16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Sayed Nasrallah : l’opposition ne nommera pas Saad Hariri

lundi 17 janvier 2011 - 08h:58

Al-Manar

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a déclaré que l’opposition ne nommera pas la Premier ministre sortant Saad Hariri pour la formation du prochain gouvernement.

Lors d’une allocution télévisée, où il a expliqué les dessous de l’initiative syro-saoudienne, les raisons qui ont abouti à son échec, et les cause de la démission des ministres de l’opposition, il a également affirmé que l’opposition n’acceptera pas non plus un gouvernement qui ne juge pas les faux-témoins, qui ne lutte pas contre la corruption financière et qui n’ ?uvre pas en vue de servir les intérêts des gens et tente de régler leurs problèmes vitaux.

Voici ci-dessous les principales idées du discours

A la lumière du parcours que les choses ont pris, on peut déduire les intérêts et les objectifs et ce qui se prépare.

Premièrement : je vais vous présenter les faits : en résumé depuis le début de l’initiative arabe, ou ce qui fut convenu d’appeler l’entente syro-saoudienne, entamée alors que les informations faisaient état de l’imminence de la publication de l’acte d’accusation, il y a eu cette initiative généreuse entamée grâce aux efforts du roi saoudien Abdallah et du président syrien Bachar ElAssad.
Ils nous en ont informés, et nous l’avons alors soutenue, et nous avons misé sur elle, à l’instar de tous ceux qui veulent le bien pour le Liban...

Il y a alors eu des entretiens, contrairement aux dénis de certains qui les ont non seulement exclus, mais ont également écarté l’idée d’un accord, ce qui d’ailleurs n’était autre que leur souhaits.

Je veux être clair pour que les Libanais connaissent bien l’image de ce s’est passé...

Dès le début, les saoudiens étaient clairs : ils ont dit qu’il n’est pas possible d’éliminer le tribunal international, car c’est une décision qui a été prise par des parties internationales ; nous avons alors dit que nous comprenions très bien ceci.

Deuxièmement, les Saoudiens ont dit qu’il n’est pas possible d’éliminer l’acte d’accusation ; et nous avons dit que nous le comprenions, et nous étions conscients que nous ne pouvions pas nous attendre à ce que les Saoudiens puissent exercer une certaine influence sur les Américains ou les Israéliens pour les dissuader de le soutenir.

Deux choses ont été proposées pour reporter l’acte d’accusation, celle de se concerter sur la façon de protéger le Liban des séquelles de l’acte d’accusation.

Ils ont exigé que les négociations restent secrètes, ce à quoi nous avons également acquiescé parce que nous savions que l’enquête était politisée et que nous somme la cible d’un projet.

Trois choses étaient nécessaires pour neutraliser les séquelles de l’acte d’accusation : le fait que le gouvernement déclare qu’à la lumière des développements, le Liban décide de retirer les juges libanais et de stopper le financement libanais et d’éliminer l’entente conclue entre le gouvernement et le TSL.

Ces trois conditions, en cas de leur mise en application, n’aboutiront pas à l’élimination du TSL ; nous savons que les juges libanais seront remplacés par d’autres, et que d’autres sources de financement seront fournies. Mais l’élimination du mémorandum d’entente veut dire que le gouvernement libanais ne va pas arrêter ceux qui sont accusés par M. Bellemare...

On nous a informés que les Saoudiens étaient d’accord et que Hariri aussi l’était ; mais on nous a fait savoir que pour que l’accord rentre en vigueur, l’opposition se devait elle aussi d’exécuter certaines choses.

Et on nous a aussi posé comme conditions de garder ces contreparties au secret, sachant que nous en avons accepté certaines, et hésité sur d’autres... Mais l’atmosphère était très positive.

Mais il y a eu la maladie du roi saoudien qui a ralenti les choses ; les contacts ont été alors interrompus, puis ils sont devenus irréguliers.

Il y a deux semaines à peu près, une confirmation nous est de nouveau parvenue de la part du roi saoudien, qui se rétablissait de son intervention chirurgicale, et dans laquelle il a réitéré son attachement à l’initiative, signalant qu’il ne restait plus qu’à convoquer Saad Hariri à New York pour son achèvement. Hariri a alors accordé un entretien au journal Al Hayat dans lequel il a révélé pour la première fois que l’accord a été accompli, ce qui est déjà bien car c’est la première fois qu’il y a une reconnaissance, alors que son équipe politique ne faisait que nier l’existence d’une telle initiative...

