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Vies sous occupation : quand des familles nombreuses partagent la même chambre
samedi 28 avril 2012 - PCHR Gaza
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Photo : PCHR

Nous nous y sommes rendus pour rencontrer la famille Abu Rashad, composée du père Mohamed Salman (45 ans), de la mère Amna (31 ans) et de leurs neuf enfants. Ce foyer de onze personnes fait partie des 1.1 million de réfugiés qui constituent en fait une majorité écrasante au sein de la population Gazaouie, estimée à 1.7 millions d’habitants.
Pour sa part, l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) estime que sur les huit camps de réfugiés de Gaza, Jabalia est le plus grand puisqu’il abrite environ 110.000 réfugiés dans une superficie de 1.4 km carrés seulement, d’où toute la notoriété du camp.

Les raisons qui ont rendu camp surpeuplé sont les mêmes dont souffre toute la population de Gaza. D’abord, il y a eu la politique de fermeture illégale exercée par Israël, en tentant en 1991 d’isoler la Bande. Les conséquences ont été particulièrement calamiteuses pour les résidants qui, à l’instar de Mohamed Abu Rashad, pouvaient compter sur les emplois en Israël pour subvenir aux besoins de leurs familles. Quelques années plus tard, soit en 2007, Israël a procédé au renforcement de son blocus forçant ainsi les habitants qui s’étaient retrouvés au chômage à dépendre de l’aide de l’UNRWA pour survivre.

La maison des Abu Rashad est le modèle type des maisons du camp de Jabalia. Elle est composée en grande partie d’une pièce de 3 mètres sur 3 mètres. Cette chambre unique fait office de chambre à coucher, de salon et d’espace pour manger et étudier pour les onze membres de la famille. Avec l’approche de l’hiver, les conditions de vie dans cette maison deviennent de plus en plus médiocres et inappropriées pour le couple avec les neuf enfants, et un dixième en route, notamment avec les fissures sinueuses sur les murs et une ouverture à la place d’une porte.

De ce fait, l’humidité et son impact sont nettement visibles, même quand il fait beau et que la journée est particulièrement sèche. Mais lorsqu’il pleut, c’est toute la maison qui est inondée jusqu’aux couvertures. C’est pourquoi, Mohamed fait remarquer que les conditions de vie en prison sont nettement meilleures et que là où il habite « n’est pas une maison mais un cimetière »
L’étouffement qui résulte de l’entassement des familles dans des espaces réduits affecte les différents aspects du quotidien, notamment celui des enfants. Pour les neuf enfants des Abu Rashad, cette réalité est paralysante. La majorité d’entre eux étudient l’après-midi dans l’école locale de l’UNRWA, un cours supplémentaire visant à aider les enfants du camp. De retour à la maison, il fait déjà nuit, et les coupures d’électricité répétées ainsi que le bruit fort des générateurs n’arrangent pas les choses. Faute de concentration et par conséquent de révisions à la maison, deux enfants de Mohamad Abu Rashad ont raté leur année scolaire et ont été ajournés.

Outre la possibilité d’étudier dans des endroits décents, les enfants manquent d’espaces de loisirs et de jeux. L’intérieur de la maison n’étant pas spacieux, l’extérieur n’offre que des ruelles étroites et serrées, jonchées d’ordures. Face à cette misère et au confinement de l’espace physique et émotionnel, les enfants n’ont d’autre moyen de s’exprimer que par la violence entre eux. Et ce sont les garçons qui s’acharnent sur leurs jeunes frères. Mohamed reconnaît que ses deux filles ne peuvent plus « se comporter comme des fillettes » et adoptent le même comportement que leurs frères afin de leur tenir tête. Le père de famille est contraint d’agir violemment pour arrêter le vacarme mais finit toujours par le regretter et avoue que vivre cloîtré est la raison de son angoisse et de son irascibilité.

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Photo : PCHR

Les maillons qui constituent la chaîne de misère des Abu Rashad et leurs pairs n’en finissent pas. En plus de la santé mentale, la santé physique est touchée par leur mode de vie. En saluant les enfants, on constate clairement qu’ils sont enrhumés ou grippés. Mohamed explique « Il suffit qu’un seul enfant tombe malade pour que toute la famille en soit contaminée et ce, faute d’espace pour l’isoler jusqu’à sa guérison », et c’est justement la guérison qui pose problème étant donné le froid et l’humidité qui rongent la maison.

La famille Abu Rashad vit une véritable crise qui n’est pas près de se régler. Les années à venir seront encore plus pénibles puisque les enfants finiront par grandir et la chambre minuscule sera encore plus invivable. L’aîné des enfants est aujourd’hui âgé de 15 ans, et l’aînée des filles, Sundus, en a 10. Dans peu de temps, elle ne sera plus jeune pour dormir avec ses frères.
D’autre part, il y a les voisins qui construisent. Mohamed indique que chacun tente de régler son propre problème d’hébergement sauf que ces constructions autour finiront par obstruer la pénétration des rayons du soleil dans la maison familiale déjà humide. Le père de famille conclut que le résultat sera sans doute « l’effondrement de la famille »

Par ailleurs, il convient de signaler que la crise des réfugiés Palestiniens est la question la plus épineuse et la plus ancienne dans le monde. Les chiffres démontrent qu’aujourd’hui, environ un réfugié sur quatre est Palestinien. Les droits des réfugiés Palestiniens, plus particulièrement le « droit au retour » sont reconnus par de nombreuses Résolutions de l’ONU, notamment la Résolution 194 du Conseil de la Sécurité. Toutefois, tant que la communauté internationale maintient sa passivité et refuse d’appliquer le droit international, ces résolutions continueront de ne pas trop se soucier des réfugiés de la Bande de Gaza dont les droits humains fondamentaux continuent à être systématiquement violés.

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14 décembre 2011 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha