C’est sans doute pour ces caractéristiques et pour leur rôle dans le divertissement et l’apaisement des difficultés de la vie quotidienne que ces oiseaux sont particulièrement populaires dans la Bande de Gaza.
Les canaris et les chardonnerets sont l’affaire de Munther Rashed Saleh al-Nakhala. Agé de 44 ans, cet adepte des oiseaux vit dans la Bande de Gaza et est très connu parmi ses voisins pour l’attention et les soins qu’il apport à ses oiseaux. Il possède aujourd’hui 50 oiseaux et refuse catégoriquement de les vendre, bien qu’ils apportent plus de 1.000 NIS (sheckels) dans le marché Gazaoui. Il avoue : « Je leur ai construit des cages spéciales, histoire de créer leur environnement naturel. Ils me sont très chers ».
A l’aide de son filet vert et sa cage en bois, Munther pratique la chasse des chardonnerets et canaris et y trouve beaucoup de plaisir. En effet, pendant les sept dernières années, Munther consacrait quatre jours par semaine pour prendre son vélo et partir à la chasse dans les zones avoisinant la ville de Gaza. Toutefois, ce simple hobby a failli coûter la vie à Munther qui, au matin du 31 janvier dernier, a reçu trois coups tirés par des soldats israéliens.
Ce jour là, il était à environ 450 mètres de la clôture Est qui sépare Gaza et Israël, dans la région de Shajaiyeh. Au moment où il a placé son filet, il a remarqué la présence de cinq soldats du côté israélien, s’approchant de la clôture. Munthir explique : « Je sais que lorsque les soldats de l’occupation s’approchent de la clôture à pieds c’est dans l’intention de tirer sur quelqu’un. J’ai immédiatement ramassé mon filet et ma cage pour quitter les lieux. Sans faire attention, au moment de prendre la cage, ils avaient ouvert le feu avec des balles réelles. L’une d’elle m’a touché à la jambe gauche. Malgré ma blessure, j’ai pris mon vélo et me suis sauvé aussi vite que j’ai pu ».
Fort heureusement, l’impact de la balle qui est ressortie de la jambe de Munther n’a provoqué aucune blessure grave. Cependant, l’incident lui a fallu une hospitalisation de deux jours à l’hôpital Al Shifa, en plus du traitement qu’il prend actuellement. Il avoue : « Les soldats israéliens savent que nous chassons dans nos terres. En plus, ils me connaissent et connaissent mon activité depuis des années et savent très bien que je n’étais pas armé. C’est quand même ironique qu’ils nous traitent de terroristes alors que ce sont eux qui nous terrorisent ».
Hélas, le cas de Munther n’est pas isolé. Un bon nombre de civils ont été blessés par des soldats israéliens présents aux frontières de la Bande de Gaza. L’an dernier, 24 personnes, dont 5 enfants avaient été tuées et 203 autres, dont 9 enfants avaient été blessées. Toutes ces agressions ont été commises dans la soi-disant « zone tampon ».
Pour rappel, les forces israéliennes avaient, depuis le retrait d’Israël de la Bande de Gaza en 2005, établi une « zone tampon » tout au long des frontières terrestres et maritimes de la Bande de Gaza. Il s’agit d’une zone interdite aux Palestiniens. Le problème est que les endroits précis qui constituent cette ?’zone tampon’’ demeurent inconnus et changeants. Elle peut être située à 300 mètres de la frontière terrestre, mais risque de s’étendre jusqu’à 2 km. Pour le reste, Israël applique sa politique avec des balles réelles.
Il est à souligner que la mise en place de ladite « zone tampon » est illégale au regard du droit international car il n’y a aucune nécessité militaire pour imposer des « zones militaires fermées » permanentes à l’intérieur de la Bande de Gaza.
Cette véritable confiscation et saisie des biens transgresse l’Article 23 (g) des Règlements de la Haye et constitue une grave violation des Conventions de Genève.
Par ailleurs, interdire aux Palestiniens d’accéder à leur terre enfreint de nombreuses dispositions du droit relatif aux droits de l’homme, y compris le droit au travail, le droit à un niveau de vie suffisant et le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint. Imposer la « zone tampon » en usant de balles réelles donne souvent lieu à des crimes de guerres puisque les civils sont les premiers à en payer les frais. Autrement dit, tuer des civils désarmés dans ce genre de circonstances constitue des crimes de l’homicide volontaire, une grave violation des Conventions de Genève.
Consultez également :
Vies sous occupation : quand les hôpitaux plongent dans le noir - 8 avril 2012
Vies sous occupation : les moyens de subsistance pris pour cible - 3 avril 2012
16 février 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha