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Quand des évêques montrent la voie à Mahmoud Abbas

lundi 25 octobre 2010 - 10h:28

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Pour être conséquente avec les résolutions émises en son nom sur le sujet, la communauté internationale ne pourrait en effet se limiter à en quémander à l’Etat hébreu son simple gel, mais son démantèlement total au principe qu’elle bafoue le droit et la légalité internationale.

Les évêques ayant participé aux travaux du synode pour le Moyen-Orient réuni à Rome par le pape Benoît XVI ont, dans un communiqué rend public samedi à l’issue de leurs rencontres, demandé « qu’il soit mis fin à l’occupation israélienne des différents territoires arabes » et fait valoir que « l’Etat hébreu ne pouvait pas s’appuyer sur la Bible pour une politique de colonisation ».

Les évêques auteurs du communiqué déclarent par ailleurs que « les citoyens du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, et particulièrement l’ONU, pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région ».

Ce à quoi le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a réagi en faisant savoir que les Palestiniens « joignent leur voix à celle du synode dans son appel à la communauté internationale pour appuyer les valeurs universelles de la liberté, de la dignité et de la justice ».

Cette convergence de prise de position entre le synode pour le Moyen-Orient et les représentants du peuple palestinien n’a pas été au goût des autorités israéliennes qui, par le truchement du Premier ministre Benyamin Netanyahu, ont aussitôt répliqué en mettant en garde l’Autorité palestinienne contre «  tout recours à des instances internationales - en allusion à l’ONU - dans le cas où les négociations ne devaient pas reprendre ».

Il apparaît clairement qu’Israël appréhende avec inquiétude une démarche palestinienne dans ce sens, qui sortirait alors le processus de paix de la voie stérile des négociations directes par l’implication de la communauté internationale à la recherche d’une solution.

Pour conjurer cette perspective, Netanyahu se tourne vers l’allié américain, à qui il va demander de rejeter l’appel du synode et de faire pression sur les Palestiniens en vue de les dissuader de recourir aux instances internationales. Outre qu’il a assuré « avoir des contacts intensifs avec l’administration américaine pour faire redémarrer les négociations », le Premier ministre israélien a fait part de son souhait de rencontrer « le président américain Barak Obama dans deux semaines ».

Les autorités israéliennes feront feu de tout bois pour empêcher que le processus de paix soit dévolu aux instances internationales, l’ONU principalement. Pour la raison qu’elles savent que dans ces enceintes, c’est l’Etat hébreu qui est perçu comme étant responsable de l’impasse dans laquelle ce processus se trouve.

Contrairement aux Etats-Unis qui, en tant que médiateurs entre Palestiniens et Israéliens, s’alignent sur les exigences de ces derniers, il n’en sera plus de même si la communauté internationale se saisit du dossier. Notamment sur la question de la colonisation par Israël dans les territoires occupés.

Pour être conséquente avec les résolutions émises en son nom sur le sujet, la communauté internationale ne pourrait en effet se limiter à en quémander à l’Etat hébreu son simple gel, mais son démantèlement total au principe qu’elle bafoue le droit et la légalité internationale.

La balle, comme toujours, est dans le camp américain qui, tout en déclarant travailler à la paix entre Palestiniens et Israéliens, ferme les yeux systématiquement sur les obstacles que ces derniers mettent au processus qui devrait y conduire. Une attitude qui désespère même les acteurs palestiniens et arabes, qui ont tout misé sur la seule intervention américaine dans le dossier palestino-israélien. Il en va ainsi pour Mahmoud Abbas qui, ayant basé toute sa politique à l’égard d’Israël sur un arbitrage équitable par Washington, a finalement compris que sa confiance en celle-ci est mal payée en retour.

Le recours aux instances internationales est son ultime atout. Acceptera-t-il de s’en dessaisir parce qu’Israël a forcé le ton ou que Barack Obama lui en fait l’exigence ?

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24 octobre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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