A l’âge de 24 ans, Saeda Alkhaldi, une jeune habitante de la ville de Gaza qui souffre de la polio, a repris ses études, à partir de l’école primaire, jusqu’à l’obtention d’une licence de lettres six ans plus tard. Sa volonté l’a rendue assez forte pour faire son chemin sur le plan intellectuel, en dépit de son infirmité.
Maintenant Saeda est l’un des piliers du personnel de l’Association d’aide aux handicapés de la Bande de Gaza, elle y est responsable du département des activités destinées aux femmes. Bien qu’elle soit originaire d’une famille conservatrice de Gaza, elle apprécie maintenant la liberté de mouvements qu’elle a acquise grâce à sa confiance en elle.
"Je suis devenue infirme à l’âge de trois ans à cause de la polio, ce qui m’a empêché d’avoir une vie normale. A ce moment là, il y avait très peu de centres spécialisés pour les handicapés à Gaza, aussi j’ai étudié au milieu d’enfants normaux " dit Saeda..
La mère de Saeda, agée de 67 ans, se souvient : "A 14 ans, elle a arrêté d’aller à l’école car c’était trop difficile pour elle, nous ne pouvions pas nous permettre de payer un taxi pour faire les aller-retours entre l’école et la maison. De plus elle souffrait de complications sur le plan psychologique."
Saeda dit, "Quand je suis arrivée à l’Association, c’était l’inauguration de classes d’analphabétisme, cela m’a convaincu de retourner à l’école. Cela me donnait la possibilité d’obtenir en une année le niveau de fin de collège. Je travaille actuellement pour l’Association, mais je ne reçois pas de salaire ; tout semble bloqué en ce moment, même les autres membres du personnel travaillent bénévolement, car il n’y a pas d’ argent."
Saeda utilise son talent artistique pour faire de l’artisanat et des dessins qui lui permettent habituellement de gagner sa vie, de maintenir son indépendance et parfois même d’aider sa famille. Beaucoup de ses travaux, très variés, sont entreposés au Centre d’insertion des handicapés et Saeda a participé à des expositions sur le lieu de l’Association mais aussi à l’extérieur.
Samir Abu Jayyab, président du Centre, décrit Saeda comme un des membres les plus actifs de son personnel, un exemple concret qui démontre que les personnes handicapées peuvent réussir, en dépit de la discrimination qui existe dans les milieux conservateurs présents sur la Bande de Gaza.
"Ici, un des principaux obstacles auxquels doit faire face le handicapé, ce sont les gens, la manière dont ils perçoivent le handicapé. Les familles du handicapé aident rarement leurs enfants à devenir des adultes indépendants. Ceci va à l’encontre de nos programmes et de nos projets d’insertion, ainsi les familles s’occupent d’eux seulement sous l’ angle - qu’ils sont impotents et ont besoin d’assistance constante," noux explique Samir.
En exagérant, dit-il, à Gaza il est presque difficile de circuler dans des rues qui n’ont pas été prévues pour les handicapés.
Le président du Centre nous dit aussi que des choses importantes ont émergées ces dernières années, en particulier quand la communauté internationale a placé le gouvernement du Hamas sous le boycott économique.
"De nombreux partenaires à l’heure actuelle, notamment les pays donateurs, ne soutiennent pas les options retenues par le Centre, ils continuent de réclamer pour les handicapés des fauteuils roulants, des cannes, des déambulatoirs, etc. ... Cela a sans doute eu un impact sur notre capacité à nous occuper du handicapé de façon innovante," dit Samir.
Au cours de ces dernières années, le nombre de handicapés Palestiniens à Gaza a régulièrement augmenté, avec les nombreux blessés résultant des conflits internes entre factions ou conséquence du siège incessant d’Israël sur les 1,4 million de personnes de la Bande de Gaza.
Selon l’Association d’aide aux handicapés de la Bande de Gaza, deux à trois pour cent de la population est physiquement handicapée. Parmi eux, environ 30 % sont des enfants, sachant qu’un tiers d’entre eux a été touché depuis le début de la deuxième intifada.
Puisse Saeda représenter l’espoir pour le nombre grandissant d’infirmes à Gaza. "Quand j’allais à l’école," dit Saeda, "j’entendais souvent des paroles pleines de pitié. Un jour je suis rentrée de l’école tellement déçue que j’ai demandé à ne plus y retourner." Espérons-le, son histoire signifie qu’à l’avenir les handicapés ne verront plus leur scolarité retardée et seront considérés comme des membres à part entière de la société.
* Rami Almeghari contribue actuellement à différentes publications dans les medias, dont la Chronique de Palestine, aljazeerah.info, IMEMC, les news de Radio Paroles libres et de l’Intifada Électronique. Rami est aussi un traducteur en anglais confirmé, il est rédacteur en chef du centre de presse international du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. On peut le contacter à rami_almeghari@hotmail.com.
Du même auteur :
Comment vais-je pouvoir m’occuper de mes enfants ?
Gaza : des combats fratricides à la pauvreté, le peuple est toujours la victime
Une deuxième Naqba à Gaza
29 septembre 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : Brigitte Cope - Info-Palestine.net]