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Internet et l’occupation partagent la responsabilité du manque de lecture
jeudi 22 mars 2007 - Abd al-Qader Hammad

Gaza. Il y a un vieux proverbe qui dit qu’un livre est le meilleur compagnon. Ce n’est apparemment pas le cas dans les territoires palestiniens. Des observateurs en industrie disent que la lecture prend la deuxième place après les médias visuels, auditifs et électroniques.

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Traduction historique du "De materia medica de Dioscoride"

La distribution et l’exportation de livres sont très limitées, non seulement en Palestine, mais dans le monde arabe en général, et des statistiques montrent que même les livres qui se vendent le mieux, sans prendre en compte les livres religieux, ne sont publiés qu’à 5000 copies dans la région.

« Il y a un niveau sans précédent de stagnation sur le plan éducatif », dit Abu Tamer, propriétaire d’une librairie à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. « Il y a peu de personnes qui se rendent aux bibliothèques municipales pour lire ou effectuer des recherches. La plupart de ceux qui viennent sont des étudiants à l’université recherchant des titres précis. »

Certains attribuent le manquent de lecture au manque de temps, tandis que d’autres l’imputent au déploiement d’internet, ainsi qu’aux restrictions placées sur la société palestinienne à cause des difficultés de l’occupation.

Bassam Sa’aeed, directeur des relations publiques à la faculté des Sciences et Technologie à Khan Younis, au sud de la bande de Gaza, dit que la technologie et la domination des médias visuels ont tous deux contribué à la diminution de la lecture de livres. « Il est regrettable que notre programme d’études n’encourage pas la lecture », dit-il.

La famille est aussi importante pour encourager la lecture, dit la nourrice Nabila al-Muqayyed. « Lorsqu’un enfant est élevé dans une famille illettrée, il ne se développera pas, aussi durs soient les efforts du corps éducatif de l’école, dit-elle. La famille est la source du processus d’éducation et d’apprentissage. »

De plus, les Palestiniens sont aujourd’hui concernés par les nécessités de la vie, comme le logement, les vêtements et la nourriture, plutôt que par l’acquisition de livres, dit Sa’aeed.

« En dépit de la présence de livres populaires dans les bibliothèques municipales, les citoyens n’y vont pas. Comment voulez-vous qu’ils achètent des livres ? », dit Shahrazad, propriétaire d’une librairie dans la ville de Gaza. « Plusieurs jours passent sans que même un livre ne se vendre, peut-être à cause de la terrible situation économique d’une part, et de la censure israélienne, sous prétexte de provocation et de raisons sécuritaires, d’autre part. »

Riziq Sha’th, professeur en pédagogie à l’université d’al-Aqsa dans la ville de Gaza, dit que les jeunes gens sont moins intéressés aux livres en raison de l’invasion de la modernité dans leurs vies sociales. Ceci s’applique notamment à internet et aux jeux électroniques.

« Cette nouvelle génération, qui est de l’âge de la technologie, essaye de chercher des réponses rapides et trouve [internet] plus accessible qu’un livre. Et la pression exercée sur le peuple palestinien par la situation politique et économique en Palestine l’a éloigné de l’éducation en général. »

Le Mur, les fermetures continues et l’isolation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie du reste du monde ont contribué à l’affaiblissement de l’éducation et ont mené à sa stagnation, ajoute le professeur Sha’th.

Il y a une disette de livres publiés, car « publier un nouveau livre est une aventure qui est condamnée à échouer, simplement du fait de la détérioration de la situation politique et économique », dit Mohammed al-Qatawi, professeur de langue arabe dans la ville de Gaza.

« A mon avis, internet et les livres électroniques ne remplacent pas les livres imprimés. Le livre imprimé a de nombreux avantages par rapport aux livres électroniques », a ajouté al-Qatawi.

6 mars 2007 - Palestine Times
Traduction : M. Ahmed