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Gaza : « Les enfants se réveillent en criant. »
lundi 10 juillet 2006 - Donald Macintyre - The Independent

Mahmoud Mughari parle franchement : « Normalement, je me lave et me douche deux fois par jour. Maintenant, je peux le faire seulement tout les 4 ou 5 jours. Les enfants sentent mauvais. Nous sentons mauvais. Nous nous inquiétons car ceci provoquera des maladies ».

A l’extérieur de la maison dans le centre de Gaza que lui et sa famille se partagent, avec ses vieux parents, 5 frères mariés et leurs enfants - 48 personnes en tout - Mr Mughari parle du choc provoqué par les attaques israéliennes la semaine dernière à Gaza, dont l’une a coupé la canalisation d’eau qui alimente le camp de réfugiés de 57 000 personnes.

Le premier problème, dit Mr Mughari, est que le moteur - qui devrait faire fonctionner normalement, entre autres, la réfrigération et les ventilateurs avec une température comme actuellement de 91° Fahrenheit (33° Celsius) - ce moteur est arrêté entre 8 h et 24 h par jour. Ce sont les ingénieurs palestiniens qui répartissent une partie de la consommation en électricité pour la moitié de Gaza fournie par Israël, à l’autre moitié de Gaza qui dépendait de la centrale électrique de Gaza et dont les transformateurs ont été détruits mercredi par une attaque de missiles.

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Sur la plupart des terrasses, des réservoirs pour stocker l’eau et la chauffer.

Le second problème est que l’eau qui était antérieurement disponible deux jours sur trois ne l’est plus maintenant que 4 ou 5 heures tous les 3 jours. Et le troisième est que l’impossibilité de fournir l’électricité et l’eau fait qu’on ne peut pomper l’eau pour alimenter les réservoirs sur les terrasses et donc avoir régulièrement de l’eau aux robinets.

Ils ont stocké les réserves qu’ils ont rationnées dans deux tonneaux de 250 litres, la plus grande partie pour boire, et si nécessaire, pour la cuisine. Pour échapper à la chaleur, dit-il, les membres de la famille ont commencé par dormir sur des matelas, sur le trottoir à l’extérieur de la maison.

La dernière crise a aggravé les difficultés de la famille Mughari, quand le Hamas a provoqué un blocus économique international contre l’Autorité palestinienne en gagnant les élections de janvier dernier.

Mr Mughari, l’un des deux seuls frères qui travaillent (les trois autres sont tailleurs mais sans emploi), n’a pas reçu son salaire de 134 livres mensuelles depuis trois mois, pour un projet de création d’emploi sur lequel il travaille. Sa famille a le droit de recevoir l’aide alimentaire des Nations unies, mais il dit qu’auparavant ils mangeaient de la viande 3 ou 4 fois par semaine et maintenant, une fois tous les 15 jours.

La famille n’en peut plus aussi avec la reprise des bangs soniques - ou les « bombes » - provoqués volontairement par les F-16 israéliens volant au-dessus de Gaza, et qui commencent dès l’aube. « Les enfants se réveillent en criant et accourent dans ma chambre » dit-il, « certains comprennent que c’est juste un bruit très fort, mais Mai, ma fille de 4 ans, pense que c’est un vrai bombardement. Je m’inquiète car je crains qu’ils ne soient affectés psychologiquement plus tard. »

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Dès avant l’aube, ils passent à basse altitude, provoquant les Bangs !
pour terroriser, détruire une population.

Si le but de la campagne de l’armée d’Israël était jusqu’alors de provoquer un changement majeur dans l’opinion publique palestinienne, ça ne parait pas avoir fonctionné. Flanqué de ses parents, de beaucoup de ses enfants et de ceux de ses frères, Mr Mughari dit que même s’il y a une incursion terrestre israélienne : « nous l’affronterons même si cela devient pire ».

Il y a peu de signes manifestes d’une préparation par les militants, mais Mr Mughari ajoute : « S’ils [les Israéliens] viennent ici, ils ne recevront pas des roses. Il y aura de la résistance. » Et il ajoute au sujet de l’enlèvement de Shalit [le soldat israélien fait prisonnier par la résistance palestinienne - ndt] : « mon opinion personnelle, c’est qu’on devrait l’échanger. »