Hariri est parti aux USA et y a effectué ses rencontres là-bas...

Directement après, les Saoudiens ont contacté les Syriens pour leur dire qu’ils s’excusent et ne peuvent plus continuer dans cette initiative.

Sans prémisses, sans préalables, sans préavis, ils ont renoncé à cet accord...

Qui a donc torpillé ce parcours ??

Après on nous a informés que la publication de l’acte d’accusation allait être accélérée. C’est pour cela qu’il nous fallait présenter notre démission et faire renverser ce cabinet, de façon constitutionnelle et selon les lois en vigueur au Liban.

Depuis nous sommes dans une nouvelle conjoncture politique.

Pour comprendre ce qui s’est passé : ce sont les Américains et les Israéliens qui ont refusé cette initiative arabe, mais ils l’ont laissée avancer, parce qu’ils misaient peut-être qu’elle n’allait pas aboutir à un accord. Mais lorsqu’ils ont vu qu’elle a été accomplie, ils ont alors intervenu en force et ont affiché leur refus.

C’est la seule explication.

Nous savions bien entendu d’après les déclarations américaines et leurs enjeux qu’ils ne peuvent permettre que l’initiative réussisse.

Et puis il y a aussi certaines parties politiques au Liban qui n’ont cessé de renier la présence de l’initiative et ont ?uvré nuit et jour et effectué des contacts dans tous les sens pour la torpiller ; ils ont même usé de mots indécents contre le roi saoudien qui était sincère dans ses efforts en vue de la conclusion de cet accord.

Hariri a dit que l’accord a été réalisé, mais que certains n’ont pas exécuté la partie les concernant...

Pourquoi n’a-t-il donc pas attendu que l’on se mette d’accord sur le mécanisme de l’exécution de l’initiative ?? Pourquoi ce retour à la case départ dès qu’il s’est rendu aux États-Unis.

Tous les Libanais devraient se poser cette question.

La réelle position de Hariri est que soit il ne voulait pas d’accord dès le début, mais il a acquiescé en raison des pressions saoudiennes ; soit il le voulait mais avait appréhendé les pressions américaines contre lui ; ou parce il était en accord avec les Américains ..

Ce qui montre que la position américaine prime chez lui sur les intérêts des Libanais et du Liban... Ce qui veut dire que cette équipe n’est pas capable de protéger les intérêts du pays parce qu’elle ne peut pas contrer les pressions exercées sur elle...

Hariri a dit après son retour des États-Unis que ses contreparties et revendications étaient pour le pays. Je ne vais aujourd’hui vous révéler les conditions qui nous ont été envoyées, je les aies sur moi ; une minorité d’entre elles servent les intérêts nationaux, alors que la majeure partie d’entre elles servent les propres de Hariri et de son équipe.

Pourtant, nous étions prêts à faire beaucoup de concessions pour faire éviter au Liban le pire.

Il y a une contrepartie que je vais vous révéler : celle liée au dossier des faux-témoins.

Lorsque nous avons demandé au gouvernement de régler ce dossier car il est sensible, comporte des séquelles dangereuses, d’autant plus que de hauts officiers libanais ont injustement été séquestrés, sans oublier que les relations avec la Syrie ont failli être détruites, et l’atmosphère de zizanie confessionnelle qui était au bord de l’éclatement en raison de ces faux témoignages(...).

Notre demande voulait dire que nous voulions prendre pour arbitre les institutions étatiques du pays, ce qui montre notre bonne volonté et notre attachement aux vois légales..

Or l’une des contreparties était de classer l’affaire des faux témoins !!

Pourquoi êtes-vous si soucieux de classer ce dossier alors que vous devez être les plus attachés au jugement des faux-témoins ??

Aujourd’hui seulement nous comprenons très bien pourquoi il est interdit de voter sur cette affaire au conseil des ministres, et pourquoi dans ce pays, il faut torpiller la tentative de saisir la conseil juridique dans cette affaire...

A la vue de ce qui a été révélé dans la chaine al Jadid (New TV) [qui a diffusé samedi soir les bandes sonores de la discussion qui a eu lieu lors de rencontres entre le Premier ministre Saad Hariri et le principal faux-témoin dans l’affaire Zouheir Siddik, en présence du chef du département des renseignements le colonel Wissam ElHassan et du vice-commissaire de l’enquête internationale Gerhard Lehman, peu de temps après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri - ndlr], au début, le courant du Futur ont dit que la bande audio a été fabriquée, ce qui est ridicule, ces gens-là sont prêts accepter un acte d’accusation sur des contacts téléphoniques pré-fabriqués, mais refusent de croire ce qu’une bande sonore aux voix très explicites révèle.

