Ville de Gaza, 7 juin 2007, (IRIN) - Près d’une année après qu’Israël ait imposé des conditions très difficiles pour la pêche sur la côte de Gaza, l’industrie a rapidement décliné et les moyens d’existence des pêcheurs sont compromis.
Les pêcheurs de Gaza ont actuellement le droit de pécher à seulement 8 milles nautiques de la côte ce que les Nations Unies ont décrit comme étant une interdiction presque totale de pêcher ; cette interdiction date de juin dernier quand les militants de la faction armée du Hamas basés à Gaza avaient enlevé un soldat israélien.
La meilleure pêche ne commence qu’au delà des 18 milles nautique disent les pêcheurs. Mais ils n’ont pas eu le droit d’aller aussi loin depuis tellement longtemps que leurs eaux côtières sont maintenant surexploitées et la reproduction des espèces s’épuise.
Israël dit que les restrictions sont nécessaires pour arrêter la contrebande d’armes et de drogues à travers Gaza et ce, malgré les accords d’Oslo qui avaient stipulé que les pêcheurs palestiniens avaient le droit de pécher jusqu’à 20 milles nautiques.
Moyens d’existence en péril
Dans le marché aux poissons principal de la ville de Gaza, les sols de béton restent presque vides de poissons.
« Nos pêcheurs sont aujourd’hui très pauvres. Si vous allez dans leurs maisons, vous verrez que leurs familles ne portent pas de vêtements de bonne qualité. D’un autre côté, les ventes du peu de poissons que nous avons, sont très basses. Cette industrie est maintenant très faible » dit le propriétaire du marché, Mohammed Abu Kheir.
La demande pour le poisson à Gaza s’est énormément réduite à cause de la pauvreté qui est montée en flèche selon le PAM et l’Organisation de Nourriture et d’Agriculture qui, en mars, a rapporté que plus de la moitié des habitants de Gaza souffre d’une insécurité alimentaire.
« La viande et le poisson sont très chers et les gens n’en mangent plus beaucoup. Ils ne reçoivent donc pas assez de protéines » dit Amir Yassine un travailleur de terrain du PAM.
Surpêche
La quantité de poissons attrapés près de la côté de Gaza décline régulièrement depuis 2004, mais 2006 a marqué une nouvelle baisse de 1.604 tonnes selon le ministère de l’agriculture palestinien. Les revenus de la pêche sont tombés d’environ 10 million $ avant 2000 à moins de la moitié aujourd’hui.
« Il y a quelques sardines. Mais certains pêcheurs utilisent des filets à petits trous ce qui signifie qu’ils attrapent aussi les alevins. Ils n’ont pas le temps de grandir et de se reproduire et un de ces jours, ce cycle de vie va tout simplement s’arrêter » dit Ghanem Abu Jamal, un pêcheur âgé de 60 ans.
Abu Jamal dit qu’il utilisait des filets de 2,54 centimètres mais que d’autres utilisaient des filets aux trous trois fois plus petits en ajoutant que le ministère de l’agriculture palestinien n’avait que peu de contrôles en place pour arrêter la surpêche.
Point de vue israélien
Le fait d’augmenter la portée de pêche pour les pécheurs de Gaza n’améliorerait pas les possibilités de l’industrie sur le long terme car les stocks sont en déclin dans toute la Méditerranée.
« Même s’ils sortent loin, il n’y aura pas de poissons. C’est le même problème partout dans la Méditerranée. Dans le futur, il n’y aura plus de poissons à attraper » a dit le porte-parole du gouvernement, Shlomo Dror.
Dror dit que la pratique palestinienne de déverser des eaux d’égouts non décantées dans la mer, une des méthodes les meilleurs marchés, faisait du tort aux poissons restants et il a ajouté que même avant que les restrictions aient été imposées, les 6.000 pêcheurs de Gaza enregistrés devaient aller jusque dans les eaux égyptiennes et israéliennes afin d’attraper suffisamment de poissons.
« Il n’y a que 300 pêcheurs d’enregistrés en Israël et ils ont aussi du mal à joindre les deux bouts » ajouta-t-il.
Rapport d’OCHA
« L’industrie de la pêche fait face à un déclin sur le long terme et risque même l’extinction.si les restrictions actuelles sont maintenues » a prévenu OCHA (UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) dans son rapport « Gaza Fishing : An Industry in Danger ». OCHA presse Israël à augmenter les distances de pêche permises aux pêcheurs palestiniens.
OCHA alerte que les pêcheurs eux-mêmes deviennent de plus en plus dépendants des distributions alimentaires des Nations Unies.
OCHA accuse les Israéliens de ne pas dire clairement aux pêcheurs à quel moment et à quel endroit ils pouvaient pécher.
Quatre pêcheurs ont été tués depuis l’été dernier et beaucoup plus d’entre eux ont été blessés ainsi que leurs bateaux endommagés suite à des tirs de vedettes rapides israéliennes armées de missiles.
« Il n’existe aucune communication formelle entre les forces de défense israéliennes et les pêcheurs en ce qui concerne la zone où leurs bateaux peuvent naviguer. Ce manque de dialogue a provoqué des morts, des blessés et des arrestations continuelles de pêcheurs » dit le rapport.
7 juin 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/Report.aspx...
traduction : Ana Cléja