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CHOC : Le film de l’attaque de la Flottille qui a échappé à la censure israélienne

mardi 15 juin 2010 - 06h:27

Iara Lee

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IARA LEE, directrice du réseau « Culture of Resistance » et auteur du film choc témoigne :

La vidéo de IARA LEE est visible à la fin de l’interview, en bas de page...

Cette interview est une traduction de celle que IARA LEE a accordée à l’émission de radio américaine « Democracy Now ! » dont la transcription originale en anglais est disponible ici.(Traduction : Al-har.com).

JUAN GONZALEZ : Plus d’une semaine après l’agression mortelle d’Israël sur la flottille de l’aide humanitaire à Gaza, qui fit neuf morts Turcs, des questions demeurent quant à ce qui s’est exactement passé sur le Marmara Mavi et sur les autres bateaux ce fameux lundi matin fatidique.

Le président Obama a évoqué l’incident lors d’une conférence de presse conjointe avec le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, mercredi dernier. Il a exprimé son soutien à une enquête, je cite, « conforme aux normes internationales » et a déclaré qu’il était, je cite, « dans l’intérêt d’Israël de faire en sorte que tout le monde sache exactement comment cela est arrivé afin que nous ne voyons pas ce genre d’événement se reproduire ». M. Obama a également décrit la situation à Gaza comme « non viable ».

Barack Obama : « Nous avons vu la tragédie de la flottille, et je pense que quelque chose a attiré l’attention du monde entier sur les problèmes en cours à Gaza. Dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies, nous avons été très clairs, en condamnant les actes qui ont conduit à cette crise et nous avons appelé à une enquête complète. Et il est important que nous connaissions tous les faits à ce sujet. Mais ce que nous savons aussi, c’est que la situation à Gaza n’est pas viable. »

AMY GOODMAN : Bien, Israël a refusé d’accepter une enquête internationale, et a également étroitement contrôlé les images de son raid naval sur la flottille, en saisissant la quasi-totalité de l’équipement photographique et vidéo des passagers à bord du navire, Ils ont également bloqué toutes les communications alors qu’ils menaient leur raid sur les navires.

Mais une poignée de gens ont réussi à sortir clandestinement certaines de leurs vidéos, et des photographies. Hier, nous vous avons rapporté que la journaliste australienne du Sydney Morning Herald Kate Geraghty avait réussi à sortir certaines de ses photos. Nous les avons montré, et vous pouvez vous rendre sur notre site en ligne democracynow.org pour les voir.

Aujourd’hui, sur Democracy Now ! en exclusivité mondiale, nous vous apportons un aperçu des premières images jusqu’alors invisibles du Marmara Mavi qui seront officiellement publiées lors d’une conférence aujourd’hui à l’Organisation des Nations Unies. La séquence montre l’ambiance et les activités à bord du Marmara Mavi dans la période qui a précédé l’attaque, et la réaction immédiate des passagers lors de l’attaque, ainsi que d’un certain nombre de passagers blessés, et d’autres qui ont été abattus .

Afin d’en savoir plus, nous avons été rejoints ici à New York par la cinéaste et activiste Iara Lee. Elle dirige le réseau « Culture Of Resistance », et fut l’une des rares Américaines sur le Marmara Mavi. Son matériel a été confisqué lors de l’assaut, mais elle a réussi à sortir clandestinement l’équivalent d’une heure de tournage.

Iara Lee, Bienvenue dans l’émission Democracy Now ! Décrivez-nous ce jour-là...

IARA LEE : Nous étions prêts pour une confrontation, mais nous n’avons jamais pensé que cela allait être aussi violent, une violence disproportionnée. Ainsi, les femmes se préparaient à crier (ndlr : pour protester), et les hommes à être bousculés. Mais quand nous avons vu ces commandos descendant de l’hélicoptère et l’ensemble de ces Zodiacs plein de soldats de la marine venir tout près, à vrai dire, nous n’avions plus de mots.

Cela a commencé à vingt-trois heures. Nous avons remarqué les deux navires de la marine Israélienne.

JUAN GONZALEZ : A vingt-trois heures c’est ça ?

IARA LEE : Ouais, il était vingt-trois heures, et nous étions au milieu des eaux internationales. Et puis, autour de quatre heures du matin, l’assaut a commencé. Et apparemment, leur marque de fabrique, c’est le silence, alors, tout à coup, ils sont venus,

AMY GOODMAN : Pendant que vous parlez, nous allons envoyer quelques etraits de la vidéo. Et pour nos auditeurs à la radio, vous pouvez aller sur notre site Web democracynow.org. Continuez, Iara.

IARA LEE : Alors, les Zodiac nous ont entouré, et les hélicoptères ont fait descendre leurs commandos descendre. C’était le chaos, un chaos total. On demanda aux femmes de descendre plus bas, et de rester calmes et tranquilles. Vous le savez, j’étais très préoccupée par mon caméraman, et mes amis, alors je suis montée. Et au moment où je suis juste montée pour voir ce qui se passait, j’ai déjà vu beaucoup de corps blessés et de morts. C’était terrifiant. Dans la salle de presse, les journalistes ont essayé de se cacher. Mais à la fin de l’opération, nous nous sommes fait confisqué tout notre matériel. Pendant le raid, tous les gens avaient des caméras et des appareils photo, mais malheureusement tout a disparu.

JUAN GONZALEZ : Vous dites que vous êtes montée, ce qui signifie que vous étiez dans un pont inférieur quand l’attaque s’est déroulée, et votre caméraman était sur le pont supérieur ?

IARA LEE : Oui. Tout le monde bougeait,, et tout le monde avait des appareils photo, et leurs caméras vidéo. C’est juste que personne n’a été en mesure de ramener ces images ou ces photos...

AMY GOODMAN : Lorsque vous montrer la vidéo des hélicoptères au-dessus, que nous regardons pendant que nous parlons, on peut entendre ci-dessous le bruit d’une explosion. Que se passait-il ?

IARA LEE : Je ne peux pas vous donner toutes les informations techniques sur ce qu’est le bruit d’une balle en caoutchouc, ou ce qui est, vous le savez, celui des munitions réelles. Mais évidemment, ils sont venus avec des munitions réelles. Et d’ailleurs, quelques minutes après l’assaut, nous avons entendu le mégaphone dans nos chambres, dans chaque chambre sur le navire, qui disait : « Restez calmes et tranquilles. Ils utilisent des balles réelles. Il n’est pas possible pour nous de résister. Ils ont pris les commandes du navire. Rester calme et surtout, ne résistez pas ». Vous savez, pour les autres bateaux, ils ont utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, et ils n’ont pas tué les gens. Mais dans notre bateau, ils sont venus pour tuer.

JUAN GONZALEZ : A propos de ces explosions, plusieurs personnes nous ont dit, que les explosions se sont produites, et même des coups de feu, avant que tout soldat ait atterri sur le bateau. Est-ce que ce sont des souvenirs confus,ou en êtes-vous sûre ?

IARA LEE : Nous n’avions pas d’armes. Et, vous le savez, les hommes prenaient tout ce qu’ils pouvaient se procurer, comme des manches à balai, etc. Et c’était justement tout à fait disproportionné. Et les premiers blessés et les morts sont arrivés très rapidement. Vous savez, vous pouvez voir ici la vidéo. Ils ont réussi à s’emparer de quelques soldats israéliens, mais évidemment, nous étions tellement endoctrinés à la non-violence comme méthodologie que nous n’avons pas tué l’un des soldats Israéliens. En fait, quand ils se sont blessés et commotionnés, ils ont réellement été bien traités par nos passagers. Et le porte-voix ne cessait de répéter : « Nous sommes des civils. Ne n’utilisez pas la violence. Et nous avons des blessés. Nous avons besoin d’aide médicale, » parce que nous n’étions pas préparés à prendre médicalement en charge ce genre de personnes blessés mortellement. Mais nous avons été ignorés, et beaucoup de personnes qui ont été blessées ont effectivement fini par saigner ont fini par mourir.

AMY GOODMAN : Décrivez-nous cela, parce que c’est ce qu’il y a dans le film, et que le récit a été aménagé au cours des jours... même si l’armée israélienne a tout cela en sa possession. Ces images que vous avez montre qu’on les tirait l’un après l’autre dehors, et que l’on tentait de les soigner. Décrivez-nous les blessures que vous avez vu.

IARA LEE : Comme je l’ai dit, je n’ai fait que monter et descendre, en essayant simplement d’avoir un aperçu et en vous m’assurant qu’une partie des gens que je connaissais étaient OK. Mais, vous savez, c’était très chaotique. Je sais juste que, quand ils nous appellent « un bateau de haine », c’est fou, car il est évident que nous étions là pour apporter une aide humanitaire à Gaza, et que ce sont eux en utilisant des balles réelles qui étaient remplis de haine. Au point que l’autopsie, montre que certaines personnes décédées, avaient reçu près de trente balles. Alors, peut-on dire que la marine israélienne et les commandos sont juste venus jouer à la balle avec nous ? Non, ils sont venus pour tuer. Ils voulaient s’emparer du navire. Et nous étions en réalité en fuite, car nous ne voulions pas de ce genre de confrontation lourde. Mais ils sont venus au milieu des eaux internationales pour nous maîtriser.

AMY GOODMAN : Nous montrons quelques séquences maintenant, que je veux décrire pour nos auditeurs de la radio, d’un homme blessé. Il est à terre. Il a été blessé à la poitrine, et ils essaient de le soigner sur le sol du navire. Écoutons cela... Qu’est-ce que c’était ?

(Dans le reportage) Une Femme non identifiée : « Tous les passagers sont assis ! »

AMY GOODMAN : Et maintenant, nous voyons une femme qui parle.

La Femme non identifiée : « Nous ne sommes pas [inaudible]. Nous sommes des civils prenant soin de blessés ! N’usez pas de la violence ! Nous avons besoin d’aide pour ces gens ! N’utilisez pas la violence contre des civils ! »

AMY GOODMAN : La femme dit : « N’utilisez pas la violence contre des civils. Les gens sont assis. Nous avons beaucoup de blessés. S’il vous plaît n’attaquez pas » Et c’est la séquence vidéo.

IARA LEE : Oui, je pense que l’erreur de calcul a été que les Israéliens ont pensé, que grâce à leur système de brouillage par satellite, le monde n’aurait pas accès à l’information. Mais ils ne savaient pas que nous avions un système de sauvegarde qui a été en mesure de retransmettre en direct certains événements. Et, évidemment, il faisait noir dans le milieu de l’océan,. Alors ils pensaient avoir pris toutes les précautions pour qu’aucune information ne sorte. Ils voulaient être les seuls à détenir l’information. Mais nous étions des centaines de personnes à filmer et à prendre des photos, même certains d’entre nous n’ont pas réussi à ramener, comme vous le savez, des photographies et des séquences vidéo. Aujourd’hui, nous montrons les premières, des images non censurées, et tout le monde peut prendre la mesure de ce qui s’est réellement passé. Et nous allons les rendre disponibles au monde entier, pour les enquêtes.

JUAN GONZALEZ : Une chose intéressante, dans la vidéo que vous montrez ici, de toute évidence, à l’extérieur, il fait très sombre, et sans une lumière, il est difficile de comprendre ce qui se passe. Mais dans les images que les Israéliens ont posté sur YouTube, il semblait qu’il faisait jour. Pourriez-vous nous dire comment ils ont réussi à faire cela ? Parce qu’il semblait que l’action se déroulait dans le milieu de la journée, et non pas, comme il a été dit, à quatre heure du matin.

