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S’évader en dansant la Dabka...

vendredi 30 juillet 2010 - 09h:02

Karl Schembri - BabelMed

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Ahmed ne se sent vraiment bien que lorsqu’il danse la Dabka, la danse palestinienne traditionnelle, qui est à la fois pour lui un foyer de résistance et un moyen de s’évader. « C’est ce que je préfère dans la vie, c’est la seule chose qui peut me faire voler. J’oublie tout et je danse, simplement. »

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Danseurs de Dabka - danse palestinienne traditionnelle

« C’est notre culture, et dans mon village de Beit Hanoun, tout le monde danse la Dabka. On commence donc à la danser dès notre plus tendre enfance. Ça a commencé à devenir quelque chose de très important dans ma vie après le lycée. Il y avait une association appelée Holom, ce qui signifie "rêve". C’était une école d’été et il y avait de nombreuses activités entre lesquelles on pouvait choisir, et ma préférence est allée à la Dabka. Je progressais et j’apprenais de plus en plus, et c’est alors que j’ai décidé de continuer.

« J’ai rejoint d’autres associations et je suis devenu l’un des formateurs. On avait de nombreuses possibilités d’aller danser à l’étranger, mais à cause de la fermeture des frontières, ça ne s’est pas fait. Parfois, je peux passer genre trois heures par jour à danser, à entraîner les autres, et à participer à des compétitions. Je suis très connu dans mon village pour la Dabka. Le truc avec la Dabka, c’est qu’au début, ça te donne le sentiment de te battre. Tu préserves ta culture, quelque chose que tes arrière-grands-parents ont commencé les premiers il y a des années et des années. C’est une manière de permettre à cette culture de survivre et de se perpétuer. Donc quand j’entraîne les autres, c’est un moyen de m’assurer qu’elle ne disparaîtra jamais.

« En même temps, c’est comme si c’était quelque chose qui me fait tout oublier. J’ai eu plein d’événements tristes dans ma vie, mais quand j’entends la musique, c’est comme si je volais, et à chaque fois, ça va mieux. C’est quelque chose de très particulier dans ma vie, et ça le restera toujours. Une chose que je pense faire quand j’irai aux Etats-Unis, c’est d’ouvrir un endroit pour enseigner la Dabka, pour les Arabes, pour les étrangers, pour tout le monde. Et un jour, ce sera la plus grande école de Dabka des Etats-Unis, insh’allah »

Malgré toutes les épreuves qu’il a traversées, Ahmed reste un battant, qui ne renonce pas. Il sait qu’il est le seul à pouvoir améliorer de quelque façon sa propre position, même si ca veut dire lutter à contre-courant et empêcher la lueur de l’espoir de s’éteindre.

« Je n’abandonne pas, je n’abandonne jamais. Chaque fois que je trouve une porte fermée, j’en cherche une autre. Je ne vais pas passer ma vie entière dans ma chambre. Personne ne va s’occuper de moi, parce que tout le monde a ses propres souffrances et sa propre douleur, et tout le monde croit que sa douleur est la pire de toutes.

« Si je me marie et que je reste ici, je ne serai pas prêt... Je n’ai même pas de travail stable actuellement, donc comment diable je pourrais être à la tête d’une famille ? J’ai encore beaucoup à apprendre et à étudier, et tellement d’endroits à visiter à l’étranger. »


Voir aussi :

- Une vie en quête de sécurité
- Une étroite bande de terre, paralysée par le blocus
- Survivre sous les décombres

BabelMed - Traduction de l’anglais Marie Bossaert (2010)


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