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Mes conseils à l’Egypte

vendredi 14 janvier 2011 - 07h:06

Khalid Amayreh

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L’attentat de la nouvelle année à Alexandrie, qui a tué 25 personnes innocentes pratiquement toutes des coptes a choqué l’Égypte et le monde arabe.

Il a provoqué la colère, aussi bien des chrétiens que des musulmans, les criminels ayant traversé un Rubicon de terrorisme que beaucoup - moi y compris - n’auraient jamais cru possible.

Il est sans doute trop tôt pour indiquer les auteurs bien que, selon certains indices, l’attentat aurait pu être l’oeuvre d’ Al-Qaïda effectivement capable de commettre l’impensable. Toutefois, il est absolument vital que toute lutte contre le terrorisme aille au-delà de la simple identification et de la punition des responsables si on veut qu’elle soit véritablement efficace. Dans cette affaire, les seules mesures sécuritaires ne suffiraient pas. L’Égypte doit tout mettre en oeuvre pour éliminer l’environnement propice au terrorisme et non pas se contenter d’ éliminer les actes de terrorisme eux-mêmes.

Il faudrait à cette fin des actions aux plans religieux, culturel et politique ainsi que dans le domaine de la sécurité. À elle seule, la force ne peut pas amener la paix et la sécurité dans quelque État que ce soit. Même des pays qui n’ont pas les problèmes sociaux politiques et économiques complexes de l’Égypte ne sont à l’abri d’actes terroristes.

Les organisations officielles pourraient être tentées par des mesures précipitées à court terme afin d’apaiser l’opinion publique, mais ces réactions au mieux futiles, déclencheraient d’autres actes terroristes et d’autres bains de sang.

Je conseillerais au gouvernement égyptien d’adopter des moyens rationnels pour déraciner l’extrémisme religieux, spécialement celui de groupes endoctrinés dans les idéologies de type Al-Qaïda. L’expérience a montré que la solution la plus efficace est d’encourager des groupes islamiques modérés, tels que les Frères musulmans, à diffuser le véritable message de l’islam, message de modération prônant une société civile dynamique et égalitaire qui ne tienne compte ni de la religion ni de l’ethnicité. Ce n’est un secret pour personne que les autorités égyptiennes ont mené une répression impitoyable contre les Frères musulmans pour des raisons qui peuvent être considérées comme insignifiantes. Des membres de cette organisation ont été pourchassés, arrêtés et passés à tabac ; leurs entreprises et leurs biens personnels ont été saccagés et confisqués rappelant des pratiques médiévales.

Il n’est donc pas du tout impossible que de jeunes musulmans impressionnables, frustrés par les inégalités de la société égyptienne, estiment que la modération ne paye pas et que la seule manière d’obtenir un véritable changement passe par le recours à la violence et à la terreur. Dans la bande de Gaza, les imams des Frères musulmans ont réussi à contrer les idées d’ Al-Qaïda en montrant aux éléments égarés que celles-ci étaient incompatibles avec le véritable islam. Heureusement, beaucoup de personnes ont maintenant pris leurs distances par rapport aux vues extrémistes d’Al-Qaïda.

Certains pourraient croire qu’il suffirait de déployer des maîtres de l’Université Al-Azhar du Caire aux premières lignes de la confrontation idéologique avec Al-Qaïda pour ramener les extrémistes à la raison et les sauver de l’hérésie. Néanmoins, même si les savants d’Al-Azhar étaient les meilleurs docteurs et les plus érudits en matière de religion, ils seraient toujours considérés comme des agents du régime égyptien suscitant par conséquent la méfiance et le rejet. Ces oulémas seraient ignorés même s’ils présentaient les preuves les plus convaincantes tirées du Coran et de la Sunna du prophète, que la paix soit sur lui. Je suis certain que les autorités égyptiennes ne le savent que trop bien, mais il est devenu tabou pour le gouvernement de reconnaître ses propres échecs et il risque donc d’utiliser les mêmes vieilles méthodes inévitablement vouées à l’échec.

Je comprends qu’il pourrait être embarrassant pour le gouvernement égyptien de demander aux Frères musulmans de l’aider à éradiquer l’extrémisme religieux. Toutefois, le maintien de la paix civile et la protection du peuple égyptien devraient l’emporter sur toutes les autres considérations. Bref, le gouvernement égyptien devrait emprunter n’importe quelle voie et prendre n’importe quel risque pour protéger le peuple égyptien contre les terroristes. En outre, le gouvernement ne doit pas donner l’impression de favoriser une partie de la société par rapport à une autre ce qui soulèverait un véritable tollé dans de nombreux milieux.

Par conséquent, le gouvernement égyptien lui-même doit faire preuve de retenue et résister à toute tentation de viser des groupes innocents simplement parce que cela semble profitable du point de vue politique. Ce faisant, il ne ferait que susciter plus de colère et préparer encore plus de problèmes pour l’avenir.

Nous savons que l’Égypte a un réservoir énorme d’hommes et de femmes sensés capables d’isoler et de liquider le spectre du terrorisme. Les autorités égyptiennes devraient donc tenir des consultations franches avec les meilleurs cerveaux du pays sur la question du terrorisme en y faisant participer jusqu’aux éléments de l’opposition la plus antigouvernmentale.

Le gouvernement doit être aussi proche que possible du peuple qu’il gouverne. Il faut encourager des relations de confiance mutuelle. Dans de telles circonstances ce seraient pratiquement tous les membres de la société qui se transformeraient en agents de renseignement volontaires. En revanche, si les gens ordinaires continuent à être traités comme des sujets plutôt que comme des citoyens et que l’on laisse leurs vrais griefs fermenter , les conséquences peuvent en être désastreuses.

Enfin, l’Égypte devrait rester sur ses gardes en ce qui concerne Israël et ses machinations. « Al-Qaïda » est un bouc émissaire pratique qui détourne les enquêtes sur les actes terroristes perpétrés par d’autres agents potentiels, notamment le Mossad israélien, qui ne se gênera pas pour lancer des attaques comme celle de l’église d’Alexandrie afin de fomenter des troubles civils en Égypte. Les services d’information égyptiens savent de longue date comment le Mossad opère. Il ne faut jamais laisser aux Israéliens le bénéfice du doute.

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10 janvier 2011 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.shoah.org.uk/2011/01/11/...
Traduction : Anne-Marie Goossens


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