Pourtant, plus tard, un communiqué du bureau de Hariri a assuré que la rencontre a vraiment eu lieu mais a expliqué les faits dans un autre contexte. On vient de me dire que la Télévision du Futur (appartenant au courant du Futur) va diffuser la totalité du document.

Là aussi la question se pose de nouveau, comme elle se pose d’ailleurs pour la New TV : d’où avez-vous reçu cette bande audio ? c’est une preuve de plus qu’elle été infiltrée de la part du TSL.

Cela fait 5 ans que tout ce qui se passe dans la commission d’enquête internationale se trouve dans les journaux, dans les ambassades, dans les chancelleries, les ministères...

C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de démissionner.

Je voudrais rendre hommage à la position du ministre Hussein Sayed Ahmad, pour la position honorable qu’il décidé de prendre en présentant lui aussi sa démission.

En tant que force politique, notre participation au cabinet, à la lumière de notre expérience nous amène à nous poser la question si nous devons continuer avec elle.
Ce gouvernement est selon nous non productif ; d’autant plus que le Premier ministre ne reste pas aux pays, pour poursuivre ce qui décide et les affaires d’État. Les ministres de l’opposition ont sans cesse évoqué ces lacunes dans leurs conférences de presse. Mais nous avons pris notre temps avant de prendre cette décision, et notre principal enjeu était lié aux revendications vitales des gens et leurs intérêts ...

A un certain moment nous avons voulu faire face à la corruption financière et administrative.

Pendant 11 mois, nos ministre ont tenté de comprendre comment 11 milliards de dollars ont été dépensés du budget de l’État ; en vain. Si on demande relevés de compte, on nous sort directement l’affaire de la discorde confessionnelle.

Sur la question des faux-témoins, le gouvernement s’est avéré aussi incapable de la régler en le transférant au conseil juridique !

Ce qui veut dire que ce gouvernement est impuissant pour faire face à l’acte d’accusation. Bien au contraire, ce gouvernement voulait comploter contre sa résistance, financer le TSL, et accuser injustement et à tort ses membres dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre, puis les arrêter lorsque le tribunal lui demandera ceci.

Ce qui nous a permis de conclure que ce cabinet est incapable, car de surcroît il a permis que le pays soit découvert. Et voilà que Bellemare informe certains milieux de ce gouvernement qu’il va livrer son acte d’accusation lundi à Fransen et l’annoncera le mardi.

Devant un gouvernement impuissant nous sommes une exception.

Alors que les gens qui ont des revendications voulaient agir et descendre dans les rues, on nous demandait de les en empêcher. Ce que nous ne pouvons pas faire.

Le renversement du gouvernement pourrait ouvrir la voie pour la formation d’un gouvernement responsable, alors que le fait de continuer dans cette situation constituait un danger pour le pays.

A la lumière de notre diagnostic de cette situation gouvernementale lamentable, nous avons décidé la démission. C’est une démarche constitutionnelle, et démocratique et c’est notre droit de l’exercer ; nous n’avons pas renversé le gouvernement dans la rue et n’avons pas utilisé d’armes. Nous l’avons fait de façon démocratique et civilisé.

Voyez ce qui s’est passé par la suite ?? Comme si l’opposition avait détruit la Kaaba.

Les USA, la France, le Canada, les pays arabes, tous ont protesté, et voilà que la tension règne de nouveau dans la région.

Voyez ce qui s’est passé pour la simple éventualité que lors des consultations parlementaires, l’opposition puisse désigner une personnalité respectable sunnite autre que Hariri

Qu’est-ce que cela veut dire ?

J’aimerais dire que nous, dans l’opposition, assumons notre pleine responsabilité nationale et n’avons peur de personne, ni de leurs guerres, ni de leurs batailles, et encore moins de leurs communiqués.

La plupart des capitales du monde nous ont critiqués.
Ceci veut dire que personne n’a le droit au Liban de faire des réformes et tous doivent être soumis, sinon les USA et les Occidentaux vont agir contre nous et on nous fait peur de la zizanie confessionnelle.

Regardez donc pour quel camp ?uvre l’autre équipe !!

