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Film Palestinien : « All That Remains » (Tout ce qui reste)

vendredi 2 mars 2007 - 05h:45

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Le problème oublié du droit à la terre des Bédouins

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Nada El-Yassir

La directrice palestinienne Nada El-Yassir a gagné le deuxième prix Shashat du Festival de Film de Femmes en Palestine pour son film intitulé « All That Remains ».

« All That Remains » explore la lutte des Bédouins du Néguev, une section unique de la société palestinienne. Leur lutte pour la reconnaissance de leur droit indigène à la terre contre la toile de fond de la politique israélienne qui veut les dépouiller de leurs terres et de leur manière de vivre.

« L’idée a débuté par un appel téléphonique de l’Institut I’lam qui est une institution arabe en Israël spécialisé dans la surveillance des media israéliens » raconte El-Yassir. « Ils m’ont suggéré de faire un film sur les Bédouins du Néguev ».

« Malgré mon manque d’information autour de cette question, j’étais excitée à l’idée de l’aborder de près et d’approfondir ce sujet. J’ai fait plusieurs voyages exploratoires pour examiner la région, y bâtir des connexions avec certaines des figures principales et y rencontrer des gens représentant différents secteurs de la société du Néguev » dit-elle.

« J’ai rapidement découvert à quel point le Néguev était ignoré* non seulement par les Israéliens mais aussi par les Palestiniens à l’intérieur de la Ligne Verte, la Cisjordanie et par la Bande de Gaza » raconte El-Yassir. « J’ai aussi découvert que les Bédouins avaient leur propre manière de vivre qui diffère de celle des autres Palestiniens. Ils ont toute une culture reliée à la terre et à la nature. Ils sont extrêmement fiers de leur identité malgré toutes les tentatives des Israéliens pour la détruire. Ils divergent également des autres Palestiniens en Israël qui ont été dépouillés de leur identité par des attaques continues et vicieuses visant à les « isréaliser ». Dans le Néguev, vous vous apercevez qu’ils sont solidaires des autres Palestiniens où qu’ils soient alors que personne ne montre de solidarité envers eux ».

Yassir a dû faire face à plusieurs difficultés pendant le tournage du film en commençant par sa méconnaissance de la région et à cause du refus d’Abu Aziz de permettre qu’une camera vidéo le suive pendant trois jours. Abu Aziz est le personnage principal du film qui dépeint la vie dans le Néguev à travers sa propre expérience. Son refus était dû aux questions sociales qu’El- Yassir a réussi à surmonter, comme celle d’une étrangère rencontrant un homme.
« Malgré le fait que le film n’a pas été dirigé comme je l’avais prévu, cela ne lui enlève pas de son importance » dit-elle. « C’est vital car les films parlant de la souffrance des habitants du Néguev sont rares. Je rêve d’un film qui parlerait d’Abu Aziz et de sa famille. J’espère qu’un jour je réussirai à le convaincre de le faire ».

Yassir a quitté il y a quelques années le domaine de la neurophysiologie pour le cinéma, après que son professeur de cours graphique l’ait complimenté sur sa capacité de vision cinématographique. Elle a vécu une grande partie de sa vie hors de Palestine avant de retourner à Nazareth en 2000. « J’ai senti que j’avais quelque chose à offrir au cinéma » dit-elle. « J’ai toujours été passionnée par des films difficiles. J’ai particulièrement aimé les cinémas allemands, suédois et français et j’ai détesté les hollywoodiens ».

Elle travaille actuellement sur huit films. Elle admet qu’elle a un faible pour la fiction parce que celle-ci offre un espace plus large pour l’expérimentation. « Je suis encore un amateur en ce qui concerne les documentaires » dit-elle. « J’ai encore des difficulté à les diriger surtout quand les choses ne vont pas comme prévu ».

Yassir admet qu’elle a un parti-pris pour les questions d’identité dans la plupart de ses films. « J’ai résolu ce problème pour moi-même dans ma jeunesse. Autrement je ne serais pas retourné à Nazareth. J’ai toujours eu un point faible pour la personne humaine dont la clé principale est son identité ».

Yassir aspire à diriger des films sur les problèmes des femmes dans la société palestinienne. Elle insiste sur la sensibilité des femmes quand on discute avec elles de leurs problèmes dans ses films. Néanmoins Yassir préfère ne pas limiter le concept de film sur les femmes aux films faits seulement par les femmes.

Elle insiste sur la nécessité de soutenir les points de vue des femmes qui sont marginalisées dans la société. Elle dit que « l’angle pour capturer l’image et le mouvement de la caméra peuvent vous dire si le réalisateur est un homme ou une femme ».

Quant aux questions des femmes sur lesquelles qu’elle aimerait se concentrer, El-Yassir dit qu’il ya beaucoup de sujets intéressants. « Il y a par exemple les motifs derrière l’enrôlement des femmes dans la résistance armée, sur l’imposition du voile, les actions armées controversées et la protection des enfants. Tout cela pourrait être dépeint à travers des histoires personnelles. Je travaille aussi actuellement sur un film autour des femmes à Nazareth surtout des femmes d’âge mûr que la société néglige. A travers ce film, j’essaye de pénétrer dans leurs mondes intérieurs ».

El-Yassir confirme que le fait de s’occuper de sa famille et les difficultés financières l’empêche actuellement de travailler sur un film de fiction long métrage. Elle insiste sur la nécessité de trouver des sources financières arabes et palestiniennes. Elle fait aussi l’éloge de plusieurs expériences de films palestiniens que ce soit dans le domaine du documentaire ou celui de la fiction.

*Note du traducteur.

Contrairement à ce qui est dit dans l’article, il existe une organisation israélo-arabe très impliquée auprès des Bédouins dans le Néguev :
Dukium : http://dukium.org/modules.php?name=...

Des habitants arabes et juifs du Néguev ont créé en 1997 Dukium : le “Negev Coexistence Forum for Civil Equality”. Son but est de donner un cadre aux efforts de collaboration entre juifs et arabes, de lutter pour une égalité civile et l’avancement de la tolérance et la coexistence mutuelle. Le Forum comprend un noyau de 30 activistes volontaires, juifs et arabes, qui donnent leur temps et leurs efforts chaque semaine à cette mission. En plus de ce noyau, environ 200 personnes se joignent à divers activités (plantation d’arbres, reconstruction de maisons, expositions, etc.) et sont tenus régulièrement au courant des activités du Forum.

Parmi les membres du Forum, se trouvent des dirigeants de la communauté arabe du Néguev et des universitaires. Le Forum est unique étant donné qu’il est la seule organisation arabe et juive établie dans le Néguev et qu’il reste concentré sur les problèmes spécifiques de la population du Néguev.

Le « Negev Coexistence Forum » estime qu’Israël est responsable du refus d’accorder les pleins droits civils aux Arabes du Néguev. En conséquence, une des missions du Forum est de faire avancer la question des droits civils et l’égalité dans le Néguev. Toutes les activités et les projets se basent sur le principe d’une coopération entre Juifs et Arabes.

28 février 2007 - Palestine Times
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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