Des militants de la Flottille pour Gaza affirment que des soldats israéliens ont utilisé leurs cartes de crédit volées lors de l’agression.

L’un des navires saisis par Israël lors de son agression contre la Flottille d’aide humanitaire
au large de Gaza, dans les eaux internationales.
Photo : Jim Hollander/EPA

L’abordage...

(Photo Marcello Faraggi)

Des soldats ayant participé au raid meurtrier contre la Flottille ont confisqué des cartes de crédit et les ont utilisées, affirment des militants humanitaires qui étaient à bord.

Les troupes israéliennes sont accusées d’avoir volé des militants arrêtés lors de l’assaut contre la Flottille pour Gaza, après leur avoir confisqué leurs cartes de crédit, les ayant utilisées par la suite.

Dans son opération du 31 mai, l’armée israélienne s’est emparée des navires de la Flottille, ainsi que de l’argent et des produits destinés à secourir les Palestiniens enfermés dans Gaza ; la majeure partie de ces produits et de cet argent n’a pas encore été rendue. L’armée s’est emparée également de la plupart des biens personnels des militants lors de leur détention.

Des soldats - à titre personnel - semblent avoir utilisé des cartes de crédits confisquées pour faire des achats, notamment des accessoires iPod, et avoir utilisé des téléphones portables saisis sur les militants.

Ebrahim Musaji, 23 ans, de Gloucester (Angleterre), a reçu un relevé bancaire qui prouve que sa carte de crédit a été utilisée dans un distributeur automatique israélien pour un achat de 82 pence le 9 juin. Elle a été ensuite utilisée sur un site néerlandais (http://thisipod.com) deux fois le 10 juin, une fois pour un montant de £42.42 et une autre pour £37.83.

Et une militante californienne, Kathy Sheetz, allègue qu’elle été débitée pour plus de £1,000 en diverses opérations sur des distributeurs automatiques en Israël depuis le 6 juin.

Mumsaji et Sheetz étaient sur des navires séparés : l’un sur le Mavi Marmara, sur lequel 9 militants turcs ont été tués, l’autre sur le Challenger 1. Les deux militants ne sont entrés en Israël qu’une fois arrêtés, et ont été gardés en détention tout le temps qu’ils sont restés sur le sol israélien.

« A l’évidence, ils ont pris ma carte et l’ont utilisée », dit Musaji au Guardian.

« Quand ils prennent des choses comme les vidéos et les cartes de crédit des gens, et s’en servent, et de leurs téléphones portables, ça devient un peu une farce.

« Nous avons été pris en otage, nous avons été attaqués, et maintenant il y a vol. Si la police confisque ce que vous avez au Royaume-Uni, elle ne va pas s’en servir et croire qu’elle va s’en tirer. »

Musaji a mis opposition à sa carte le 7 juin, le lendemain de son retour en Grande-Bretagne où il travaille comme soutien à des adultes en difficultés scolaires. Sa banque a accepté de traiter les opérations frauduleuses et il n’en sera pas débité. Son téléphone portable a également été utilisé pour deux appels en Israël après qu’on lui ait confisqué.

Un autre militant américain, David Schermerhorn, 80 ans, de l’Etat de Washington, soutient que son iPhone a été utilisé ; pendant que Manolo Luppichini, journaliste italien, affirme que sa carte a été débitée pour un montant de 54 ? après qu’elle ait été saisie.

Selon les militants, Israël aurait toujours en sa possession au moins un million de livres anglaises en marchandises et argent, comprenant des aides humanitaires et des biens individuels, dont des ordinateurs portables et des caméras.

Certains passeports, dont trois appartiennent à des citoyens britanniques, n’ont toujours pas été rendus. Jeudi, des délégations de 12 pays, notamment le Royaume-Uni, ont tenu des réunions avec leurs gouvernements respectifs pour que ceux-ci exercent des pressions sur les Israéliens afin qu’ils restituent tous les biens saisis.

Une porte-parole de l’ambassade israélienne à Londres a conseillé à Musaji de déposer plainte officiellement.

« Nous considérons toute inconduite telle que celle alléguée par Mr Musaji comme totalement inacceptable et intolérable, et nous proposons d’attendre jusqu’à ce que cette question en litige soit éclaircie, » a-t-elle dit. « Cela s’est déjà produit, un soldat israélien avait été reconnu coupable d’usage illégal d’une carte de crédit pour lequel il avait été inculpé et il a été condamné à sept mois d’emprisonnement. »

Haroon Siddique est journaliste d’informations pour le site du Guardian. Il travaillait auparavant pour l’institution du nord de Londres, Ham&High, et avant d’être journaliste, il était commerçant dans la City.

Voir également :

 Un journaliste italien : ma carte de crédit a été utilisée après m’avoir été confisquée par l’armée israélienne - Dimi Reider

 Zoabi (*)demande une enquête sur le vol d’argent des solidaires par les forces occupantes

* Députée palestinienne à la Knesset qui était à bord du Mavi Marmara.

18 juin 2010 - The Guardian - traduction : JPP