IARA LEE : Ouais, c’est la technologie. Mais Je pense que lorsque les gens vont commencer à utiliser nos images pour des enquêtes, ils seront toujours en mesure d’éclairer et d’analyser, image par image... Mais il était bien quatre heure du matin, et il faisait nuit.

AMY GOODMAN : Dans une interview dans le New York Times, le Dr Hasan Huseyin Uysal, un médecin turc, dit qu’il a soigné des commandos Israéliens qui ont été capturés et détenus brièvement durant les phases initiales du raid sur le navire contestant le blocus. Et puis les soldats ont été rendus aux commandos israéliens.

IARA LEE : Ce qui prouve essentiellement que nous n’étions pas là pour lyncher quelqu’un, parce que nous avions la possibilité de tuer ou de maltraiter vraiment ces soldats, et que nous ne l’avons pas fait, vous le savez, parce que nous sommes humanitaire. Malgré le chaos, nous savions que nous étions censés rester non-violents.

JUAN GONZALEZ : Une des choses étonnantes pour moi, c’est, étant donné le nombre de personnes qui se trouvaient sur le bateau, l’absence de toute tentative des médias américains, de « reconstruire » ce qui s’est passé, y compris dans cette interview du New York Times. Personne ne donne vraiment de détail sur la façon dont ces gens ont été fusillés. Où étaient-ils au moment où ils ont été fusillés ? Quelles ont été leurs blessures ? Qu’est-ce qui se passait autour d’eux ? Il n’y a vraiment aucune tentative de reconstituer un incident où il y avait des centaines de témoins afin de savoir ce qui s’est réellement passé.

IARA LEE : C’est pourquoi nous exigeons que nos images nous reviennent, car ils ont confisqué tous nos disques durs et nos appareils photos. Nous pourrions reconstituer les événements, si l’on nous rendait nos images, au lieu d’utiliser un mode de manipulation. Ils ont extrait des des choses pour leurs version et les ont mise sur YouTube par leur canal. C’est comme une violation totale du respect envers les médias.

AMY GOODMAN : Hier, nous avons interviewé deux journalistes du Sydney Morning Herald, reporters et photographes : Paul McGeough et Kate Geraghty, et elle a réussi à récupérer quelques-uns de ses disques sur. Ils disent en avoir retrouvé d’autres. Mais les Israéliens ont gardé tout le reste de leur matériel, soit 60 à 80.000 dollars d’équipement et de disques durs. Ils leur ont déclaré à plusieurs reprises que cela leur serait rendu, mais une fois en Turquie, il n’y avait rien. Les gens peuvent aller en ligne et voir ses photos sur notre site.

Il est intéressant, également, de savoir qu’un groupe de hauts officiers de réserve de la marine israélienne, dimanche, dans... je crois...

JUAN GONZALEZ : Dans Ha’aretz.

AMY GOODMAN : Dans Ha’aretz, a « publiquement demandé à Israël de permettre une enquête externe à propos de son raid de commando sur la flottille d’aide humanitaire pour Gaza. » Ils ont écrit une lettre à Netanyahu et au chef des Forces de défense israéliennes. Les officiers de la Marine ont dénoncé le raid de commando comme ayant eut « une fin en tragique à la fois tant pour l’armée qu’au niveau diplomatique. »

Ils ont dit, « Nous sommes en désaccord avec les allégations répandues selon lesquelles ce n’était que le résultat d’une erreur du renseignement. En outre, nous n’acceptons pas les allégations selon lesquelles il s’agirait d’un "échec des relations publiques" et nous pensons que le plan était voué à l’échec dès le début ». « D’abord et avant tout, nous protestons contre le fait que la responsabilité de ces évènements tragiques a été immédiatement mise sur les organisateurs de la flottille. » Ces officiers de la Marine Israélienne exigent une enquête indépendante.

IARA LEE : Ouais, j’ai lu cet article, et je pense que la communauté internationale doit continuer à mettre la pression pour une enquête indépendante, impartiale. Et nous devons tout faire pour que nos films nous reviennent afin de reconstruire ce qui s’est passé. C’est pourquoi le film que je présente est non censurée, il est brut. Ainsi, les gens pourrons les apporter aux juristes internationaux, qui ont besoin d’appliquer le droit international et d’enquêter sur ces crimes.

