Premier ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh, marche aux côtés de l’Émir du Qatar Hamad bin Khalifa al-Thani lors d’une cérémonie d’accueil à la frontière de Rafah avec l’Égypte dans la bande de Gaza, le 23 Octobre 2012 - Photo : Reuters

Hamad bin Khalifa al-Thani, était ce mardi à l’occasion d’une visite qui a rompu l’isolement des dirigeants du Hamas, le premier chef d’État à entrer à Gaza depuis 1999.

« Vous avez aujourd’hui, par cette visite, déclaré la rupture de l’injuste blocus », a déclaré Haniyeh au dirigeant qatari dans un discours sur les lieux où une ville doit être construite avec l’argent du Golfe.

« Aujourd’hui, nous déclarons la victoire contre le blocus grâce à cette visite historique », a-t-il dit. « Nous vous disons merci, Émir, et je remercie le Qatar pour cette noble position arabe ... Gloire au sang des martyrs qui nous ont portés jusqu’à cet instant. »

Réalisant ce qui était une visite de chef d’État dans tous les sens du terme, al-Thani et son épouse Mozah sont venus d’Égypte à la tête d’une importante délégation pour être accueillis par Haniyeh et une garde d’honneur.

Des centaines de Palestiniens faisaient une haie d’honneur sur la route, agitant des drapeaux palestiniens et qataris alors que le convoi avec une limousine Mercedes noire suivait la route défoncée que le Qatar a promis de reconstruire.

Le Qatar a qualifié sa visite de geste humanitaire, pour inaugurer des projets de reconstruction financés par l’émirat. Alors que c’était d’abord 250 millions de dollars qui avaient été affectés aux projets, un Haniyeh souriant a annoncé que le fonds s’élève désormais à 400 millions de dollars.

Haniyeh a déclaré que l’émir avait accepté de financer des projets supplémentaires et d’augmenter le financement des plans existants.

Le Qatar va construire une ville pour les prisonniers libérés, avec un fonds de 25 millions de dollars, et il a augmenté le financement, à concurrence de 15 millions de dollars, pour une autre nouvelle ville dans la bande de Gaza.

Le premier ministre de Gaza a déclaré que le Qatar avait également décidé d’accorder 8 millions de dollars pour construire un centre de réadaptation pour les jeunes, et d’attribuer une somme supplémentaire de 13 millions aux hôpitaux pour que les patients puissent être traités dans la bande de Gaza plutôt que d’être obligés de voyager à l’étranger.

Israël « sur le cul »

Israël a déclaré qu’il était « incroyable » que le Qatar, un État allié des États-Unis dans le Golfe dont le pétrole et le gaz lui permettent d’agir bien au-delà de son poids diplomatique, prenne parti dans le conflit palestinien et soutienne le mouvement Hamas, considéré en Occident comme une organisation terroriste.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a déclaré que l’émir, qui a déjà rencontré les dirigeants israéliens - mais sans visiter l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et de son mouvement Fatah en Cisjordanie - n’avait « jamais daigné honorer l’Autorité Palestinienne d’une visite. »

La bande de Gaza est coupée du monde, soumise à un blocus par Israël et par l’Égypte par voie terrestre et par la mer. Peu de destructions ont fait l’objet d’une reconstruction dans la bande de Gaza, depuis une guerre dévastatrice de trois semaines lancée par les forces israéliennes d’occupation pendant l’hiver 2008-2009.

Dans les territoires occupés de Cisjordanie, l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas - le rival du Hamas - a déclaré qu’il espérait que la visite ne saperait pas les efforts de reconstruction de l’unité palestinienne ou ne serait pas le signal d’une séparation définitive avec la bande de Gaza.

L’émir a déjà cherché à servir de médiateur entre le Hamas et le Fatah pour mettre fin aux divisions, mais les analystes disent qu’il n’y a pour l’instant aucun espoir de réconciliation entre les deux organisations.