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Elections : Un contrôle au gré des intérêts politiques

mercredi 1er décembre 2010 - 08h:41

Aliaa Al-Korachi - Al-Ahram/hebdo

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Surveiller les élections au Proche-Orient pour en garantir la transparence est une exigence occidentale, notamment de Washington ... qui agit souvent selon ses propres calculs.

«  C’est un étalon d’or régional pour effectuer des élections libres et transparentes », c’est en ces termes que l’Institut de Washington s’est félicité des élections parlementaires jordaniennes du 9 novembre dernier. « Le roi et le gouvernement ne se sont pas interférés dans le scrutin », titrent de nombreux journaux internationaux. Suivre le modèle jordanien lors d’élections devient aujourd’hui un appel international.

En fait, les élections jordaniennes se sont déroulées sous une haute surveillance internationale sans précédent. 3000 observateurs arabes et 250 internationaux ont été répartis dans les circonscriptions. Ouvrir les portes ou non aux observateurs étrangers était un long débat qui a fortement animé la Jordanie. Les déclarations officielles du Royaume hachémite, jusqu’à un mois avant ces élections, rejettent totalement une telle surveillance. « On refuse un contrôle international, les élections sont une affaire de souveraineté... Selon la Constitution, il est interdit à n’importe quelle partie de surveiller le processus électoral », répétait-on. Selon la loi électorale jordanienne, il revient seulement aux candidats et à leurs adjoints de surveiller les élections. Même la société civile a été mise à l’écart.

Ce refus d’une surveillance étrangères avait été jugé définitif durant les élections de 2007. Ces élections qui ont été accusées d’être une large affaire de fraude et qui ont été dénoncées par tous les médias internationaux et locaux.

Mais cette fois, la Jordanie s’est trouvée face à une forte pression internationale à laquelle elle a cédé. La justification officielle de cette autorisation était autour du terme même de contrôle ou surveillance. Le gouvernement jordanien a déclaré avoir permis seulement une « observation » des élections et non une « surveillance » par des institutions locales et internationales. Mais cette présence n’a pas empêché les incidents violents et le faible taux de participation évalué à 53 %. Des faits qui ont été passés sous silence dans les médias internationaux, qui se sont concentrés seulement dans leurs articles sur l’éloge de l’approbation jordanienne d’accepter la surveillance étrangère.

Bahreïn est un exemple contraire à la Jordanie, celui d’un pays qui a refusé bec et ongles la surveillance étrangère, qu’elle soit arabe ou internationale. Cela a été le sujet d’un long débat qui a précédé les élections parlementaires bahreïnies d’octobre dernier et qui s’est terminé par un retentissant « Non ». Les responsables du pays ont justifié ce refus par le fait que les élections allaient se dérouler sous contrôle et avec des garanties de transparence. Les urnes transparentes, des cartes électorales électroniques, l’interdiction de l’utilisation des portables lors du scrutin ... telles étaient les mesures prises.

Ce refus a fait de Bahreïn la cible d’une vaste campagne de contestation dans les milieux internationaux, avec l’accusation que les élections se sont déroulées au milieu d’une répression sans précédent. « Ce à quoi nous assistons à Bahreïn ces jours-ci, c’est le retour à l’autoritarisme pur et dur. Le gouvernement s’est emparé d’associations et a fermé des médias qu’il n’aime pas afin de réduire au silence les critiques », déclare Human Rights Watch, qui presse l’administration Obama à dénoncer publiquement les violations qui se déroulent à Bahreïn, un proche allié.

Des critiques qui vont bon train, bien que personne n’assure qu’il y a eu de fraude durant les élections. Pas d’incidents de bourrage des urnes. Mais selon les opposants, le pouvoir dispose de moyens de pression pour faire élire ou non un candidat et intimider les électeurs.

Et « la vision réformatrice bahreïnie » avait été vantée après les élections de 2001 avec la victoire d’une femme non voilée, libérale de gauche, et cet Emirat a été qualifié de « c ?ur vibrant de la démocratie au Moyen-Orient », comme l’avait fait en son temps Bill Clinton. Aujourd’hui, Bahreïn ne conserve plus cette place. La couverture médiatique internationale des élections pointe du doigt les discriminations économiques à l’égard des chiites et le découpage des circonscriptions.

Mais d’autres exemples viennent démontrer que cette notion de transparence est négligée quand elle mène à des élections consacrant la victoire des partis que rejette Washington. L’Algérie en a été le premier exemple. En 1991, lorsque le Front Islamique du Salut (FIS) a remporté une écrasante majorité, Washington a par la suite encouragé le coup d’Etat.

Sans oublier la Palestine, quand le peuple a dans sa majorité voté démocratiquement pour le Hamas, également sous haute surveillance internationale. Mais le résultat n’avait pas plu à Washington. Les Palestiniens ont été par la suite sanctionnés collectivement pour ce résultat. S’ensuivirent des blocages accompagnés de sanctions et un processus de paix en panne.

Du même auteur :

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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 1er au 7 décembre 2010, numéro 847 - Dossier


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