JUAN GONZALEZ : Je veux lire ici un extrait du Guardian de vendredi en Angleterre, je pense que c’est l’un des rares qui tente effectivement d’expliquer ce qui s’est passé. Et ils confirme que les autorités turques, dans le rapport médico-légal disent que sur les neuf personnes qui sont identifiées à ce jour comme mortes, certaines d’entre-elles ont reçu près de 30 impacts de balles. Cinq ont été tués par balles dans la tête. Et ils disent également quele jeune homme agé de 19 ans Furkan Dogan, qui a également la nationalité américaine, a été abattu de cinq balles tirées à moins de 45 cm dans la tête, ainsi que deux balles dans la jambe et une dans le dos. « A moins de quarante-cinq centimètres », c’est à dire à bout portant, cinq balles. (1)

IARA LEE : Notre responsable principal d’Internet, dans notre salle de presse a également reçu une balle dans la tête. Vous savez, ce n’était pas comme si c’était non-prémédité.

AMY GOODMAN : A-t-il été tué ?

IARA LEE : Non, non. Les seules personnes tuées étaient des turcs, mis à part ce citoyen US (qui avait également la nationalité turque, ndlr).

AMY GOODMAN : Et comment lui ont-ils tiré une balle dans la tête ?

IARA LEE : Je n’ai pas les détails, mais j’ai entendu dire, par le service des médias, qu’il avait été touché.

JUAN GONZALEZ : Le Guardian rapporte également que quarante-huit autres personnes ont subi des blessures par balle et que six militants sont toujours portés disparus.

IARA LEE : Oui.

JUAN GONZALEZ : Avez-vous identifié qui sont les personnes disparues ?

IARA LEE : De toute évidence, nous ne pouvons pas tirer de conclusions hâtives, mais ils ne sont pas blessés, ils n’ont pas été tués. Ils ont disparu. Je ne sais pas. C’est un des points qui doit être étudié. Je veux dire, certains vont même jusqu’à supposer que nous avions des espions, à bord... alors peut-être certaines de ces personnes disparues étaient, vous savez... des agents du Mossad. Nous ne savons pas. Nous avons besoin d’étudier. Ont-ils été jetés hors du bateau ?

AMY GOODMAN : Qu’est-ce qui vous est arrivé après ?

IARA LEE : Tout le mondea été menotté et emmené, essentiellement enlevés dans les eaux internationales jusqu’en Israël. Puis, quand nous sommes arrivés là-bas, ils disaient, « Signez ici, que vous allez être expulsés parce que vous êtes entré illégalement en Israël ». Et nous étions comme, choqués. Nous ne voulions pas aller en Israël. Nous avons été kidnappés dans les eaux internationales et ramenés en Israël. Et nous étions complètement « au secret ».

AMY GOODMAN : Avez-vous accepté de signer ?

IARA LEE : Non, au début, nous n’avons pas signé. Nous n’avons pas répondu aux questions. Je veux dire, la plupart des gens. Pour ma part, je leur ait dit « Écoutez, j’ai besoin de mon ambassade. J’ai besoin d’un avocat. Je ne vais pas à me soumettre à ce genre d’interrogatoire. » Mais nous étions au secret, vous savez ? Et je pense que les ambassades ont exercé beaucoup de pressions. Et puis, deux ou trois jours plus tard, je ne me souviens même, pas parce que tout était tellement chaotique des ambassades ont pu commencer à parler de nous, et nous avons été en mesure de faire un appel téléphonique à notre familles, mais pas tout le monde. Nous avons put joindre nos familles pour dire que nous étions vivants.

AMY GOODMAN : Combien de temps pouviez-vous parler ?

IARA LEE : Hmm ?

AMY GOODMAN : Combien de temps pouviez-vous parler au téléphone ?

