prononcer quelques paroles, elle ne fera rien. Il n’y aura aucune action tangible ».
Davies a décrit les déclarations inquiètes du Portugal au sujet de la grave situation humanitaire à Gaza « un baratin moralisateur ». Il a aussi déclaré que l’UE était hypocrite quand elle ?exige’ des Palestiniens d’afficher des comportements démocratiques alors qu’elle ne fait que ?demander’ la même chose à Israël.
La Commission Européenne a présenté en juin dernier les détails sur l’aide d’urgence de 60 millions d’euros pour les Palestiniens des territoires occupés ainsi que pour les réfugiés en Syrie et au Liban.
Mais, dit Davies, ce n’est pas de la responsabilité de l’Europe de donner « notre argent de contribuables » afin de subvenir aux moyens de subsistance de base des civils démunis de Gaza. « Gaza a été transformée en un camp policier israélien » dit-il. « La responsabilité de garder en vie les 1.5 million de personnes de Gaza incombe à Israël ».
Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne aux relations externes, dit que certains des projets à Gaza, financés par l’UE, ont dû être suspendu parce qu’Israël avait banni les importations de pièces de rechanges pour les hôpitaux et pour les pompes à eau. Les tentatives visant à aider les civils ont été entravées par la fermeture depuis 4 mois de Karni : un passage frontalier sur la frontière israélo-palestinienne qui est vital pour l’économie palestinienne.
Mais elle dit que, malgré tout, l’UE a été capable de fournir des allocations sociales à 35.000 familles en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Elle dit aussi qu’elle était « prudemment optimiste » en pensant que la conférence de paix qui se doit tenir le mois prochain aux USA pourrait avoir des résultats positifs. Elle s’est réjouie que les Etats-Unis aient accepté d’inviter les dirigeants de Syrie et d’Arabie Saoudite à participer à cette conférence à Annapolis, Maryland.
Le premier ministre, Ehud Olmert, a fait savoir qu’il n’était pas en faveur de la participation de la Syrie, argumentant qu’il préférerait que les discussions se focalisent sur les relations d’Israël avec les Palestiniens plutôt qu’avec la Syrie. Bachar Assad, le président syrien, a indiqué qu’il n’y assistera pas si la conférence n’aborde pas la question des Hauteurs du Golan qu’Israël a prises à la Syrie en 1967.
Le ministre du Portugal pour les Affaires européennes, Manuel Lobo Antunes, a soutenu que la pauvreté qui empire dans les territoires occupés « radicalise » les jeunes et crée un « cercle vicieux que nous devons briser maintenant ».
Il estime qu’Olmert et Mahmoud Abbas, le président palestinien, « sont en train de prendre un tournant courageux et encourageant » en acceptant de dialoguer.
Cependant la députée italienne de gauche, Luisa Morgantini, déclare qu’Olmert doit avant tout lever le blocus sur Gaza. « Cela serait courageux » ajouta-elle.
Se référant aux confiscations de terres entre Jérusalem Est et Jéricho, elle dit : « L’UE devrait refuser cette punition collective infligée par Israël sur le peuple palestinien ».
La députée danoise, Margarete Auken soutient que la décision de l’UE de geler tout contact avec le parti islamiste du Hamas à la suite à sa victoire aux élections parlementaires l’année dernière, a démontré son attitude de « deux-poids deux mesures ainsi que son incompétence ».
« Israël a fermé les frontières de Gaza ce qui a rendu tout semblant d’économie impossible. » dit-elle. « Vous ne pouvez pas séparer l’économie de la politique. Il faut mettre fin aux colonies israéliennes sinon il n’y aura jamais la paix. Les Palestiniens plus âgés ont encore et encore prévenu que les Palestiniens ne vivront jamais pacifiquement à côté des Israéliens tant qu’ils verront dans ces israéliens des soldats qui exterminent leurs parents ».
Charles Tannock, un conservateur britannique, est l’un des rares membres du parlement européen à défendre Israël.
Il fait remarquer que l’UE a placé le Hamas sur sa liste des organisations terroristes proscrites et qu’elle prétend qu’Israël « agit avec modération ».
Le socialiste irlandais, Proinsias De Rossa, a accusé Tannock de « desservir Israël par son soutien inconditionnel des actions illégales de ce pays ».
De Rossa soutient que les dernières saisies de terre par Israël est une violation de la feuille de route, le plan de paix de 2003 soutenu par l’UE, les USA, les Nations Unies et la Russie.
Hélène Flautre du parti vert français a exprimé sa frustration en disant que « chaque jour il y a des incursions israéliennes meurtrières et pourtant il y a encore des gens au Parlement Européen qui nient qu’Israël soit une puissance occupante. »
« Nous devons insister pour qu’Israël lève le blocus sur la Bande de Gaza dès que possible » a-t-elle dit aux gouvernements et à la Commission de l’UE. « Quelles mesures allez-vous prendre pour obliger Israël à respecter ses obligations ? »
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10 octobre 2007 - IPS NEws - Vous pouvez consulter cet article à :
http://ipsnews.net/news.asp?idnews=39598
Traduction : Ana Cléja