Il est clair qu’il y a un consensus au sein de l’opposition de ne pas nommer le président Hariri pour former un nouveau gouvernement.

Après ces derniers mois, nous sommes décidés, pas question de le nommer. D’ailleurs nous ne l’avions pas nommé la fois passée, et nous avons seulement accepté d’investir un gouvernement d’union nationale...

Nous n’allons pas annoncer notre candidat, c’est aux blocs parlementaires de la faire les deux jours prochains.

Alors que nous sommes face à une échéance nationale, les puissances occidentales s’ingèrent.

En quoi cela regarde Mme Clinton de téléphoner ( au président ) pour s’enquérir ? Pourquoi l’ambassadrice américaine doit elle se rendre en personne à Zahlé pour s’enquérir sur la position que le député Nicolas Fattouche va prendre ?

Que le monde entier sache, que dans la bataille des consultations parlementaires, nous allons la mener avec les outils nationaux, alors que l’autre équipe la mène grâce à une ingérence internationale..

Est-ce cela la liberté et la souveraineté qu’il faut préserver au Liban ??

Laissez donc les gens exprimer leur choix librement.
Certaines parties sont libres de diagnostiquer, mais elles font l’objet de pression...

Le pire est le nouveau scandale que lorsque l’initiative a été avortée, on a demandé à Mr Bellemare d’accélérer la publication de l’acte d’accusation, et lui n’a pas manqué de le faire. Le déclarant pour les lundi et mardi, au moment même des consultations parlementaires. Même timing de l’acte d’accusation fait partie de la campagne.

Ne pouvait-il pas le reporter, quelques jours ??

Il fallait coûte que coûte le publier durant les consultations parlementaires, car cela fait partie de la campagne en faveur de certains ...

Je veux être clair et franc. Il y a deux parcours : celui des consultations parlementaires et celui de Mr Bellemare, lié à la livraison de l’acte d’accusation à Fransen.

Vu que le timing a été utilisé pour les consultations, nous allons agir pour les disloquer.

Les dirigeants politiques, les partis politiques, les blocs parlementaires devront demain et après-demain assumer une grande responsabilité.

Ils doivent décider vers quelle direction se dirige le pays, et quel cabinet ils veulent offrir au peuple libanais, dans la conjoncture internationale actuelle très gênante.

Pour être clair, nous avons vécu l’expérience de ce gouvernement, qui est une nouvelle expérience, nous avons effectué notre propre évaluation. Le gouvernement prochain devra savoir assumer ses responsabilités.

Nous ne nous tairons pas face à un gouvernement qui protège les faux-témoins. Le prochain gouvernement devrait se charger de ce dossier.

Nous ne nous tairons face à un gouvernement qui protège la corruption financière...

Nous n’accepterons pas un gouvernement qui n’assume pas ses responsabilités pour résoudre les problèmes des gens...

Nous ne demandons à aucun gouvernement de protéger la résistance même durant la guerre de juillet ; ceux qui l’ont fait l’ont fait de leur propre volonté, par responsabilité nationale...

Mais nous demandons au gouvernement prochain de ne pas comploter contre la résistance.

Il est de notre devoir de préserver les atouts de force du Liban, face à l’ennemi sioniste. Le Liban ne peut être protégé que par les siens.

Nous ne nous tairons pas face à un tel gouvernement.

Nous espérons que les Libanais pourront former un gouvernement efficace dont la priorité est les intérêts des gens.

A cette occasion, j’aimerais féliciter le peuple tunisien pour sa révolution historique et sa bravoure... Mais il faut prendre les leçons de cette révolution, surtout celle de ce régime (de Ben Ali) et de son équipe qui ont toujours travaillé pour les intérêts de la France, des États-Unis et des occidentaux, alors que ces derniers ont refusé de l’accueillir, et ont même expulsé leurs proches...

Le Liban ne peut continuer que si les gens dialoguent entre eux.

Mais si les Libanais ne peuvent pas parvenir à une solution, nous aurons un problème. Et si les USA s’ingèrent, ceci va compliquer encore plus les choses.
L’autre équipe insiste à ne pas résoudre les choses...

Nous ne permettrons que notre réputation et notre dignité soient mises en cause ou que l’on nous incombe injustement et à tort l’assassinat du martyre Rafic Hariri, même de par le doute.

Dans ce cas, nous déciderons ce que nous aurons à faire...

16 janvier 2011 - Al-Manar


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.