IARA LEE : Oh, non, c’était quelque chose comme une minute. Et moi, j’ai dû appeler mon bureau, parce que les gens travaillaient. Et la jeune fille, la fille de sécurité, elle a raccroché en disant : « Je vous ai dit que vous ne pouviez téléphoner que chez vous. ». J’ai dit : « Mais ma s ?ur est au bureau. Je ne peux pas l’appeler à la maison. Elle travaille. » Elle ne m’a alors permis de dire juste deux mots supplémentaires. J’ai dis « Êtes-vous au bureau ? » . Et puis elle a raccroché.

AMY GOODMAN : Où étiez-vous déportés ?

IARA LEE : Le navire a été amené au port d’Ashdod, et apparemment ils avaient déjà organisé, quelques semaines ou quelques mois plus tôt, un établissement pénitentiaire pour nous héberger. C’était une nouvelle installation qui était prête à maintenir des centaines de personnes en détention, des personnes innocentes.

AMY GOODMAN : Donc, vous avez été détenu pendant plusieurs jours. Et puis ensuite, où avez-vous été déportés ?

IARA LEE : A la fin, nous ne savions pas. Nous avons pensé que nous rentrions à domicile. Et quand nous sommes arrivés à l’aéroport de Tel Aviv, ils nous ont dit que nous allions tous à Istanbul. Et puis j’ai découvert que le Premier ministre de Turquie avait envoyé des avions turcs pour évacuer tout le monde. Ce fut un autre drame énorme, parce que le Premier ministre turc a déclaré que nous ne pourrions pas partir avant que tout le monde soit de retour, et en particulier le président de IHH, et les memebres d’IHH, la principale organisation humanitaire. Alors nous nous sommes assis sur la piste d’atterrissage de Tel-Aviv pour de nombreuses heures à l’agonie complète, parce qu’il y avait une sorte de déclaration que s’ils n’ont pas renvoyé le président d’IHH, cela serait considéré comme une déclaration de guerre. Et je pensais, « mon dieu, cela devient de plus en plus surréaliste à chaque minute ». Mais enfin, très tard, je crois que c’était vers le milieu de la nuit, ils expulsèrent le président d’IHH. Nous avons alors décollé et nous avons tous atterri autour de quatre heures du matin à Istanbul.

AMY GOODMAN : Bien, Iara Lee, je tiens à vous remercier d’être avec nous. Quand allez-vous vous rendre à l’ONU ? Aujourd’hui ?

IARA LEE : C’est à 16 heures pour les gens de la presse aux Nations Unies. Pour les autres, en dehors des gens des médias, ils peuvent simplement aller sur notre page Facebook « Culture of resistance » ou sur http://www.culturesofresistance.org pour obtenir plus d’informations.

AMY GOODMAN : Merci beaucoup d’être avec nous, Iara Lee, cinéaste et directrice du réseau « Culture of Resistance » qui rassemble des artistes et activistes du monde entier. Sur le Marmara Mavi, elle a tourné ces images de contrebande que nous avons diffusé aujourd’hui. Et il y a en tout une heure qu’elle publiera plus tard.

Extrait de la vidéo diffusée par IARA LEE aux Nations-Unies :

Voir vidéo sur la source : Al-Ahr.fr

(Le livret que montre l’homme entre 3′ et 3′15 a été trouvé sur l’un des soldats israéliens blessé, il contient les photos de plusieurs personne présentent sur le bateau... l’opération était donc bien préparée de longue date)

L’équipe d’al-har tient à féliciter le réseau « Culture of Resistance » et « Democracy Now ! » pour son travail, et s’excuse par avance des erreurs involontaires ayant put se glisser dans la traduction que nous avons fait avec nos faibles capacités...

(1) Il nous semble utile d’ajouter ici la vidéo de l’exécution sauvage de Furkan Dogan par les soldats sionistes :

Voir vidéo sur la source : Al-Ahr.fr

13 juin 2010 - Al-Ahr.fr


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