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Crucifixion de la gentillesse

dimanche 13 juin 2010 - 06h:20

Gilad Atzmon

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En assimilant l’assassinat du Christ avec le massacre en haute-mer de la semaine dernière, nous pouvons comprendre l’échec total de la machine à bobards de la hasbara israélienne.

Panique en Israël : le ministre des Affaires stratégiques Moshe Boogi Ya’alon, qui assurait la responsabilité de Premier ministre par intérim durant le massacre en haute mer de la semaine dernière, a déclaré hier que « personne n’avait été capable de mettre au point une procédure d’intervention standard ».

Ce à quoi un haut responsable de l’armée israélienne a promptement rétorqué : « S’il n’y avait pas de procédure opérationnelle standard, pourquoi n’a-t-il pas veillé à ce qu’il y en eût une ? Il assumait la responsabilité de Premier ministre, c’était donc à lui qu’il revenait de le faire... »

La criminelle de guerre Tzipi Livni est, elle aussi, mécontente du gouvernement, qui n’a pas assumé ses responsabilités. Voici de cela deux jours, elle a pris l’initiative d’une motion de censure à la Knesset (parlement israélien).

Il semble que les Israéliens commencent à se mettre en cause mutuellement. Cela pourrait sembler une évolution intéressante, toutefois, pas un seul Israélien ne semble prêt à demander pardon. Apparemment, personne, en Israël, ne comprend l’ampleur de l’atrocité perpétrée en haute-mer. Personne, en Israël, n’a pris conscience du niveau de la colère parmi les nations. Les Israéliens sont uniquement préoccupés par leur panne de hasbara (leur bourrage de crâne), par leurs erreurs militaires, etc. Jusqu’à présent, ils sont incapables de voir que ce qu’ils ont réussi à faire, c’est tuer à nouveau le Christ, cette fois-ci en haute mer.

La mise à mort du Christ s’interprète, symboliquement, comme une agression contre la bonté, comme un crime contre la douceur et l’innocence. L’assassinat de sang-froid de militants pacifistes dans les eaux internationales produit un effet très semblable : c’est une agression contre la compassion, contre la droiture et contre l’humanisme ; c’est une attaque contre tout ce que le christianisme et l’Islam respectent au plus haut point.

Autant les Israéliens, les sionistes et les néocons s’entêtent à répandre le mythe fallacieux d’on ne sait trop quelle improbable alliance « judéo-chrétienne », autant c’est ce dernier crime israélien en date qui a rendu évident pour tout le monde le fait que l’Etat juif n’a strictement rien en partage avec l’humanisme, la chrétienté et l’Islam. De fait, Israël est à l’opposé de toutes les valeurs occidentales reconnues.

Même si l’Israélien contemporain n’a aucun lien ethnique ou biologique avec les Israélites de l’antiquité, c’est la même idéologie impitoyable qu’il réitère. Dès lors, le projet sioniste se définit lui-même comme une réincarnation de la nation israélite biblique et nous ne devrions pas être surpris de voir que l’idéologie biblique, cette idéologie mortelle, est elle aussi remise au goût du jour. Elle est pratiquée quotidiennement à l’encontre des femmes, des enfants et des vieillards palestiniens et voici qu’elle vient de l’être, aussi, contre un convoi humanitaire international.

Si nous voulons comprendre ce qui est arrivé au mouvement de solidarité avec les Palestiniens la semaine dernière, nous devrions commencer par tirer les conclusions d’un retournement massif des consciences. Cela transcende la politique, la psychologie et la sociologie ; de fait, il s’agit d’un véritable glissement spirituel et métaphysique. Comme je ne cesse de l’annoncer depuis des années, nous commençons à apercevoir l’Espoir et la Libération à travers les Palestiniens et leur juste combat. Nous comprenons que les Palestiniens sont au front du combat contre le mal. Et nous sommes naturellement derrière eux, unis comme si nous étions une seule et même personne. Chose extrêmement significative : les politiciens sont très loin derrière nous...

Ils sont toujours incapables d’apercevoir la prise de conscience mondiale en train d’émerger très rapidement du fait que quelque chose est profondément vicié dans la société israélienne et dans ses lobbies présents dans le monde entier. Nos hommes politiques nous rejoindront probablement, plus tard... quand leurs financements sionistes commenceront à se tarir.

En assimilant l’assassinat du Christ avec le massacre en haute-mer de la semaine dernière, nous pouvons comprendre l’échec total de la machine à bobards de la hasbara israélienne. Au lieu de se réveiller et de reconnaître que quelque chose a horriblement queuté en Méditerranée, les responsables israéliens ont eu recours aux bobards auxquels ils nous ont habitués. Les militants turcs sont devenus des « haïsseurs de juifs », des « terroristes d’Al-Qaeda » et le Mavi Marmara est devenu, sous leur plume et dans leur bouche, « le bateau de la haine ». Nous ne connaissons malheureusement que trop cette tactique. Elle a été employée par le judaïsme rabbinique deux millénaires durant, en particulier contre la mémoire du Christ.

J’imagine que les chrétiens et les musulmans seront choqués et outrés de découvrir que le nom hébreu de Jésus, Yesh’u (יש"ו), est un acronyme qui correspond à l’expression « Puissent son nom et sa mémoire être effacés » *, une expression utilisée lorsque sont cités les noms d’ennemis décédés du peuple juif, tels qu’Hitler ou Staline.

Dans la culture juive, Jésus, le plus doux de tous les hommes, le fils de Dieu, est considéré comme l’ennemi suprême. Jésus y étant mis dans le même sac qu’Adolf Hitler, il n’est donc nullement étonnant que les spécialistes de la hasbara s’évertuent à mettre les militants de la paix dans le même sac que les membres d’Al-Qaeda. Apparemment, dans la philosophie israélite contemporaine, vous devenez un personnage incarnant (à leurs yeux) la « haine », un Yesh ?u, dès l’instant où vous avez été descendu par une balle israélienne.

La haine judaïque à l’encontre de Jésus, telle que la reflète l’abréviation hébraïque Yesh ?u, est particulièrement révélatrice si on la replace dans le contexte du dernier massacre israélien en date. Plutôt que de reconnaître son crime et que de se repentir sincèrement, Israël a tenté de portraiturer les Martyrs turcs sous les traits d’ennemis suprêmes des juifs. Apparemment, sa tentative a lamentablement échoué. La flottille Free Gaza est en train de se transformer sous nos yeux en un symbole d’espoir et de compassion. Israël, en revanche, s’est enferré.

C’est là une prophétie tragique qui vient de se réaliser.

Israël ne s’en remettra jamais ; c’est tout bonnement impossible.

Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of Americ.

Du même auteur :

- L’idéologie juive et la paix mondiale
- En route pour Athènes
- Bienvenue au club des humoristes juifs !
- L’effet boomerang
- Samson et la 2ème Nakba - Brève étude de l’Hercule juif
- La Judée déclare la guerre à Obama

10 juin 2010 - G. Atzmon - traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier


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